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La farandole des prix : Causes et effets

 

Les prix, combien de fois avons-nous soulevé ce problème ? Depuis des années et surtout depuis que l’offre et la demande (complètement faussées par les spéculateurs) sont devenues un moyen de pression, les choses ne font qu’empirer.

La situation, en effet, est devenue intenable au point que le Chef de l’Etat a insisté «sur la nécessité d’adopter des mesures fermes pour lutter contre le monopole et la spéculation qui pèsent lourdement sur les prix des produits de première nécessité, affectant autant les producteurs que les consommateurs».

Une véritable politique de lutte contre le monopole doit être établie de manière continue dans toutes les régions de Tunisie

Cette nouvelle approche vise à briser les circuits de distribution illégaux, décrits par le Président comme des «réseaux criminels», qui impactent les prix au détriment des agriculteurs et des consommateurs.

En effet, cette farandole des prix à laquelle nous assistons a ses causes et ses effets.

Commençons par les causes. En dépit des efforts fournis par les services de contrôle, on trouve le moyen de détourner les décisions prises pour réguler les prix ou de limiter ces envolées vertigineuses qui mettent le consommateur au-devant d’un dilemme inextricable. A titre d’exemple, le prix du poulet PAC a été fixé, jusqu’à nouvel ordre, à huit dinars cinq cents millimes. Qu’à cela ne tienne. Les grandes surfaces mettent en vente ce fameux poulet PAC fourni par le producteur dans un emballage en plastique, lui flanquent une étiquette en couleur et le vendent plus cher. C’est comme l’histoire des œufs que l’on emballe, qu’on vend plus cher au mépris des conséquences pour nos finances, lesquelles sont pénalisées par la mise à la poubelle de cet emballage que l’on paie en devises fortes.

Dans la vitrine réfrigérée, vous risquez de ne jamais trouver de poulet en…pièce, au prix homologué. Mais vous en trouverez débité en morceaux. Les cuisses et pilons sont au prix de quatorze dinars quatre cent quarante millièmes le kilo. Le blanc de poulet est à plus de seize dinars.

Les dattes subissent le même traitement.  Des caisses de un et de deux kilos branchées sont offertes à la vente. La première couche est garnie de branches. Certaines sont jaune pâles et sèches. Celles de l’année dernière sont visiblement mélangées avec celles de la nouvelle récolte. Le client n’y voit que du feu. Les prix dépassent de loin ceux que l’on trouve dans la plupart des magasins et même dans les marchés, à qualité égale.

Ne parlons pas des légumes ou des fruits où ils sont aux mêmes prix que les fruits tropicaux qui entrent en contrebande. En dépit des saisies qu’effectuent presque quotidiennement les patrouilles qui opèrent aux frontières.

La situation étant ce qu’elle est, le consommateur, pris en tenailles, subit, grogne, plie et paie… Il en sera quitte pour sombrer dans le désespoir, l’emprunt, les avances sur salaire et autres complications qui détruisent un foyer.

Et si l’on a insisté pour que l’on mette ce problème des prix au nombre des priorités, c’est qu’effectivement, la question est urgente. Sur le plan sociétal, beaucoup plus que sur le plan financier où les répercussions sont catastrophiques pour les familles.

Passons aux causes. Il nous semble que bien des «campagnes» sont politisées. Il n’y a qu’à se souvenir des augmentations de prix au niveau des fruits et légumes à la veille et au cours de la dernière présidentielle. Les prix ont atteint les sommets, appuyés par des campagnes soigneusement orchestrées par les réseaux sociaux sponsorisés.

Et c’est là où nous avons voulu en venir.

A la veille des grandes campagnes de nos produits phares, surgissent des «responsables» qui nous rappellent que les prix des intrants, de la main-d’œuvre, de la rareté de l’eau, un nouvel argument qui tombe à pic, pour expliquer en s’appuyant sur des statistiques aussi vagues qu’étranges, que tel ou tel produit connaîtra une augmentation.

Toute une mise en condition psychique pour préparer ces augmentations ouvre  la porte aux magnats du milieu, qui se précipitent pour tout rafler sur pied.

Et nous avons un nettoyage par le vide qui leur permet de contrôler le marché. Cela nous a donné des raisins à neuf dinars le kilo et des figues à vingt. Allez voir les prix des agrumes d’un pays producteur qui titillent les nuages !

A l’origine, il y a des complicités qui ouvrent la voie pour la mainmise sur les récoltes sur pied. L’argent en espèces coule à flot. Le besoin d’argent frais, contrairement aux  prises en charge avec paiement au terme de la campagne, est un argument qui joue en faveur des réseaux qui tiennent en laisse le marché et imposent leurs conditions.

Peut-on prétendre que nous connaissons l’implantation de toutes les chambres frigorifiques du pays ? Nul ne pourrait le prétendre. Et c’est ce qui fait la force de ces spéculateurs qui ont de la suite dans les idées.

Considérant que la spéculation au niveau des produits de consommation ne peut se faire qu’avec ces moyens de stockage, nous pensons qu’on devrait commencer par mettre en place la carte géographique de ces outils incontournables de la spéculation. L’informatisation et la tenue

d’un registre paraphé des mouvements, des achats et des ventes sont incontournables. Il n’y a aucune raison que ces gens qui jonglent avec des centaines de millions ne paient pas leurs impôts ou déclarent ce qu’ils veulent. Indépendamment de cela, le fait de connaître de manière effective les stocks, permet de réguler le marché et d’éviter les manipulations.

En tout état de cause, en attendant le plein contrôle, l’homologation des prix, conformément aux lois en vigueur, devrait être appliquée à tout le monde.

Cela revient à dire que l’épicier comme les grandes surfaces, qui ne jouent aucun rôle dans le domaine social au service des consommateurs, sont dans l’obligation de les mettre à exécution sans avoir recours aux subterfuges qu’ils s’arrangent à adopter pour dérouter les contrôles et gruger le consommateur.

«La loi permet au ministère du Commerce de fixer les prix pour réguler le marché et de prendre des sanctions contre toute tentative de manipulation des prix». L Président a souligné que l’écart significatif entre le prix payé par le consommateur et celui reçu par le producteur est un indicateur d’abus inacceptable qui doit être rectifié.

Le Chef de l’État a également ordonné «un nettoyage des rangs au sein du ministère du Commerce et de l’Office du Commerce Tunisien. Il a dénoncé la manipulation des prix et les pratiques de certains groupes qui influent délibérément sur la disponibilité de certains produits dans certaines régions, aggravant la crise pour les citoyens».

Nous sommes loin de ces campagnes périodiques de vente du producteur au consommateur qui sont d’ailleurs faussées par l’intervention des spéculateurs qui accaparent les stands et imposent leurs prix.

Le Président Kaïs Saïed a insisté sur la nécessité de prendre des mesures rapides contre ces pratiques, afin de stabiliser les prix et d’alléger la pression sur les consommateurs tunisiens.

Le Président appelle à la baisse des prix pour une “libération nationale” économique.

Dont acte !

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