La colère des agriculteurs Français : Quelles répercussions sur les échanges agroalimentaires avec la Tunisie ?
Par Refka Chaibi (Paris)
À la veille du salon de l’agriculture, événement emblématique pour les agriculteurs français, les rues de Paris se sont métamorphosées en scène vivante de revendications agricoles. Une procession de tracteurs, venant de toutes les régions, s’est dirigée vers la place Vauban derrière les Invalides, leurs klaxons résonnant dans les rues parisiennes, portant avec eux les préoccupations profondes de la communauté agricole. Pourtant, une décision surprenante jette une ombre sur cette mobilisation : le président Macron a abandonné le « Grand débat » prévu pour le lendemain, samedi 23 février 2024. Cette volte-face fait suite à une controverse déclenchée par l’invitation d’acteurs contestés, comme « Les Soulèvements de la Terre », suscitant un tollé parmi les agriculteurs.
Les agriculteurs ont exprimé ces derniers jours leur frustration face à une multitude de problèmes. La crise sanitaire, la guerre en Ukraine et les importations déloyales alimentent leur colère. En particulier, l’accord commercial avec le Mercosur (le marché commun du Sud, une zone de libre-échange qui regroupe plusieurs pays de l’Amérique du Sud, composé de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay.) suscite des inquiétudes, les agriculteurs redoutent une concurrence déloyale menaçant leur viabilité économique. Des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes de France, provoquant des perturbations et des dégâts devant les institutions françaises. Ce qui a soulevé un grand débat en France.
Représentant actuellement 2,1% du PIB, le secteur agricole français est en déclin depuis les années 1950, reflétant la transformation économique du pays. En 2021, plus de 673 640 personnes travaillent dans les exploitations agricoles à temps plein, mais près de 18% des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté. Malgré son importance économique, le secteur agricole est confronté à des défis majeurs en termes de revenu et d’emploi.
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Les revendications agricoles Françaises et leurs répercussions sur les échanges agroalimentaires avec la Tunisie
La crise agricole en France ne se cantonne pas aux frontières nationales, elle risque également de bouleverser les relations commerciales avec la Tunisie, un partenaire essentiel. Les agriculteurs français expriment leur mécontentement, mettant en lumière des enjeux cruciaux tels que les produits phytosanitaires et les accords de libre-échange, des préoccupations susceptibles d’impacter les échanges entre les deux nations.
Chiffres clés 2023 :
Source : Ministère Français de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté numérique-Direction générale du Trésor
En 2023, d’après les chiffres annoncés par le site internet de la Direction générale du Trésor, les échanges agroalimentaires franco-tunisiens ont totalisé 7,4 milliards d’euros. Les principales exportations françaises vers la Tunisie comprennent les céréales, les produits laitiers, les fruits et les légumes, représentant 60% du total des exportations agroalimentaires françaises. La Tunisie dépend fortement de la France dans le secteur agroalimentaire, avec 15% de ses importations provenant de la France. La remise en question des accords de libre-échange risque de réduire les exportations françaises vers la Tunisie, ce qui pourrait impacter l’économie des deux pays. Les tensions commerciales pourraient nécessiter une révision des politiques commerciales et des accords bilatéraux, exigeant une coopération renforcée pour maintenir des relations économiques stables.
Les préoccupations environnementales des agriculteurs français pourraient influencer les pratiques agricoles en Tunisie, entraînant des changements dans les normes de production et sanitaires. Cette conjoncture souligne l’importance de trouver un équilibre entre les intérêts nationaux et internationaux pour garantir la durabilité des échanges agroalimentaires entre la France et la Tunisie.
Le marché agricole tunisien est diversifié, avec une production incluant des cultures vivrières, des fruits, des légumes et des oléagineux. L’agriculture représente environ 10% du PIB tunisien, mais le secteur est confronté à des défis similaires en termes de revenu et de développement économique. Les échanges agroalimentaires entre la France et la Tunisie sont significatifs, la France étant un partenaire majeur pour la Tunisie dans ce domaine. Les principaux produits échangés incluent les céréales, les produits laitiers, les fruits et les légumes. Une coopération accrue entre l’Europe et la Tunisie est nécessaire pour renforcer les liens et trouver des solutions communes aux défis agricoles et économiques.
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