Kiosque international
La Chine affronte une crise économique inédite
En deux semaines, les mauvaises nouvelles se sont accumulées pour la Chine : chute des exportations de 14,5 % en juillet, défaut de paiement et mise en faillite des principaux promoteurs immobiliers, entrée du pays en territoire déflationniste… Des mois après la levée des restrictions drastiques imposées face au Covid-19, la deuxième économie mondiale n’a pas encore retrouvé son envol et reste comme engourdie. Alors que la construction et les exportations tirent depuis des années l’économie du pays, la crise immobilière se diffuse et les exportations fléchissent. “Toute l’idée du gouvernement était que la Chine tirerait sa croissance de la consommation, or, ce n’est pas ce qui est en train de se produire”, constate Alicia García Herrero, économiste en chef pour l’Asie pacifique chez Natixis et membre du think tank européen Bruegel. Pour sa part, l’économiste Jean-François Huchet, professeur d’économie et président de l’Institut français des langues et civilisations orientales (Inalco), n’a pas manqué de souligner que la fin des restrictions sanitaires n’a pas gommé les traces laissées par la gestion de la pandémie et qu’elles sont d’autant plus profondes que la Chine n’avait pas mis en place de protection des activités, comme on en a eu en Europe. “La dernière année de la crise Covid a été vraiment terrible en Chine, énormément de gens ont puisé sur leurs économies, ont beaucoup perdu. Ils reconstituent leur épargne, se limitent à des consommations essentielles”. Cela s’additionne à la crise de l’immobilier, qui n’en finit pas de faire des vagues. La valeur des biens fond, en juillet encore, le prix des maisons neuves a reculé de 2,5% en moyenne. Et quand l’immobilier perd sa valeur, les recettes des autorités locales baissent, et les géants du secteur se découvrent des pieds d’argile. Actuellement, tous les yeux sont tournés vers les difficultés de Country Gaden, le plus grand promoteur d’immobilier résidentiel du pays, qui n’est pas parvenu à honorer ses derniers paiements. Mais selon les économistes, les fissures du secteur immobilier chinois seraient plus profondes que prévu, ce qui va peser sur les intentions d’investir ou de consommer. Sur un autre plan, la Chine ne peut pas compter sur les investisseurs étrangers pour atténuer les effets de sa crise de confiance domestique à l’heure où les capitaux étrangers s’effritent. Pour les attirer, le gouvernement a annoncé dimanche 13 août des pistes qui doivent améliorer l’environnement des affaires — des mesures qui pourraient contribuer à doper la confiance des entreprises étrangères. Pas sûr cependant que cela suffise, car si les investisseurs se désintéressent de la Chine, c’est aussi en raison des hausses des taux d’intérêts aux États-Unis ou en Europe. Les exportations du pays ont sombré en juin, et le mouvement s’est confirmé en juillet : -15% sur un an. Dans cet environnement complexe, Pékin réagit par petites touches pour tenter d’améliorer l’environnement économique. La semaine dernière, la Banque centrale a réduit un de ses taux directeurs de 0,15 points, la plus forte baisse depuis le début de la pandémie, pour encourager les banques commerciales à prêter davantage dans l’espoir de doper la consommation. Mais selon Jean-François Huchet, la Chine n’est pas en capacité de faire un plan de relance comme elle l’avait fait à la suite de la crise mondiale de 2008, parce qu’elle n’a plus de marge fiscale. Les économistes estiment donc que le tournant du Covid aurait accompagné la fin du «miracle» économique chinois et l’entrée du pays dans une nouvelle étape de son développement, marquée par une croissance plus modeste.
Reuters : La FED en a fini avec les hausses de taux
Selon une large majorité d’économistes interrogés par Reuters, la Réserve fédérale américaine (Fed) en a probablement terminé avec les hausses de taux d’intérêt et la banque centrale attendra au moins la fin mars 2024 avant de baisser le coût du crédit. Alors que la première économie mondiale fait preuve d’une résistance étonnante, avec un taux de chômage au plus bas depuis plus de cinq décennies, la probabilité médiane d’une récession dans l’année à venir est tombée à 40%, passant sous le seuil de 50% pour la première fois depuis septembre 2022. Sur les 110 économistes interrogés par Reuters entre le 14 et le 18 août, 99 d’entre eux ont estimé que la Fed maintiendrait la fourchette des fonds fédéraux entre 5,25% et 5,50% lors de sa prochaine réunion de septembre. Ils sont 80% à s’attendre à ce qu’aucune hausse de taux n’intervienne d’ici la fin de l’année. Cela contraste avec les délibérations des responsables de la Fed qui restent déterminés, selon le compte-rendu de leur réunion de juillet, à lutter contre l’inflation. Après avoir annoncé un relèvement de 25 points de base le mois dernier, le président de la banque centrale, Jerome Powell, a gardé ses options ouvertes quant à une pause ou un nouveau relèvement en septembre. Les nombreux signes de résistance de l’économie américaine ont alimenté ces derniers jours les anticipations de taux élevés sur une période prolongée, ce qui a fait grimper les rendements des obligations souveraines. Parmi les économistes interrogés, 23 d’entre eux estiment que les taux seront relevés encore une fois et deux parient même sur deux hausses pour porter la fourchette des fonds fédéraux entre 5,75% et 6,00%. Mais les économistes peinent à s’accorder sur le calendrier de la première baisse des taux. Sur 95 économistes ayant des prévisions jusqu’à mi-2024, 48 estiment que la Fed attendra d’ici au moins la fin mars pour procéder à une réduction de la fourchette des fonds fédéraux. Ils sont 45 à penser que la première baisse des taux interviendra au premier trimestre. Les deux économistes restants pensent pour leur part qu’un abaissement sera opéré au quatrième trimestre de cette année.
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