Karim Amous, expert-comptable à La Presse : «Les entreprises doivent investir dans des solutions de paiement numérique»
La Tunisie entame une nouvelle ère dans le monde des paiements. La nouvelle loi sur les chèques chamboule les habitudes aussi bien des consommateurs que des entreprises. Si la tendance actuelle se poursuit, nous pourrions voir une diminution continue de l’utilisation des chèques, avec une prévision de baisse de 10 à 15% par an, déclare Karim Amous, expert-comptable et fondateur du groupe financier « Smarteco ».
La Presse — La nouvelle loi sur les chèques en Tunisie a suscité beaucoup d’intérêt. Quelle est votre opinion sur cette législation et son impact actuel sur le paysage financier ?
La loi sur les chèques, promulguée récemment, représente un tournant significatif dans la gestion des paiements en Tunisie. Elle vise à renforcer la sécurité des transactions et à réduire le nombre de chèques sans provision, ce qui est crucial pour restaurer la confiance des acteurs économiques. Cependant, les chiffres récents montrent une tendance préoccupante : bien que les paiements par traites aient augmenté de 0,7%, les paiements par chèque ont diminué, atteignant 18,52 millions d’opérations. Cela indique une réticence croissante à utiliser les chèques, ce qui pourrait avoir des implications sur la liquidité des entreprises.
En effet, ces chiffres sont révélateurs. Quels avantages et inconvénients voyez-vous pour les vendeurs et les acheteurs dans ce nouveau cadre ?
Pour les vendeurs, l’un des principaux avantages est la réduction du risque d’impayés grâce à une meilleure vérification des chèques. Cela peut améliorer la trésorerie et la planification financière. Cependant, la diminution de l’utilisation des chèques pourrait également signifier une transition vers des moyens de paiement moins familiers, ce qui peut engendrer des coûts d’adaptation.
Pour les acheteurs, la loi offre une plus grande sécurité dans les transactions, mais elle peut également limiter leur flexibilité, surtout pour ceux qui préfèrent utiliser des chèques pour des paiements importants. De plus, le taux de rejet des chèques, bien qu’il soit relativement bas à 2,43%, reste une préoccupation, car cela peut entraîner des complications pour les consommateurs.
Je pense que nous allons assister à une digitalisation accrue des paiements. Les entreprises doivent investir dans des solutions de paiement numérique, telles que les virements électroniques et les chèques électroniques, qui offrent une plus grande sécurité et une meilleure traçabilité. De plus, la mise en place de plateformes numériques pour la vérification des chèques, comme celle proposée par la Banque centrale, est essentielle pour faciliter cette transition.
Quels types de solutions de paiement numériques spécifiques recommandez-vous aux entreprises ?
Je recommande d’explorer les options de paiement par QR code, qui permettent une vérification instantanée et sécurisée des transactions. Les entreprises devraient également envisager d’utiliser des applications de paiement mobile qui facilitent les transactions en temps réel. En outre, les chèques électroniques, qui sont de plus en plus acceptés, peuvent offrir une alternative viable aux chèques traditionnels.
Les entreprises doivent envisager d’organiser des sessions de formation régulières pour leurs employés afin de les familiariser avec les nouvelles technologies de paiement. De plus, des ateliers et des séminaires pour les clients peuvent aider à les éduquer sur les avantages et l’utilisation de nouveaux moyens de paiement. Une communication claire et proactive est essentielle pour assurer une transition en douceur.
Voyez-vous qu’une collaboration entre les banques et les entreprises est nécessaire. Quels types de partenariats seraient-ils les plus bénéfiques ?
Les partenariats entre les banques et les entreprises devraient se concentrer sur le développement de solutions de paiement sur mesure qui répondent aux besoins spécifiques des différents secteurs. Par exemple, les banques pourraient travailler avec des entreprises de commerce électronique pour intégrer des solutions de paiement sécurisées sur leurs plateformes. De plus, des initiatives conjointes pour promouvoir l’utilisation des chèques électroniques et des virements bancaires pourraient également être bénéfiques.
Si la tendance actuelle se poursuit, nous pourrions voir une diminution continue de l’utilisation des chèques, avec une prévision de baisse de 10 à 15% par an. Cependant, si les mesures de la nouvelle loi sont mises en œuvre efficacement, nous pourrions également assister à une stabilisation de l’utilisation des chèques, surtout si les entreprises et les consommateurs adoptent les nouvelles technologies de paiement.
Pour conclure, je dirai qu’il est essentiel d’améliorer l’infrastructure technologique des banques et des entreprises pour faciliter les paiements numériques. Ensuite, je propose de créer des campagnes de sensibilisation pour informer les consommateurs sur les avantages des nouveaux moyens de paiement. Enfin, il serait bénéfique d’établir des partenariats entre les banques et les entreprises pour développer des solutions sur mesure qui répondent aux besoins spécifiques des différents secteurs.
La nouvelle loi sur les chèques est une opportunité pour moderniser notre système de paiement, mais cela nécessite une collaboration étroite entre tous les acteurs du marché pour garantir une transition fluide et efficace.
L’article Karim Amous, expert-comptable à La Presse : «Les entreprises doivent investir dans des solutions de paiement numérique» est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.
lien sur site officiel