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Kamel Maddouri lors de la réunion des ministres de la 5e session ordinaire du CTS n°8 de l’Union Africaine : «Nous sommes engagés à renforcer la coopération avec les pays africains frères»

Ouvrant la réunion des ministres de la 5e session ordinaire du Comité technique spécialisé CTS n°8 de l’Union africaine, le Chef du gouvernement, Kamel Maddouri, a présenté l’expérience pionnière de la Tunisie en matière de décentralisation, de modernisation de la fonction publique et d’urbanisme.

Devant un parterre d’ambassadeurs et de membres de délégations officielles africaines représentant 44 pays à travers le continent, le Chef du gouvernement a détaillé les réformes engagées par la Tunisie dans les domaines de la fonction publique et du développement urbain. Il a également mis en avant l’expérience pionnière de la Tunisie en matière de décentralisation et de gouvernance locale qui repose sur la construction par la base.

La Tunisie est profondément ancrée dans son environnement africain

En introduction de son mot d’ouverture, Maddouri a mis l’accent sur l’importance de cet évènement panafricain ainsi que sur le choix de la Tunisie en tant que pays hôte. Il a considéré que les recommandations issues des multiples réunions tenues dans le cadre de cette session vont au-delà de leur aspect technique pour constituer le fil rouge des plans stratégiques des pays africains ainsi que de leurs politiques publiques. Il a indiqué, dans ce sens, que ces efforts permettent d’ancrer le principe «adopter les solutions africaines pour répondre aux défis africains», qui constitue le moyen unique et idoine pour faire face à ces défis communs. Saluant l’initiative de l’Union africaine qui a choisi la Tunisie pour abriter cette session, le Chef du gouvernement a mis l’accent sur l’engagement du pays, sous le leadership du Président de la République Kaïs Saïed, à renforcer la complémentarité et la coopération avec les pays africains frères, confirmant ainsi son appartenance à son environnement africain. «La Tunisie, qui a donné son nom au continent africain et qui a adhéré avec ses frères africains à un processus de lutte contre la colonisation et le racisme mais aussi aux efforts de maintien de  la paix, la stabilité et la sécurité, est déterminée plus que jamais à poursuivre ces efforts, de concert avec les pays africains. Profondément convaincu que le continent est destiné à un avenir commun et que la coopération doit être commune, notre pays est engagé à relever les nombreux défis auxquels est confronté notre continent», a-t-il affirmé. Maddouri a ajouté, dans ce même contexte, que la Tunisie est engagée en faveur des valeurs du multilatéralisme et accorde une attention particulière à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. C’est pourquoi la stratégie 2030 qui repose sur le principe «ne laisser personne de côté» ainsi que l’agenda 2063 de l’Union africaine sous le signe «l’Afrique que nous voulons», constitue, selon ses dires, la clé pour construire un avenir prospère, tout en tenant compte des exigences du développement durable. «Le fait que la Tunisie ait accueilli cette session du comité technique spécifique  reflète notre prise de conscience de l’ampleur des défis de cette étape et de notre détermination à poursuivre avec persévérance, le processus de réformes et  à renforcer les fondements de la démocratie et de l’État de droit. Ces objectifs seront atteints en nous appuyant sur nos propres capacités et ressources humaines tout en restant ouvert aux opportunités de coopération avec nos partenaires sur la base des bénéfices mutuels et de la souveraineté nationale», a-t-il indiqué.

Une action axée sur la modernisation de la fonction publique

Kamel Maddouri poursuit son mot d’ouverture en mettant l’accent sur les réformes engagées par la Tunisie dans la fonction publique. Des réformes qui, selon ses dires, sont sous-tendues par deux principaux critères. Le premier est social. Il est concrétisé par les décisions prises par l’Etat consistant à rompre avec les formes de travail précaire dans la fonction publique, ce qui s’est traduit par l’interdiction de la sous-traitance de la main d’œuvre  et la régularisation de la situation des contractuels et des retraités dans le secteur public. Le deuxième critère revêt, selon Maddouri, un aspect technique consistant à moderniser la gestion du capital humain dans l’administration publique. Pour ce faire, plusieurs mesures ont été décidées, notamment la révision du cadre réglementaire général de la fonction publique, l’encouragement de la mobilité professionnelle des fonctionnaires, et ce, à travers des incitations financières et professionnelles; la révision du système d’évaluation des agents de la fonction publique de façon à ce qu’il soit conforme  aux meilleurs pratiques et enfin la mise à niveau du système d’information lié à la gestion des ressources humaines.  En outre, le Chef du gouvernement a expliqué que les réformes engagées par le gouvernement dans le domaine de l’administration publique devront aboutir à moyen terme à la numérisation de 88% des procédures administratives exigées par le citoyen et l’entreprise et au renforcement à hauteur de 44% du processus de décentralisation. Les services publics en point de mire, le gouvernement travaille actuellement sur le rapprochement des services publics de leurs usagers, à travers la création de centres de services administratifs répartis sur tout le territoire. Le haut responsable a, dans ce contexte, déclaré que le gouvernement travaille actuellement sur une expérience, première en son genre, consistant à instaurer des centres de services numériques. Leur objectif est d’offrir des services de  proximité aux citoyens, notamment dans les régions de l’intérieur. Cette expérience traduit, selon ses dires, le lien qui existe entre le processus de la décentralisation et celui de la numérisation de l’administration. Le Chef du gouvernement n’a pas manqué de rappeler, dans ce contexte, le chemin parcouru en matière de digitalisation de l’administration, des efforts dont témoigne le classement de la Tunisie qui tient le haut du pavé des pays africain en matière de maturité digitale des gouvernements, selon le rapport 2024 de l’ONU. «Le développement qu’a connu la Tunisie dans ce domaine est dû à la volonté politique d’exploiter les technologies numériques afin d’améliorer les services publics, en mettant le citoyen au cœur de ses préoccupations», fait-il remarquer. Il a énuméré, dans ce sens, les projets stratégiques qui ont été  engagés à cet effet, notamment l’amélioration de l’infrastructure numérique et de la capacité d’hébergement des centres des données  nationaux et sectoriels, outre la décision de créer une plateforme d’interopérabilité entre les différentes administrations qui est actuellement en cours de réalisation. Ainsi, le déploiement de la 5G, l’inclusion numérique et financière et la diversification des moyens de paiement mobile sont autant de mesures qui s’inscrivent, selon le haut responsable, dans la même veine des efforts déployés pour améliorer l’accès des citoyens aux services administratifs numériques.

La construction par la base: le nouveau mécanisme de développement régional et territorial

Au sujet de la décentralisation, une des principales thématiques débattues par les sous-comités de l’Union africaine lors de cette 5e session ordinaire, Maddouri a mis en avant l’expérience récente tunisienne en matière de décentralisation et de gouvernance locale fondée sur la construction par la base. Il a rappelé, dans ce contexte, que depuis leur création, les collectivités locales ont passé par plusieurs étapes, jusqu’à la promulgation de la Constitution du 25 juillet 2025 qui a posé les bases d’une nouvelle ère de décentralisation et de gouvernance locale fondée sur la construction par la base à partir des conseils locaux élus. Cette nouvelle vision vise à hisser les priorités de développement identifiées par les citoyens au niveau national. «La nouvelle Constitution a instauré, pour la première fois, la création d’un Conseil national des régions et des districts composé d’élus des différentes régions et districts. Parmi ses prérogatives, figurent  l’examen des projets de loi de finances mais aussi les plans de développement régionaux et nationaux. L’objectif est de garantir l’équilibre entre les régions», a-t-il rappelé. Maddouri a ajouté que pour faire face aux défis du développement local, le gouvernement a lancé plusieurs projets et programmes, dont notamment le programme de développement urbain et de gouvernance locale qui vise à renforcer le rôle joué par les collectivités locales dans la réalisation de l’infrastructure municipale et la facilitation de l’accès des citoyens  aux services dans les quartiers populaires. Selon le haut responsable, la stratégie de développement de la ville, dont un des principaux axes consiste à améliorer la planification urbaine et à renforcer le rôle des villes dans la réalisation des objectifs d’inclusion économique et sociale, figure également parmi les priorités du gouvernement. «Le domaine de l’aménagement territorial et de l’urbanisme revêt en Tunisie une importance cruciale, surtout du point de vue social, économique et environnemental. Car il joue un rôle important dans la réalisation d’un développement inclusif et intégré des villes», a ajouté le Chef du gouvernement. Il a indiqué que le cadre réglementaire qui régit depuis 1994 le domaine de l’aménagement territorial et de l’urbanisme est actuellement en cours de révision. Cette refonte vise, selon ses dires, à l’adapter aux changements que connaît aujourd’hui le développement urbain. Evoquant la cité médicale des Aghlabides  de Kairouan, Maddouri a affirmé qu’il s’agit d’un projet pilote exemplaire qui vise à rapprocher les services médicaux des citoyens. La cité étant une ville médicale intégrée située  dans la région du centre et du sud-ouest de la Tunisie et comprenant des espaces hospitaliers, des établissements universitaires, des complexes industriels pharmaceutiques, des centres commerciaux, des zones résidentielles, touristiques et culturelles, ainsi que des infrastructures publiques et des stations de production d’énergies renouvelables et de valorisation des déchets. Cette ville, affirme-t-il, contribuera à la création d’emplois et à dynamiser l’activité économique des gouvernorats du Centre et du Sud. «Cette cité, qui sera réalisée sur une superficie de plus de 550 hectares, sera un phare rayonnant grâce aux services qu’elle offre à tous les citoyens et visiteurs, notamment en provenance des pays africains frères», a-t-il conclu.

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