Kaïs Saïed : « Nous sommes dans une guerre de libération et non d’incrimination de la normalisation »
• La Constitution du 25 juillet 2022 mentionne le droit du peuple palestinien à un Etat souverain
• Le terme «normalisation» n’existe pas à mes yeux
• Cette guerre, nous l’engageons avec tous les peuples libres
Le Chef de l’Etat Kaïs Saïed s’est adressé hier, du Palais de Carthage, à la nation. Le premier point évoqué dans son allocution solennelle est la situation en Palestine. Au moment même où les enfants, les femmes et toute la population civile est privée d’eau et de nourritures et pilonnée par les bombes larguées par l’occupant, a-t-il dénoncé.
Il est ensuite revenu sur la polémique qui a secoué la plénière, lors de l’examen de la proposition de loi incriminant la normalisation avec l’entité sioniste. Kaïs Saïed a réitéré, à cette occasion, sa ferme position quant à la normalisation avec Israël, réaffirmant qu’il s’agit d’une «haute trahison». Et regrettant qu’«alors que des bébés, des femmes et des personnes âgées meurent mutilés sous les bombardements de l’ennemi et que des quartiers entiers sont rasés, le conflit prend malheureusement une tournure juridique», estimant que «nous sommes actuellement au cœur d’une guerre de libération et non pas d’incrimination». «Ceux qui traitent avec l’ennemi sont des traîtres et je rappelle que le terme “normalisation” n’existe pas à mes yeux, car il ne reflète pas la volonté des combattants mais des vaincus».
Kaïs Saïed a expliqué que ce discours n’a nullement pour visée d’alimenter la polémique autour des concepts juridiques, notamment en ces moments douloureux et historiques «que nous partageons avec le peuple palestinien».
Il ajoute: «Je me trouve dans l’obligation de rappeler que la Constitution du 25 juillet 2022, dans son préambule, mentionne le droit du peuple palestinien à un Etat souverain, avec pour capitale Al-Quds». Tout en précisant qu’il a réitéré, dernièrement, sa position au sujet de la normalisation avec l’entité sioniste, lorsque la proposition de loi en question lui a été présentée.
«La question doit être traitée comme une haute trahison à l’égard du peuple palestinien», a-t-il insisté, rappelant qu’un certain «sioniste effectuait des visites à l’ancienne Assemblée nationale constituante et rencontrait des élus», faisant allusion à l’écrivain Bernard-Henri Lévy.
Le Chef de l’Etat a également rappelé que le peuple tunisien exige la libération de tout le territoire palestinien et non pas une partie. «Cette guerre, nous l’engageons avec tous les peuples libres», a-t-il espéré, ajoutant qu’il ne cède ni aux surenchères ni aux chantages.
L’hémicycle connaît actuellement une forte agitation en raison de la proposition de loi à l’examen, qui prévoit de lourdes peines de prison à l’encontre de tout «normalisateur» avec Israël. Les débats autour du texte qui considère comme un «crime de haute trahison» tout lien avec Israël, pour les institutions, les entreprises et les particuliers, ont démarré jeudi dernier à l’hémicycle.
La séance a été suspendue hier, vendredi, par le président de l’Assemblée, Brahim Bouderbala, en raison de la grande confusion et du désordre qui y régnaient. Ce dernier avait assuré jeudi que «le Président Kaïs Saïed lui a recommandé d’informer les représentants du peuple du report de la séance, compte tenu des répercussions négatives que représente le texte de loi sur la sécurité extérieure de la Tunisie et sur ses intérêts».
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