Ils ont dit
Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI
«Du 9 au 15 octobre, nos assemblées annuelles se tiendront à Marrakech, réunissant les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales de 190 pays. Elles marqueront un anniversaire important : un demi-siècle s’est écoulé depuis la dernière fois que ces assemblées se sont déroulées en Afrique, à Nairobi, en 1973… Depuis la dernière fois que nos assemblées se sont tenues en Afrique, le monde a profondément changé : l’espérance de vie a augmenté, la pauvreté mondiale a reculé, le système monétaire international s’est adapté à un régime de change souple et les technologies ont transformé notre façon de travailler, de nous divertir et de communiquer. Toutefois, les inégalités, entre les pays et au sein même des pays, se sont exacerbées et nous sommes aussi face à une crise climatique qui menace notre existence. La croissance suit par ailleurs une trajectoire descendante ces dix dernières années.
C’est pourquoi il faut agir pour préparer les cinquante prochaines années. Nous devons chercher à bâtir des ponts qui nous mèneront demain vers une croissance robuste, une croissance durable et inclusive. Au cours du premier semestre 2023, nous avons observé une résilience remarquable de l’économie mondiale, avec quelques bonnes surprises, en grande partie grâce à une demande de services plus forte que prévu et à des progrès notables dans la lutte contre l’inflation. Cela augmente les chances d’atterrissage en douceur pour l’économie mondiale. Mais nous ne pouvons baisser la garde !
Si la reprise après les chocs de ces dernières années se poursuit, elle est lente et inégale… Le taux actuel de la croissance mondiale reste plutôt faible, et bien inférieur à la moyenne de 3,8% enregistrée au cours des vingt années qui ont précédé la pandémie. Et à moyen terme, les perspectives de croissance se sont encore assombries.
Au moment même où nous en avons le plus besoin, la coopération s’affaiblit. Les ponts entre les pays se fragilisent et les obstacles au commerce et à l’investissement se multiplient. La fragmentation du monde constitue un défi exceptionnel pour les pays émergents et les pays en développement, car ils sont davantage tributaires du commerce et ont une marge de manœuvre plus limitée. Par rapport à d’autres régions, le continent africain risque d’être le plus pénalisé économiquement par une profonde fragmentation. C’est un défi que nous devons relever ensemble».
Bassem Ennaifer, expert et analyste financier
«Réussir un accord avec l’Union européenne permet à la Tunisie de se procurer des financements et des aides… Dans l’accord conclu avec la Tunisie, en juillet dernier, l’Union européenne avait affirmé qu’elle allait respecter ses engagements et verser les fonds : un montant de 992 millions de dinars, soit 300 millions d’euros.
Une aide annuelle qu’on a reçue avant, et qui est devenue périodique après la pandémie du Covid-19. Le versement de ces 300 millions d’euros a été programmé pour le troisième trimestre 2023.
Le problème est que l’Union européenne a utilisé cet appui traditionnel, accordé dans le cadre de la coopération, pour faire pression sur la Tunisie dans le dossier de la migration clandestine. Pareil pour la Tunisie qui a utilisé cet appui pour des fins politiques pour défendre ses intérêts. Je crois que la Tunisie est dans son bon droit, surtout étant dans une position qui lui permet de faire ce genre de manœuvres politiques.
Egalement, je dois dire que la Tunisie est tout à fait capable de compter sur elle-même, grâce aux apports des Tunisiens résidant à l’étranger, aux revenus du tourisme, aux exportations de phosphate, à une bonne récolte d’huile d’olive et à la maîtrise des deux grosses dépenses de la balance commerciale, à savoir le pétrole et les céréales. Mais malheureusement nous avons peu de marge de manœuvre. Le pays serait en mode survie et le budget de l’Etat aura pour seul et unique objectif le respect des engagements de la Tunisie envers ses créanciers, bien évidemment en plus de sa capacité à accomplir son rôle social».
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