Ils ont dit..
Bassem Neïfar, analyste financier
« L’agence de notation américaine Standard & Poor’s, qui vient d’évaluer les risques du système bancaire en Tunisie de négatifs à stables, explique cette révision par trois facteurs fondamentaux. Le premier consiste en le niveau élevé de dépôts, considérés comme très importants pour le financement de l’économie, à travers le secteur bancaire. Le deuxième facteur consiste en le fait qu’il n’y a aucun risque menaçant la balance en devises étrangères de la Tunisie et que les mouvements de capitaux ne sont pas restreints. Le troisième facteur est que la Tunisie a remboursé toutes ses dettes extérieures, ce qui entraîne une diminution des risques affectant le secteur bancaire.
La déclaration de l’agence de notation incluait l’absence de changements très significatifs, d’ici deux ans, dans le secteur bancaire, notamment au niveau de la concurrence, car cela est lié à la situation économique du pays. J’estime que pour pouvoir améliorer la classification du secteur bancaire, il faut se concentrer sur la situation économique quantitative à travers le taux de croissance, la performance économique des entreprises, ainsi que la baisse de l’inflation qui contribuera à améliorer les performances de ce secteur. Il est possible que le pourcentage de prêts non performants atteigne 16%, dans la période à venir, un pourcentage important qui pourrait affecter le rendement et les bénéfices du secteur bancaire. Standard & Poor’s confirme que l’amélioration du niveau des risques du système bancaire est liée à l’amélioration de la situation macroéconomique. Ainsi, la diminution des risques dans le secteur bancaire tunisien permettrait à de nombreuses institutions bancaires d’obtenir un financement avec des taux d’intérêt et des conditions de remboursement meilleurs. Il ne faut pas oublier que Standard & Poor’s a vu que le taux de croissance du pays ne sera pas significatif, soit 1% pour les années 2024 et 2025 ».
Ridha Chkondali, économiste et universitaire
« L’inflation mesure la rapidité de l’augmentation des prix et son recul ne signifie pas une baisse des prix, mais une augmentation continue des prix chaque mois, ce qui réduit le pouvoir d’achat des Tunisiens jour après jour depuis 2021. Le taux d’inflation de 7 % est significatif pour élaborer des plans économiques, des politiques, des programmes et des stratégies, mais ce qui importe vraiment pour les Tunisiens, ce sont les dépenses quotidiennes pour les services de base. Ainsi, une augmentation des prix de la viande d’agneau de plus de 24 % en juillet, soit plus de trois fois la moyenne générale, la viande de bœuf de 16,3 %, les huiles alimentaires de 21,8 % et les légumes de 9 % sont parmi d’autres chiffres directement pertinents pour les citoyens tunisiens. Que la tendance de l’inflation soit à la baisse ou à la hausse, cela ne préoccupe pas le citoyen, ce qui l’intéresse, c’est le glissement mensuel qui continue d’augmenter. Le rythme de l’augmentation des prix a diminué, mais le niveau des prix a atteint des sommets. En raison de la contraction économique majeure en Tunisie, il aurait été plus judicieux de patienter jusqu’à obtenir des données et des chiffres sur l’inflation de juillet avant de prendre une décision sur la réduction du taux d’intérêt directeur… Le problème ne réside pas dans une demande excédentaire, mais dans une offre insuffisante, en raison des politiques économiques et du climat des affaires inapproprié, qui entraînent une pénurie de l’offre de biens et de services. De plus, l’État ne dispose pas de ressources suffisantes pour réguler le marché et éviter la hausse des prix. Il y a une grande baisse et un déséquilibre au niveau de la production. La solution réside dans l’adoption d’une politique visant à stimuler la croissance économique en réduisant la bureaucratie administrative et en allégeant la pression fiscale pour encourager l’investissement privé et créer de la richesse. Il est impératif de réduire le déficit énergétique, et la Banque centrale devrait prêter directement à la Société tunisienne de l’électricité et du gaz sans intérêt, afin de financer les familles tunisiennes et les entreprises pour acquérir des panneaux photovoltaïques. Cela permettrait de réduire la facture d’électricité, ce qui améliorerait le pouvoir d’achat des familles et diminuerait les coûts énergétiques pour les entreprises. La mission principale de la Banque centrale est de réduire les prix et de lutter contre l’inflation. Cette approche contribue à stimuler la croissance économique, créer des emplois, améliorer les ressources fiscales, et en particulier améliorer le niveau commercial et énergétique, ce qui réduit la dépendance à l’emprunt extérieur ».
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