Huile d’olive : La Tunisie mise sur le stockage pour réduire l’écart des prix par rapport au marché mondial

Ezzeddine Chalghaf, directeur général de l’Office de l’Élevage et des Pâturages, a confirmé l’engagement des professionnels du secteur de l’huile d’olive dans le système de stockage, un mécanisme déjà utilisé par l’État durant la saison 2019-2020, qui a enregistré une récolte exceptionnelle. Cette mesure vise à réguler l’offre sur le marché mondial et à soutenir la stabilité des prix.

Lors d’une interview accordée à l’Agence TAP, Chalghaf a détaillé l’impact de cette politique de stockage sur la gestion de l’offre d’huile d’olive à l’échelle mondiale. Il a souligné que le stockage permet d’éviter une offre excessive durant la période de forte production, ce qui serait préjudiciable à la stabilité des prix sur les marchés internationaux.

Il a expliqué que la politique de stockage consiste à ne pas mettre toute l’huile d’olive disponible sur le marché en une seule fois, afin de préserver la valeur du produit. Cette démarche permet ainsi de contrôler l’offre tout au long de l’année et de garantir une gestion plus équilibrée des prix.

Chalghaf a également révélé que plusieurs offres de stockage ont été reçues par le ministère. Une première réunion a été organisée pour discuter des propositions, et toutes les demandes ont été satisfaites. Il a qualifié ce début de processus de « réussi » et de « positif ».

Le système de stockage prévoit la location d’espaces pour conserver l’huile d’olive, moyennant une prime de 100 dinars par tonne et par mois pendant trois mois, avec un supplément de 10 dinars par tonne pour les producteurs. Cette initiative est jugée essentielle pour maintenir l’équilibre des prix et éviter des fluctuations importantes sur le marché.

En ce qui concerne le prix de l’huile d’olive tunisienne, Chalghaf a rappelé qu’elle se vend bien en dessous des niveaux des marchés internationaux, tels que ceux de la bourse espagnole. Il a souligné que des efforts sont en cours pour rapprocher les prix tunisiens de ceux du marché mondial, notant que l’écart de prix s’est creusé au fur et à mesure que la saison avance. Toutefois, des mesures sont prises pour réduire cet écart et ainsi améliorer les prix pour les producteurs.

Le directeur général a aussi précisé que les acteurs du stockage incluent des grands producteurs, des exportateurs, ainsi que des propriétaires de moulins, sans oublier les espaces de stockage gérés par l’Office de l’huile. Il a souligné l’importance de la participation des agriculteurs dans ce processus, qui peuvent ainsi vendre une partie de leur production et conserver une autre pour le stockage.

Par ailleurs, Chalghaf a mentionné plusieurs incitations destinées aux producteurs, notamment un accord entre le ministère de l’Agriculture et la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS Bank) pour la mise en place d’une ligne de financement de 20 millions de dinars. Cette ligne permettra aux agriculteurs d’obtenir des prêts pour financer leurs activités agricoles après la récolte des olives.

Le responsable a conclu en affirmant que la solution pour éviter les fluctuations de prix sur le marché mondial réside dans l’organisation des agriculteurs au sein de coopératives, qui défendraient leurs intérêts collectifs, comme cela se fait en Espagne avec les coopératives d’huile d’olive. Il a précisé que ces coopératives permettent aux agriculteurs de recevoir des paiements progressifs lors des ventes, avec un règlement final à la fin de la saison.

Concernant l’exportation, Chalghaf a évoqué la présence de près de 200 entreprises exportatrices d’huile d’olive, bien que seules quelques-unes jouent un rôle économique important. Il a également rappelé que l’Office de l’huile intervient principalement lorsque la production est abondante et disponible pour l’exportation.

Finalement et non moins important, Chalghaf a appelé tous les acteurs du secteur à protéger les agriculteurs, qu’il considère comme l’élément clé du succès de la filière huile d’olive en Tunisie. Il a souligné que le ministère des Finances reconnaît l’importance du rôle des producteurs et que la réorganisation du secteur agricole est essentielle pour renforcer cette filière stratégique.

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