Hommage posthume | Noura partie : la deuxième mort de Slah Smaoui
Ils étaient un. Une seule âme dans deux corps. Noura et Slah Smaoui étaient soudés par la passion de la vie qu’ils se sont mis à dévorer à pleines dents quand ils ont décidé de s’unir dans l’amour qu’ils vivaient ardemment puis dans le mariage qu’ils ont consommé hors les normes en vigueur. Puis ils sont partis, main dans la main et la fleur aux dents, à la conquête des vastes espaces de la vie, regardant droit devant eux, sans crainte ni remords.
Que n’ont-ils pas fait ensemble ? Des voyages et des expériences, mus par la soif de découverte et l’énergie de la créativité, elle dans le domaine médical, lui dans celui de l’ingénierie pour déboucher sur la vaste et féconde plaine de l’art artisanal qu’ils ont investie de tous côtés : tissage et décoration (pour elle), ébénisterie et architecture (pour lui), tout en intégrant dans le champ de leur dévorante passion tous les domaines annexes, de la cuisine à l’horticulture. Une véritable épopée qui s’est étalée sur des dizaines d’années ponctuées de défis, de trahisons et de réalisations.
Le couronnement de ce parcours est le désormais célèbre « Village Kèn », situé dans le voisinage de la localité de Bouficha. Une véritable cité dédiée au patrimoine tunisien sous toutes ses formes,mais appréhendé de manière créative, soucieuse à la fois d’authenticité et d’innovation pour être conforme au mode de vie actuel avec ses préoccupations fonctionnelles mais aussi environnementales.
Parti le 6 juin 2021 après de dures épreuves physiques, Slah a patiemment attendu Noura pour consommer l’acte suprême de leur accomplissement respectif : la fusion de leurs êtres dans l’éblouissante lumière de l’éternité. C’est chose faite. Avant-hier, au terme de luttes héroïques contre la maladie et la conjoncture, sa moitié est allée le rejoindre dans la discrétion des âmes sereines qui n’attendent plus rien de la vie ici-bas.
Reste « Kèn ». Sarra, l’unique descendante du couple qui vit en France avec son mari et ses deux enfants, se retrouve face au vide abyssal laissé par la disparition de ses parents…et à l’avenir de cette réalisation littéralement monumentale léguée par les Smaoui et qu’ils ont accomplie à force d’imagination et de travail, dans l’enthousiasme, la douleur et l’indifférence des autorités. Quoi qu’on dise, aujourd’hui, de la situation économique et de l’état des finances publiques, il est impérativement du devoir de l’Etat de veiller à la sauvegarde de cette richesse patrimoniale incomparable.
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