Hommage à Ameur Hizem : La droiture personnifiée
Que retenir lorsqu’un homme s’en va ? Si c’est un grand nom du sport, les uns retiendront particulièrement les titres qu’il a conquis tout au long de sa carrière, ses records, le nombre de sélections et autres faits d’armes. Ce sont, pensent-ils, ses lettres de noblesse.
Les autres retiendront l’œuvre qu’il a laissée. Et c’est le plus important pour ce qui concerne des personnes qui ont été respectueuses de l’éthique sportive, correctes et serviables, souriantes et affables, alors que leur intérieur bouillonnait sous les contraintes administratives ou financières. Nous avons connu feu Ameur Hizem depuis 1961, alors qu’il se préparait à rejoindre l’Allemagne où il allait jouer et préparer son diplôme de professeur d’Education physique, spécialisé en football. Le futur entraîneur, aussitôt qu’il rentrait en Tunisie pour de courtes vacances, parcourait les terrains d’entraînement pour voir les jeunes jouer. Il nous confiait, lors des brèves rencontres que nous avions eues, que les choses devaient changer pour que nous puissions faire émerger le football tunisien sur la scène internationale.
Il trouvait que nos jeunes étaient doués mais malheureusement ne bénéficiaient pas de toute l’attention souhaitée. Il aimait raconter ce qu’il avait vu en Allemagne où, justement, les jeunes étaient regroupés dans des centres, poursuivaient leurs études et avaient à leur disposition les meilleurs «formateurs». Il utilisait rarement le mot «entraîneur» lorsqu’il parlait de formation des jeunes. Il essaya d’appliquer ses convictions lors de ses deux passages à la tête de la DTN.
Nous savons que lorsqu’il était venu prendre en main le Club Africain, il veilla à ce que les jeunes aient, comme premier responsable technique, un entraîneur diplômé de l’Enseps de Kassar-Saïd. A ce propos il était intarissable, aimant jusqu’à la moelle son futur métier.
Et c’est l’héritage qu’il a laissé : des techniciens de valeur, surtout lors de son passage à la Direction technique nationale de la Fédération tunisienne de football. Ameur Hizem a joué à l’Union Sportive Monastirienne. Il a pris une part active à son accession parmi l’élite. Il a porté les couleurs de l’USM de 1952 à 1962 puis celles de deux clubs allemands Knapsack et Solinge. A son retour en Tunisie, l’année de l’organisation des Jeux Méditerranéens de Tunis en 1967, il a entamé sa carrière en prenant en main son équipe d’origine.
Ses compétences et son aura poussent la FTF à lui confier l’équipe de Tunisie espoirs, qui comptait, dans ses rangs, des éléments de grande valeur. C’est, en fait, l’occasion pour lui d’imposer ses idées du football. Une élite qui doit nécessairement reposer sur un socle solide composé de jeunes soigneusement pris en main et élevés dans un esprit de gagne et de combativité.
Son groupe devint une véritable antichambre de l’Equipe A, qu’il rejoint au mois de décembre 1970, pour remporter en 1971 la médaille d’argent des Jeux Méditerranéens à Izmir, la coupe de Palestine en 1973 et offrira sur un plateau la formation qui marquera l’histoire du football mondial en 1978, en battant le Mexique sous la direction de A. Chétali. Rappelons que ce succès, le premier d’une équipe africaine dans un Mondial, avait poussé la Fifa à revoir le nombre des équipes africaines en Coupe du monde.
Ameur, repose en paix, tu as fait ton devoir et tu as été un éducateur et un homme d’honneur, ta vie durant.
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