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Guerre en Palestine : Le massacre de Gaza entre dénonciation et silence complice

 

Des intellectuels tunisiens et des représentants de syndicats et de la société civile s’indignent contre le massacre des Palestiniens à Gaza et dénoncent non seulement le silence étrange de leurs homologues occidentaux, mais aussi de certaines ONG internationales qui usent d’un double langage et d’une approche à géométrie variable en matière de droits humains et de droits des peuples.

Évitant de s’embourber dans le dédale des réactions inhérentes au massacre perpétré contre les Palestiniens  et de subir, en contrepartie, les retours de  manivelle et les conséquences de leurs positions, des intellectuels, toutes tendances confondues, ont préféré se calfeutrer dans un mutisme qui nous interpelle sur leur engagement réel en faveur des droits humains et notamment le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais, en dépit du mutisme d’une élite qui préfère se dissimuler derrière des «chartes de responsabilité à géométrie variable», des voix s’élèvent aujourd’hui au sein même de cette élite pour dénoncer le double langage de plusieurs organisations non gouvernementales et fondations étrangères basées en Tunisie et qui, de manière paradoxale, ont choisi leur camp et ont préféré soutenir l’oppresseur, feignant d’oublier qu’il n’y a pas de géométrie variable dans l’application du droit international.

Le résultat se fait déjà sentir avec ces appels au boycottage des activités de certaines ONG et les démissions en guise de protestation. Un vrai coup dur pour la crédibilité des ONG qui se sont le plus souvent érigées en donneurs de leçons pour certains pays en matière de respect des droits humains.

Colère contre la Cisl, le Rotary International et bien d’autres ONG internationales  

La centrale syndicale s’est déjà démarquée de la position de la Confédération internationale des syndicats libres en raison de la position qualifiée de partiale et de honteuse de la Cisl concernant la situation à Gaza. Elle a fait savoir, par le biais de son secrétaire général adjoint, Samir Cheffi, que l’Ugtt pourrait soit quitter la Confédération, soit, dans une moindre mesure, suspendre ses activités. Mettre sur un pied d’égalité oppresseur et opprimé est inconcevable.

En s’alignant sur l’occupant sioniste dans sa guerre contre le Hamas, le Rotary International a fait tomber le masque de l’impartialité, poussant ainsi le Rotary Club Tunis Méditerranée à la démission collective. En effet, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, on apprend que suite au maintien de la position normalisée du Rotary International, Rotary Club Tunis Méditerranée annonce sa démission collective. «Après une période de réflexion et de dialogue au sein de notre organisation, nous avons décidé de prendre une nouvelle direction pour mieux servir notre mission. Nous tenons à exprimer notre gratitude envers tous ceux qui ont soutenu notre club au fil des années, mais nous n’arrêterons pas le chemin caritatif et nous lançons un nouveau mouvement IMP’ACT, où nous continuerons à travailler pour un avenir meilleur», ajoute le communiqué.

L’écrivain Abdelaziz Kacem : «Je reste sans voix»

Plusieurs écrivains francophones se demandent, suite à cette escalade meurtrière à Gaza et eu égard notamment  à la position de la France qui a étrangement affiché un soutien officiel à l’oppresseur par le biais de son président, «à quoi va servir aujourd’hui l’Organisation internationale de la Francophonie et comment pourrait-t-elle  désormais promouvoir la langue française dans son évolution, et surtout sa diversité culturelle et linguistique, et valoriser les différentes cultures qui s’expriment sur l’ensemble des territoires de la Francophonie tout en affichant un soutien indéfectible à l’occupant ?».

Contacté à cet effet par La Presse, l’écrivain et poète Abdelaziz Kacem déclare : «Face à la guerre d’extermination que livre Israël aux Gazaouis, je reste sans voix. Que les États-Unis et l’Angleterre soutiennent un génocide que le monde entier est en train de suivre en direct, cela ne m’étonne pas outre mesure. Leur constante complicité à de telles atrocités et injustices, de par le monde, nous en avons l’habitude depuis des lustres. La surprise, le tonnerre, pour nous, c’est le positionnement de l’Europe, en général, et de la France et de l’Allemagne en particulier».

Désappointé, il ajoute: «Quel que soit le poids du chantage au repentir qu’Israël exerce et exercera pour des siècles sur Berlin, l’histoire ne pardonnera jamais au chancelier Olaf Scholz de s’être précipité avec ses drones meurtriers au QG d’un criminel de guerre, qui traite les Palestiniens d’animaux humains bons pour l’abattoir. Mais de toutes ces trahisons, c’est celle de la France qui nous fait terriblement mal. Je suis en train de terminer une lettre ouverte à Emmanuel Macron».

La directrice générale des JCC  2022 démissionne du PEF

Du côté des écrivaines francophones, c’est Sonia Chemkhi (universitaire, réalisatrice et ancienne directrice générale des JCC de la 33e édition des Journées cinématographiques de Carthage), qui a franchi le Rubicon en se retirant  en août dernier du comité du festival Cinéalma en France, en raison de la participation de l’occupant israélien à ce festival, puis en confirmant à La Presse sa  récente démission du Parlement des écrivaines francophones (PEF). «J’ai démissionné avec conviction et sans la moindre hésitation».

Sonia Chemkhi a envoyé un courrier au PEF dans lequel elle remettait en cause un silence de plus  de 14 jours sur le génocide en cours à Gaza et stipulait que ce silence étonnant était en lui-même une position.

Selon elle, le PEF s’est argué du fait que c’est une guerre  entre deux parties, deux clans, sans compter le fait que la charte du Parlement des écrivaines interdisait à ses membres de se mêler des guerres. «C’est donc un déni total d’une occupation de 75 ans et d’un apartheid pourtant reconnus par les instances internationales. Un déni du génocide et du nettoyage ethnique», commente Sonia Chemkhi. Et d’ajouter: «Je leur laisse toute la place de la honte, puisque je suis une voix extrêmement minoritaire à laquelle on répond par des justifications tendancieuses et par le déni du droit des peuples à la libération, à la vie et à la dignité. La colonisation est un crime et la lutte un droit. Avancer autant d’arguments tendancieux portés par une rhétorique indigne, se taire alors qu’il y a génocide en se dérobant et en se donnant bonne conscience par «la charte » est inadmissible, honteux ! Le génocide est un crime contre l’humanité et la moindre des choses est de se mobiliser pour un cessez-le-feu immédiat». Sonia conclut: «Je ne suis que l’écho meurtri de milliers de femmes et d’enfants assassinés par le feu du colon».

Lettre ouverte des intellectuels arabes

Par ailleurs, plusieurs intellectuels arabes (écrivains, artistes, chanteurs…) dont le chanteur engagé libanais Marcel Khalifa, le poète et critique littéraire syrien d’expressions arabe et française Ali Ahmed Saïd (plus connu sous le pseudonyme Adonis), le professeur Abdelmajid Charfi, le musicien irakien Naseer Shamma ont publié récemment une lettre ouverte dans laquelle ils ont appelé leurs homologues occidentaux à «un dialogue sur les valeurs et principes communs évoqués dans cette lettre, et notamment sur les droits du peuple  palestinien, un dialogue qui met fin aux politiques et positions partiales de certains gouvernements des  pays occidentaux».

La position de certains écrivains et des artistes des pays occidentaux à l’égard de la lutte du peuple palestinien et ses droits légitimes  et leur silence devant les pratiques d’oppression, d’assassinat et de colonisation ont été pointés du doigt par les signataires  de cette lettre.

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