Economie tunisie

Grâce à la transition digitale: Réinventer l’inclusion financière

Deux thèmes dominent le débat actuel : la transition digitale et l’inclusion financière. Ces deux questions, bien que distinctes, sont intimement liées, et leur convergence offre des opportunités extraordinaires pour la transformation du pays.

La Tunisie, tout comme de nombreuses économies à travers le monde, se trouve à un carrefour crucial de son développement économique et social. Deux thèmes dominent le débat actuel : la transition digitale et l’inclusion financière. Ces deux questions, bien que distinctes, sont intimement liées, et leur convergence offre des opportunités extraordinaires pour la transformation du pays. Dans un contexte où le paysage technologique évolue rapidement, il est impératif de repenser la façon dont la transition digitale peut être mise au service de l’inclusion financière. Ces deux enjeux majeurs façonnent l’avenir de la Tunisie. D’un côté, la transition digitale, qui a le potentiel de révolutionner la manière dont les citoyens accèdent à l’information, aux services et aux opportunités économiques. De l’autre, l’inclusion financière, qui vise à garantir que chaque individu, quelle que soit sa situation, puisse participer pleinement à l’économie formelle. Ce sujet complexe et vital a été exploré en profondeur, lors de la 25e session du Forum international de «Réalités», qui s’est tenu du 19 au 20 octobre 2023 à Hammamet.

Les initiatives isolées ne suffiront pas

Le modérateur du panel «Transition digitale pour une inclusion financière», également ancien ministre des Finances, Hakim Ben Hammouda, n’a pas manqué de rappeler que la nécessité de la transition digitale pour favoriser l’inclusion financière est aujourd’hui un défi pressant auquel de nombreux pays, dont la Tunisie, sont confrontés.

«La Tunisie, comme d’autres économies émergentes, doit composer avec un écart significatif entre les ambitions de la transition digitale et la réalité sur le terrain. Il est, donc, temps pour la Tunisie de relever le défi de la digitalisation et de l’inclusion financière en adoptant une vision globale. Les initiatives isolées ne suffiront pas à combler l’écart qui sépare actuellement le pays des meilleures pratiques internationales», a-t-il affirmé.

Dans ce même sillage, l’ancien ministre a ajouté que la digitalisation est un catalyseur essentiel pour le développement économique, social et politique de la Tunisie. Pour prospérer dans un monde de plus en plus connecté, il est impératif de surmonter les obstacles qui freinent l’adoption de ces innovations et de créer un avenir où la transition digitale et l’inclusion financière vont de pair, favorisant ainsi un développement économique et social plus inclusif.

Il est, donc, impératif de prendre conscience que la digitalisation ne se limite pas à l’ouverture de comptes sur les réseaux sociaux, mais s’étend à la transformation profonde des pratiques financières et administratives. En 2008, le paiement en ligne était déjà une réalité pour de nombreux pays, tandis que la Tunisie accusait un retard considérable dans l’adoption de ces pratiques.

L’équation de la transition digitale pour l’inclusion financière

Pour sa part, Radhi Meddeb, président du Conseil du Centre financier aux entrepreneurs, a affirmé que la transition digitale reste un défi majeur à relever pour notre pays. À l’exception de quelques initiatives notables, notamment «Smart Tunisia», le pays est confronté à des défis croissants en raison de l’évolution rapide des technologies numériques. Il est impératif donc d’adopter une approche plus ambitieuse et complète pour répondre aux défis de la transition digitale.

Un deuxième enjeu majeur est l’inclusion financière, une préoccupation récurrente des institutions financières internationales, des banques et des ONG. L’accès au financement reste compliqué pour de nombreux secteurs, malgré les chiffres officiels de bancarisation. Il est essentiel de s’entourer d’experts qui ont travaillé sur ces questions pendant des années pour élaborer des solutions adaptées.

«La bancarisation, bien que progressante, présente des défis importants. Il convient de noter que de nombreuses personnes possèdent des comptes, mais ne les utilisent que pour des transactions limitées, telles que le retrait de salaires. Il est donc essentiel de se pencher sur la qualité de la bancarisation, en veillant à ce que les gens aient accès à une gamme complète de services financiers», a-t-il souligné.

Dans le même sillage, Meddeb a ajouté que l’inclusion financière est la pierre angulaire de toutes les autres formes d’inclusion, qu’il s’agisse de l’inclusion économique, sociale ou politique. Elle permet aux individus d’accéder aux services bancaires et d’obtenir des financements pour leurs projets, favorisant ainsi leur inclusion économique. Une inclusion économique solide, à son tour, contribue à l’inclusion sociale, puis à l’inclusion politique. Par conséquent, il est impératif de mettre en place des mesures visant à améliorer l’inclusion financière.

En ce qui concerne la digitalisation, le président du Conseil du Centre financier aux entrepreneurs a affirmé qu’il est essentiel de ne pas se laisser berner par le nombre élevé de comptes «Facebook» ou d’utilisateurs de smartphones. Les deux tiers de la population n’ont jamais utilisé un ordinateur et ne sont pas familiarisés avec les technologies numériques. Il est essentiel donc de développer des initiatives visant à accroître la «littératie numérique» (la capacité d’un individu à comprendre et utiliser l’information au moyen des technologies) et à rendre les services en ligne plus accessibles.

«La rencontre entre l’inclusion financière et la digitalisation peut se faire à travers le mobile banking, la levée des restrictions en matière de micro-finance et le développement de la micro-épargne et de la micro-assurance. Il est essentiel de créer un environnement réglementaire favorable à ces initiatives. En outre, il est crucial de reconnaître que les banques ne sont pas les principaux acteurs de l’inclusion financière. Elles doivent se concentrer sur la rentabilité de leurs comptes, tandis que d’autres acteurs, tels que les institutions de micro-finance, sont mieux positionnés pour travailler avec les acteurs de l’informel et de la micro-économie», a-t-il encore précisé, tout en ajoutant que la transition digitale pour l’inclusion financière est un défi complexe, mais essentiel pour notre pays. Elle nécessite une approche plus ambitieuse et des initiatives visant à améliorer la qualité de la bancarisation, à accroître la «littératie numérique» et à favoriser l’accès aux services financiers. En combinant ces efforts, nous pouvons créer un avenir plus inclusif pour tous les citoyens.

Six axes stratégiques

Pour sa part, Feriel Chabrak, directrice générale de TBE, a assuré que la transition digitale dans le secteur bancaire est un sujet crucial, qui soulève des questions essentielles sur l’inclusion financière et la manière dont les banques traditionnelles doivent évoluer pour répondre aux besoins changeants des clients.

Une des questions fondamentales est de savoir si le rôle traditionnel des banques englobe l’inclusion financière pour tous.

Les banques traditionnelles n’ont pas historiquement ciblé un public spécifique, mais avec l’avènement de la technologie et la montée en puissance de la banque en ligne, l’heure est venue de repenser leur approche pour inclure une clientèle plus diversifiée. Selon Chabrak, pour aborder cette transition digitale, plusieurs axes sont cruciaux. Tout d’abord, il est nécessaire de se concentrer sur le client. L’écoute des besoins des clients est essentielle pour façonner les produits et services bancaires de demain. L’objectif est de créer une expérience centrée sur le client pour répondre à leurs attentes, favorisant ainsi l’inclusion financière.

Deuxièmement, l’innovation des produits bancaires est essentielle. Les produits doivent intégrer des composantes technologiques pour offrir rapidité et accessibilité, deux éléments clés pour les clients aujourd’hui. Troisièmement, la distribution des produits est un défi à relever. Les plateformes numériques offrent de nouvelles opportunités, mais l’accessibilité pour tous reste une question importante. Il est essentiel de garantir que l’ouverture de comptes bancaires ne nécessite pas des déplacements en agence.

Le quatrième point est le modèle opérationnel. La technologie ne peut pas être pleinement exploitée sans une transformation interne. La gouvernance, les processus et les structures internes doivent être alignés sur la digitalisation pour assurer une continuité et une durabilité du service.

La cinquième dimension est la technologie elle-même. Les banques doivent avoir un schéma directeur du système d’information qui favorise la digitalisation de leurs processus.

Enfin, la dimension humaine est cruciale. Une vision partagée à la fois en interne et avec les clients est essentielle pour réussir la transition digitale. Cela signifie que la banque doit travailler sur six axes fondamentaux pour mesurer sa maturité digitale. La Tunisie doit, donc, se concentrer sur ces axes pour réussir sa transition digitale et assurer une inclusion financière efficace pour tous.

Naissance de la première banque numérique

Feriel Chabrak a également souligné que la transition digitale, bien qu’essentielle pour l’avenir de la Tunisie, se heurte à des obstacles structurels.

Ces défis ne sont pas uniquement limités au secteur bancaire, mais touchent l’ensemble du paysage institutionnel. Les réformes nécessaires pour encourager l’innovation, la flexibilité et l’efficacité tardent à se concrétiser. Pourtant, il est impératif de développer un écosystème favorable à la bancarisation de qualité, à la littératie numérique et à un accès équitable aux services financiers.

«Un autre facteur essentiel dans ce contexte est la notion de «Néobank» ou banque numérique, qui incarne la convergence entre la transition digitale et l’inclusion financière.

En Tunisie, la première agence virtuelle 100% digitale a vu le jour, ouvrant la voie à une approche novatrice. Cette «Néobank» vise à fournir des services bancaires instantanés et accessibles sans nécessiter de déplacements physiques, reflétant ainsi l’essence de la transition digitale», a-t-elle annoncé.

Et d’ajouter qu’un aspect fondamental de cette évolution est le concept de «banking as a service», une collaboration entre les banques traditionnelles et les fintechs pour élargir les canaux de distribution, notamment en matière de paiements mobiles. Cependant, le chemin vers une véritable digitalisation en Tunisie reste parsemé d’obstacles structurels et administratifs qui freinent l’adoption de ces innovations.

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