FTF | Élections du nouveau bureau fédéral : Que d’enjeux, que d’attentes !
Il ne s’agira pas seulement de tourner une triste page et de changer tous les acteurs du sombre paysage. Un projet pilote de rénovation et de réforme avec une nouvelle équipe consensuelle doit être en première ligne.
La sortie, dès le premier tour de la Coupe d’Afrique des nations, a fini par convaincre la dernière poignée de réticents à précipiter le changement au niveau du la fédération. Le message a été reçu cinq sur cinq par Wassef Jlaiel, le président par intérim, qui a éprouvé l’immensité du fardeau et qui s’empresse à chercher une porte honorable de sortie. Le sélectionneur Jalel Kadri et l’équipe de Tunisie avec leur prestation, leur visage et leurs résultats médiocres dans la CAN ivoirienne ne lui ont pas tendu la perche et donné le coup de pouce espéré pour se déclarer candidat légitime à la succession de Wadii El Jary aux élections du mois de mars. A-t-il pour autant renoncé définitivement à cette ambition et décidé de s’effacer complètement du devant de la scène pour laisser la place à ces nouveaux prétendants ? Rien n’est moins sûr.
Indices révélateurs
Wassef Jlaiel a, en effet, multiplié les décisions qui témoignent de sa volonté de se démarquer pleinement de la politique de celui dont il a été plus homme de l’ombre que bras droit, Wadii El Jary. En peu de temps, il a trouvé un accord acrobatique avec la direction générale de la télévision nationale pour la retransmission des matches du championnat et des équipes nationales pour un montant raisonnable de plus de quatre milliards échelonnés tout en effaçant d’un trait de stylo une dette ancienne de plus de 7 milliards. Concession importante que n’a pas voulu faire Wadii El Jary qui a préféré le bras de fer sous couvert de défendre les intérêts financiers des clubs, plutôt que de donner satisfaction à un large public privé de matches sur sa chaîne publique accessible et resté longtemps sur sa faim.
De retour de la Côte d’Ivoire, Wassef Jlaiel a tenté, avec l’aval des membres du Bureau fédéral partant, de calmer la grande colère suscitée par une sélection noyée par la vague de critiques fondées en prenant plusieurs décisions phares. Il a commencé par limoger tout le staff technique et n’a gardé que l’entraîneur Anis Boussaïdi pour assurer en duo avec Montasser Louhichi un intérim de très courte durée. Le temps pour la Commission qu’il a désignée de donner des propositions, des noms et le meilleur profil du futur sélectionneur du team national. Il a enchaîné par la nomination de Belhassen Malouche au poste vacant de directeur technique national et de Néji Jouini comme premier responsable de la direction nationale d’arbitrage à la place de Aouez Trabelsi qui n’avait pas eu d’autre choix que de présenter sa démission. Samedi dernier, il a tenu à être présent à la réunion du nouveau locataire de la DNA, Néji Jouini, avec plus de 100 arbitres centraux et assistants qui auront à diriger les matches cruciaux de la deuxième phase du championnat toutes ligues confondues. Sans oublier le «cadeau» qu’il a fait à la Cité nationale olympique en lui restituant l’annexe sportif d’El Menzah, transformé depuis des années en propriété privée de la Fédération. Un homme partant dans un mois n’aurait pas pris une telle série de décisions et effectué un tel remue-ménage synonyme de premier grand coup de balai, s’il n’avait pas à l’esprit l’idée de sonder l’opinion publique, d’éplucher les réactions et de tâter le terrain pour étudier l’opportunité de saisir une chance qui pourrait s’offrir à lui de devenir le futur homme fort de la Fédération tunisienne de football. Le fait qu’il n’a pas convoqué une assemblée générale extraordinaire pour amender les statuts de la FTF pour plus de souplesse dans les conditions d’éligibilité énumérées dans l’article 36, durcies et cousues sur mesure aux yeux de certains pour fermer la porte devant les candidatures indésirables, donne l’impression qu’il veut accentuer cette chance de succès puisqu’il est l’un des rares qui se comptent sur les doigts de la main qui ne sont pas dans l’un des cas d’incompatibilité avec les critères de candidature, notamment les deux années universitaires réussies après le baccalauréat (alinéa a du paragraphe 1 de l’article 36 des statuts) et les quatre (4) ans d’affilée d’exercice comme président de club, d’une ligue nationale ou régionale (paragraphe 2). Même si cette non-convocation d’une assemblée générale extraordinaire paraît logique, car elle part d’un principe fondamental qui est de ne pas changer les règles du jeu et les conditions d’éligibilité à un mois de la fin d’un mandat (pour ne pas éveiller les soupçons de la Fifa et de la CAF dont les observateurs spéciaux vont superviser toutes les étapes du déroulement des élections). D’ailleurs, Wassef Jlaiel n’a pas omis de les consulter par écrit sur plus d’un détail avant de fixer la date du 9 mars pour la tenue de l’Assemblée générale élective. La neutralité du ministère de la Jeunesse et des Sports, qui n’a pas cédé aux pressions de ceux qui ont mené la vaste campagne de dénigrement du Bureau fédéral pour provoquer cette assemblée générale extraordinaire en vue d’alléger ces critères, a été perçue par Wassef Jlaiel comme un feu vert pour travailler en toute indépendance et en toute quiétude jusqu’à la tenue de l’Assemblée générale élective du 9 mars.
Elections plurielles ou liste consensuelle ?
Le Comité électoral indépendant présidé par Ahmed Kandara a fixé la date d’ouverture de dépôt des candidatures (8 février) et celle de la clôture (17 février). Les dés sont donc jetés et ceux qui ne répondent pas aux conditions d’éligibilité doivent donc s’éclipser. Surtout que le ministre Kamel Deguiche a tenu à clarifier qu’il «n’y aura pas ingérence dans tout le processus électoral, une affaire purement interne qui restera du seul ressort de la Fédération et des associations membres». Toutes les garanties ont été ainsi données pour une course ouverte et une concurrence loyale pour l’élection d’un nouveau Bureau fédéral avec un projet excitant et novateur qui ouvrira une ère nouvelle de réforme des textes et des pratiques de gestion et de gouvernance. La Fédération gardera son autonomie et son indépendance, mais pas au point d’être une tour d’ivoire et un Etat dans l’Etat. Voilà le véritable enjeu crucial de ces élections dont on doit être tous conscients. Si Wassef Jlaiel se décide à tendre la main pour une liste consensuelle où figurent des hommes de compétence et de confiance, on ne voit pas qui pourrait lui barrer le chemin. Si la voie est laissée, avec toute cette fièvre qui est en train de monter, à la division avec des listes multiples qui se livreront une bataille de succession sans grand projet et sans hommes piliers pour bien le piloter, alors on pourrait craindre le revers de la médaille.
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