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Forum Tunisien du Savoir et du Développement Humain | Colloque sur la problématique de l’eau en Tunisie : La désalinisation de l’eau, un recours inévitable

 

Dessaler des quantités de plus en plus importantes d’eau est plus qu’une nécessité, une urgence à moyen et long terme. Un moyen inévitable pour faire face aux déficits pluviométriques et au tarissement des ressources en eau. Quel qu’en soit le prix …

«L’eau de la Tunisie est potentiellement salée», a affirmé Dr Mustafa Besbès, professeur à l’Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis, à l’assistance composée d’éminents universitaires et cadres de haut rang, lors d’un colloque scientifique organisé samedi 3 juin 2023 au Forum du Lac. Une phrase lourde de sens qui résonne dans toutes les têtes, dont particulièrement celle des agriculteurs, qui doivent admettre cette dure réalité et y faire face avec leurs moyens et un accompagnement de l’Etat.

Le Forum tunisien du savoir et du développement humain (Ftsdh) présidé par Ahmed Friaa, universitaire et homme politique tunisien, a réuni des universitaires et experts sur la question de l’eau en cercle restreint pour élargir les champs de connaissance à avoir avant toute mise en place de stratégies de l’eau et tenter de résoudre sa problématique en Tunisie. Le professeur Mustafa Besbès, de l’Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis est l’un des plus grands spécialistes dans ce domaine, membre de la Maison de la Sagesse et membre associé de l’Académie des sciences de France.

Son intervention à l’ouverture a apporté beaucoup d’enseignements aux personnes qui veulent en savoir toujours davantage sur les réalités de l’eau en Tunisie pour plus de pertinence et de justesse dans leurs orientations et réflexions. Elle a été suivie de deux brèves interventions sur les répercussions économiques et sociales de la rareté de l’eau par le docteur en sociologie Abderrahman Marsani du Ceres et sur la relation forte entre l’eau et le sol par Dr Omar Mutaimet, ancien ingénieur général au ministère de l’Agriculture.

Le débat entamé par Dr Besbès est revenu aux sources des politiques et des plans nationaux en matière de gestion de l’eau.

Genèse du Plan de l’eau 

La genèse du modèle tunisien de sécurité de l’eau a commencé en 1961. Les Perspectives décennales présentent la première doctrine de développement de la Tunisie un pays jeune en termes de ressources mais vulnérable au changement climatique : «la rareté et l’irrégularité des précipitations obligent la Tunisie à employer tous les moyens pour accroître au maximum ses capacités de rétention d’eau de surface et d’exploitation d’eau souterraine.

L’irrigation vise à assurer l’accroissement de la production agricole et un meilleur degré d’autosuffisance alimentaire». En 1975, le Code des eaux a été rédigé qui forme l’assise juridique du Plan. En 1992, les premiers signes d’atteinte des limites de la ressource et la politique de l’offre doivent laisser la place à une approche fondée sur la gestion de la demande. Avec la mondialisation et la croissance démographique (4.2 M d’habitants en 1961 puis 8.8 M en 1992), le concept d’autosuffisance va laisser la place à celui de «sécurité».

Comme les temps ont changé et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, d’autres moyens et champs d’intervention pour assurer les besoins en eau de la population ont été mis en place : la réutilisation des ressources en eau, la salinité des nappes souterraines, le degré des précipitations. Ce sont toutes des problématiques qu’a abordées Dr Mustafa Besbès pour être connues de tous et soulever les axes et les orientations avant toute planification d’une stratégie de l’eau en Tunisie. Dans le but de garantir nos besoins en eau potable pour une longue période.

Répartition déséquilibrée

Comment se présentent alors nos ressources en eau ? « La répartition géographique à la lecture de la carte des précipitations montre qu’elle est très déséquilibrée » selon Dr Besbès.

S’agissant du devenir des précipitations au sol, selon lui, la sécurité alimentaire est une partie intégrante de la sécurité de l’eau. La sécurité nationale de l’eau recouvre une partie de la sécurité d’approvisionnement en eau et la sécurité alimentaire. A ce titre, la répartition est de 97% pour la demande alimentaire contre 3% pour l’eau potable, l’industrie et les écosystèmes. Il y a d’autres étapes indispensables qui se résument en : sécuriser l’approvisionnement, protéger les besoins en ressources, anticiper les changements et former des réserves stratégiques pour les métropoles urbaines en cas de crise et une nouvelle gouvernance de l’eau.

L’éducation à l’eau est une façon de revenir aux sources des bonnes pratiques et habitudes en matière d’utilisation et d’exploitation de l’eau qu’il faut inculquer à tous, particulièrement les plus jeunes. Les bailleurs de fonds ne veulent pas financer les aspects sur l’éducation à l’eau mais les intervenants estiment que le jour viendra où il va falloir recourir à cette nécessité et passer par cette étape. En attendant que les plans de désalinisation de l’eau se mettent en place.

Pour rappel, la station de dessalement de l’eau de mer à Sidi Abdelhamid, dont la construction a démarré en 2018, sera prête au cours de l’été 2023. Moyennant un investissement de 128 millions de dinars (MDT), elle sera en mesure de dessaler près de 50.000 m3 d’eau de mer par jour, dans une première étape.

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