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«Fitch Ratings» abaisse la note à long terme des Etats-Unis de «AAA» à «AA+»: Coup dur pour les Bourses mondiales

La semaine dernière, l’agence de notation «Fitch» a abaissé la note de crédit du gouvernement des Etats-Unis en raison de plusieurs facteurs : «le fardeau croissant de la dette» et «l’érosion de la gouvernance». Selon les spécialistes, l’abaissement ne devrait pas avoir d’effet à long terme, en revanche, il a jeté un froid dans le milieu des bourses mondiales.

« Fitch », l’une des trois grandes agences indépendantes qui évaluent la solvabilité, a abaissé la note de crédit des États-Unis de AAA à AA+. Cette dégradation reflète « la détérioration budgétaire attendue au cours des trois prochaines années, une charge de la dette publique élevée et croissante et l’érosion de la gouvernance par rapport aux autres pays », a déclaré « Fitch » dans un communiqué.

Principaux facteurs de notation

Il s’agit, selon l’agence de notation, d’une conséquence de décennies qui se sont manifestées par des impasses répétées sur les limites de la dette et des résolutions de dernière minute.

« Fitch » explique qu’il y a eu une détérioration constante des normes de gouvernance au cours des 20 dernières années, y compris en matière budgétaire et de dette, malgré l’accord bipartisan de juin visant à suspendre la limite de la dette jusqu’en janvier 2025.

Pour la secrétaire d’État au Trésor, Janet Yellen, cette dégradation serait  « arbitraire et fondée sur des données obsolètes ». Elle a exprimé son « profond » désaccord avec la nouvelle note. Il s’agit de la première dégradation de la note des États-Unis par une grande agence de notation depuis plus de dix ans et elle intervient dans le cadre d’une nouvelle série d’affrontements politiques sur les emprunts d’État. Selon le « Fitch Ratings », « le gouvernement ne dispose pas d’un cadre budgétaire à moyen terme, contrairement à la plupart des pairs, et a un processus budgétaire complexe. Ces facteurs, additionnés à plusieurs chocs économiques ainsi que des réductions d’impôt et de nouvelles initiatives de dépenses, ont contribué à des augmentations successives de la dette au cours de la dernière décennie. En outre, seuls des progrès limités ont été réalisés pour relever les défis à moyen terme liés à l’augmentation des coûts de la sécurité sociale et de l’assurance-maladie en raison du vieillissement de la population ».

En ce qui concerne l’augmentation des déficits des administrations publiques, « Fitch » prévoit que le déficit des administrations publiques (GG) atteindra 6,3 % du PIB en 2023, contre 3,7 % en 2022, reflétant des recettes fédérales cycliquement plus faibles, de nouvelles initiatives de dépenses et une charge d’intérêts plus élevée.

De plus, les gouvernements des Etats et locaux devraient enregistrer un déficit global de 0,6 % du PIB cette année après avoir enregistré un léger excédent de 0,2 % du PIB en 2022.

Côté augmentation de la dette publique générale, «la baisse des déficits et la forte croissance du PIB nominal ont réduit le ratio de la dette-PIB au cours des deux dernières années. Ce ratio reste toujours bien supérieur au niveau d’avant la pandémie.

Bouleversement des places boursières

Suite à l’abaissement de la note de solvabilité des Etats-Unis, un froid a  régné sur les marchés mondiaux depuis mercredi dernier, où les investisseurs délaissent les actions et se tournent vers des actifs refuges.

En Europe, les indices boursiers ont perdu jusqu’à 1,5% dans la matinée. Vers 13h05, Paris cédait 0,56%, Londres 0,97%, Francfort 0,71% et Milan 0,70%. A Wall Street, le Dow Jones devrait ouvrir en baisse de 0,27%, le S & P 500 en recul de 0,45% et le Nasdaq en baisse de 0,74%, selon leurs contrats à terme. Le repli est bien plus prononcé en Asie où l’indice principal de Tokyo a perdu 2,30% et celui de Hong Kong 2,47%.

L’annonce a d’abord provoqué une baisse du dollar par rapport à l’euro, puis les investisseurs ont choisi de privilégier les actifs jugés peu risqués, comme les obligations, le dollar (+0,05% à 0,9109 euro pour un dollar vers 13h00) ou l’or (+0,43% à 1.952 dollars l’once).

Par conséquent, les taux d’intérêt des dettes souveraines, qui évoluent en sens inverse du prix des obligations, ont été en légère baisse. Le taux de la dette américaine à 10 ans valait 4,02% et celui de même échéance de l’Allemagne 2,51%.

Pierre Veyret, analyste, affirme que «la perte du triple « A » américain ne constitue pas un changement de donne sur les marchés financiers, mais est suffisamment importante «pour devenir un catalyseur baissier à court terme». Il a incité les investisseurs à récupérer leurs gains des dernières semaines, « en particulier après de nouveaux sommets historiques sur les marchés européens ».

En ce qui concerne le plus long terme, l’analyste John Canavan ne s’attend pas à ce que la dégradation de la note ait un impact durable sur le marché. « Les fonds mondiaux achètent de la dette américaine parce qu’il s’agit de l’option d’investissement la plus sûre et la plus liquide », rappelle un autre économiste, qui prévient, cependant, que l’attrait pour les bons du Trésor pourrait être « légèrement terni ».

Perspectives peu gaies pour la Chine

Pour la grande majorité des financiers, cette baisse de la note américaine n’est pas synonyme de faiblesse pour la croissance américaine. Mais les marchés, qui s’interrogent sur la solidité de l’économie américaine confrontée à une remontée brutale des taux d’intérêt, ont vu d’un mauvais œil la publication d’une contraction de l’activité manufacturière, en juillet, aux Etats-Unis, et de résultats d’entreprises mitigés.

D’autant plus que les dernières statistiques économiques en provenance de Chine, deuxième économie mondiale, ne sont guère plus réjouissantes et pèsent sur les perspectives mondiales.

Il est également à signaler que les cours du pétrole montaient légèrement, poussés par l’étroitesse du marché, la réduction de l’offre provenant de l’Arabie saoudite et de la Russie, et des premiers chiffres sur les réserves commerciales américaines.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en octobre, prenait 0,75% à 85,55 dollars. Quant au baril de « West Texas Intermediate » (WTI) américain, à échéance septembre, il gagnait 0,84% à 82,06 dollars. Le bitcoin montait de 1,05% % à 29.515 dollars.

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