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Festivals : Un « gros mot » ouvre de grands chantiers culturels

 

La ministre des Affaires culturelles, Dr Hayat Guetat Guermazi, a convoqué hier la directrice de l’Etablissement national pour la promotion des festivals et des manifestations culturelles et artistiques, le directeur général du Centre culturel international de Hammamet-Maison Méditerranéenne de la Culture et des Arts et les membres des deux comités directeurs des festivals internationaux de Carthage et Hammamet pour réfléchir sur les enjeux les plus importants des manifestations culturelles et revoir les options artistiques ainsi que les modalités d’organisation et de diffusion des œuvres programmées en coordination avec le ministère et les autres autorités concernées.

Comme à l’accoutumée en été, presque toutes les villes de Tunisie se parent de leurs plus beaux atours pour accueillir des festivals. Tunis, Hammamet, Monastir, Sousse, Bizerte… Autant d’escales programmées pour accueillir, à bras ouverts, théâtre, chant et musique. Le ton a déjà été donné pour certains festivals. Cependant, on déplore un basculement de la programmation culturelle de haut niveau vers un système marchand où l’art, le vrai, n’occupe pas encore une place de choix dans ces manifestations où il fait pâle figure.

Pourtant, la création engagée qui a donné naissance aux premiers festivals sur des sites historiques et des théâtres antiques se voit éclipser par le raz-de-marée des spectacles musicaux, tous genres confondus. Le public, en majorité jeune, montre un certain désintérêt pour les vraies œuvres culturelles, mais les professionnels, à cor et à cri, partent quand même à l’assaut des scènes les plus reculées et à la rencontre d’un potentiel sûr.

Il n’empêche, les festivals ont le mérite de relavoriser le patrimoine, de donner une meilleure place à la culture et, partant, d’animer, tout au long de l’été, des villes et des espaces. Lorsqu’on sait que ces évènements drainent un public de plus en plus nombreux, il devient impensable de se contenter d’amateurisme et d’à-peu-près.

Car la réussite de ces festivals n’est plus l’affaire de ceux qui ont lancé ces rendez-vous mais incombe à tous les acteurs concernés. En effet, le savoir-faire, la maîtrise et la bonne organisation de ces manifestations reposent sur un travail d’équipe concerté et intelligent. Mais au regard des enjeux d’un développement de l’éducation artistique et culturelle, plusieurs pistes sont ouvertes pour former les publics de demain, initier un rapport intime et chaleureux à la culture et contribuer à la construction de la personne. Elles impliquent toutes que le travail de l’artiste  soit reconnu comme une composante professionnelle de son métier d’artiste, avec toutes les conséquences qui en découlent.  En effet, le développement de l’éducation artistique et culturelle est une priorité de la politique nationale à laquelle le Président de la République et la ministre des Affaires culturelles attachent la plus grande importance, parce qu’elle participe à la formation de la personne et du citoyen. Et comme c’est bien la formation des enfants et des jeunes envisagés en tant que tels, et non pas seulement en tant que futurs adultes et futurs spectateurs ou amateurs d’œuvres qui est en jeu, il faudrait favoriser uniquement la circulation des spectacles artistiques de haut niveau. Car à travers les festivals, c’est bien  toute la sphère de la création artistique qui se trouve offerte à la curiosité et à l’intérêt de ce jeune public.

Et si on vient de vivre un sinistre épisode au Festival international de Carthage mais qui n’est pas le premier car de pareils incidents se sont déroulés ailleurs en Tunisie, à cause notamment d’un gros mot utilisé par l’artiste sous forme d’improvisation déplorable, ce mot débité à l’insu des organisateurs devrait ouvrir les gros chantiers culturels au niveau du rôle et de la mission des festivals, de la qualité de la programmation et de la sélection rigoureuse des artistes. A cet effet, la ministre des Affaires culturelles, Dr Hayat Guetat Guermazi, a convoqué hier la directrice de l’Etablissement national pour la promotion des festivals et des manifestations culturelles et artistiques, le directeur général du Centre culturel international de Hammamet-Maison Méditerranéenne de la Culture et des Arts et les membres des deux comités directeurs des festivals internationaux de Carthage et Hammamet pour réfléchir sur les enjeux les plus importants des manifestations culturelles et revoir les options artistiques ainsi que les modalités d’organisation et de diffusion des œuvres programmées en coordination avec le ministère et les autres autorités concernées.

La ministre a souligné l’importance du rôle confié aux établissements publics à caractère non administratif sous tutelle du ministère des Affaires culturelles, qui supervise l’organisation des festivals, ainsi qu’aux organismes chargés de la gestion de festivals, pour promouvoir le goût du public en examinant les choix artistiques, dans le strict respect du public tunisien, et veiller à ne pas déroger à la politique culturelle de l’Etat, notamment en ce qui concerne le renforcement du rôle des festivals de référence, soulignant que ce qui s’est passé lors de la « Nuit du rire » au Festival international de Carthage est une faute grave inacceptable qui porte atteinte aux bonnes mœurs et qui est punie par la loi, ce qui a été confirmé par le Président de la République, Kaïs Saïed, lors de sa rencontre mardi avec la ministre des Affaires culturelles.

La ministre a, à cet effet, appelé à accélérer l’élaboration d’une étude d’évaluation sur la capitalisation de l’expérience de passation de la gestion des festivals internationaux de Carthage et Hammamet à des comités indépendants pour connaître les points positifs et négatifs de cette démarche en vigueur ces dernières années et de revoir cette option dans le but d’améliorer la qualité des spectacles programmés et de promouvoir le goût artistique général. La ministre a aussi appelé à se contenter à l’avenir d’un certain nombre de grands spectacles de haute qualité artistique à même de se produire sur la prestigieuse scène du théâtre antique de Carthage et à la hauteur de son histoire glorieuse.

Elle a également insisté sur la nécessité de revoir la perception artistique générale du Festival international de Carthage en puisant dans le passé de cet événement culturel qui a accueilli de grands artistes internationaux, et qui a été et est toujours une rampe de lancement pour des artistes tunisiens confirmés. Elle a également exprimé la nécessité de revoir les normes de location du théâtre antique de Carthage aux privés et de veiller à la préservation de ce monument qui est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

La ministre des Affaires culturelles a également appelé les instances organisatrices des festivals internationaux de Carthage et Hammamet à coordonner leurs efforts pour reconsidérer les dates de leur organisation et réduire la durée de chacun d’eux afin de préserver les spécificités et la qualité des représentations et d’optimiser l’emploi des budgets alloués aux deux événements.

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