Culture

« Festival National du Théâtre tunisien – Saisons de la Création » – Rencontre – Débat au 4e Art : « Le théâtre aux temps de la résistance »

 

L’art peut-il et doit-il avoir une voix quand le monde souffre ? Quel rôle peut-il avoir quand l’humanité est en souffrance ? Rencontre autour du théâtre et de la résistance au cœur du débat au 4e art à l’occasion du Festival national du théâtre tunisien.

L’art est, par essence, un acte de résistance, et même si les voies s’entremêlent et les sentiers divergent, la résistance en tant qu’engagement est inhérente à chaque voie artistique. Réceptacle de toutes les autres formes d’expressions artistiques  et véritable traduction de la possible convergence de tous les arts, le théâtre s’inscrit parfaitement dans cette vocation.

Depuis ses origines, le théâtre, tout comme les autres formes artistiques, a engendré un vaste corpus qui a éloigné les œuvres d’art, de manière générale, de son caractère instantanément consommable et éphémère. Il lui a conféré des perspectives profondes visant à enrichir l’expérience humaine dans un monde en constante évolution.

C’est autour de cette thématique des plus actuelles que le metteur en scène et dramaturge Hammadi Ouhaibi a dirigé une rencontre intitulée “Le théâtre aux temps de la résistance”, qui a eu lieu samedi dernier dans le cadre de la première édition du festival national du théâtre tunisien.

Dans sa présentation inaugurale de la rencontre, Hammadi Ouhaibi a commencé par souligner que, quelle que soit la férocité de l’agression contre la Palestine, la résistance restera plus féroce et plus durable. Dans la première séance présidée par le professeur Mohamed Massoud Driss, Hatem Maroub a présenté une intervention sous le titre « Le théâtre est le compagnon de la résistance » dans laquelle il considère que parler du théâtre de la résistance nécessite un grand effort de réflexion sur ses composantes, son discours et son esthétique… car l’action théâtrale intervient généralement plus tard sous une forme  plus réflexive puisque le traitement nécessite une certaine distance par rapport aux faits d’actualité. Hatem Maroub a souligné que le théâtre est par définition un engagement et un positionnement qui s’oppose à l’autoritarisme, à la violence, à l’extrémisme, l’injustice et l’obscurantisme…

Fayza Messaoudi a évoqué l’importance du théâtre comme force de suggestion et force de transmission. Dans sa réflexion, elle évoque également une définition de l’art engagé et l’art militant en citant des exemples du théâtre tunisien qui ont soutenu la lutte pour la libération et qui ont continué à faire de la défense des droits de l’homme et les libertés une thématique centrale dans ces créations.

De son côté, Houssem Messadi a choisi de titrer son intervention « Le théâtre dans sa forme définitive, une lecture d’un jeu que pratiquent les enfants de Gaza «Je suis un martyr ». Dans ce jeu, les enfants de Gaza s’amusent en interprétant le rôle des porteurs de cercueils, en scandant «Le martyr Habib Allah».

Hossam Messadi, dans son analyse, évoque ce jeu comme une sorte de résistance pour vaincre la brutalité de la réalité, soulignant que le théâtre est un refuge pour l’humanité et que jouer, même un jeu macabre, reste une parodie de la mort pour neutraliser la peur et fuir la réalité avec toute sa cruauté en lui donnant cette théâtralité quasi spontanée.

A  propos de la tragédie au théâtre  et des caractéristiques des héros tragiques et de leurs rôles, Ines Zarg Ayouna avance dans son intervention  « que l’intention de la dramaturgie dans le théâtre tunisien a pour objectif de construire une œuvre engagée pour une cause humaine ou sociale ou de défendre la possibilité de pratiquer son art comme riposte aux différentes formes de  marginalisation du rôle de l’artiste et de l’art, nous nous retrouvons, dans tous les cas de figure, dans la construction tragédienne qui est une parfaite incarnation de l’acte de résistance d’un théâtre qui incite le public à repenser, révolutionner, résister.

Dans une description poignante du sens que nous donnons au mot “martyr”, de la douleur d’une vie entourée de ruines et de mort en Palestine, Hatem Telili Mahmoudi  revient sur la définition du théâtre domestiqué et du théâtre rebelle souvent réprimé en citant l’exemple de la pièce « La Reine des Pigeons » de l’écrivain Hanoch Levin, présentée au lendemain de la guerre de 1967 et qui fit sensation sur l’État sioniste et déstabilisa ses dirigeants qui y firent face avec intimidation, dissuasion et répression…

Seifeddine Ferchichi considère que les théâtres de résistance marquent leur présence dans de multiples exemples du théâtre moderne et contemporain, comme le théâtre espagnol, qui transportait au sein de ses troupes des combattants contre la dictature, le théâtre français à l’époque de l’occupation allemande, le théâtre russe pendant la révolution bolchevique et le régime de Staline, le théâtre tunisien résistant au colonialisme puis résistant à la pensée et aux agressions intégristes après la révolution de 2011.

Et même en Palestine occupée, le théâtre palestinien résiste au quotidien et parmi ses espaces les plus importants le « Théâtre de la Liberté » à Jénine, qui a produit des pièces importantes telles que « Le siège », « Je suis ici ! » et « Retour en Palestine ». Seif Eddine Ferchichi affirme que les théâtres en Palestine représentent, inconditionnellement, une accusation et une condamnation flagrante de l’Etat d’Israël qui, par des bombardements, des persécutions et intimidations récurrentes s’attaquent aux artistes et aux fonctionnaires de ces lieux.

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