Festival International du film amateur de Kélibia (Fifak) : Guerre, crise et conversations intimes
Troisième soirée compétitive au Fifak et le théâtre de plein air est encore une fois plein. La veine cinéphilique ne semble pas tarir et les projections se prolongent à travers de longs et passionnés débats.
La soirée du mardi nous a dévoilé quelques films qui expriment sensibilité et intention claire, elle a été également marquée par un programme spécial, en hommage à la Palestine, avec trois courts métrages réalisés par des enfants. Les conflits, les guerres et les crises dans le monde arabe sont un arrière fond commun pour la majorité des films proposés. Qu’ils soient documentaires ou de fiction, subtils ou directs, réfléchis ou maladroits, ils partagent tous ce désir de dénonciation, cette poésie du chaos, ce langage fragile à vouloir chercher le ton qui exprimerait leur pensée.
“Happy land” de Nour Khayr Al Anam de Syrie est un film fort par son scénario et son jeu d’acteurs. Un film qui place son personnage dans une situation cocasse à laquelle il doit trouver une sortie. Enterrer son fils semble être chose évidente, mais ce n’est pas le cas pour notre personnage. Il se retrouve à chaque fois embourbé dans une situation encore plus absurde que la précédente. Les événements se précipitent pour un dénouement intelligent.
Pour le film irakien «Last dream» de Malak Mnahy, les choix vont vers une piste plus recherchée pas toujours aboutie, mais qui touche par la sincérité de son propos. Le peintre qui capte les rêves de ses modèles, la femme qui cherche dans son image un amour perdu et les obus qui rompent le fil des émotions et séparent les rêves de la réalité.
«Summer City And a camera” du Palestinien Anas Zawahri, quoique maladroitement fait, avec des intentions mal structurées, nous plonge dans une image urbaine d’encombrement, de bruit et de laideur. La ville vue par ce cinéaste amateur reflète le sentiment d’étouffement et d’isolement qu’il a réussi un tant soit peu à nous transmettre. Avec le film tunisien «Les 6 tours» de Maya Blouza, nous sortons de ces problématiques pour entrer dans l’intimité d’une relation mère-fille. L’écriture est subtile, le jeu d’acteurs est convaincant et maîtrisé et l’esthétique est adaptée au sujet. Entre le sublimé et la réalité, les limites sont fragiles, mais l’œuvre se tient dans l’ensemble..
La compétition se poursuit avec d’autres films et d’autres propositions, les ateliers ont pris leur rythme de croisière. Le Fifak prendra fin ce soir. Et nous continuons à suivre une multitude de vies à travers des images réfléchies, d’autres construites et d’autres en cours d’apprentissage.
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