Culture

Festival international de Carthage | Trio Joubrane et Taqsim : La vérité des instruments

Il pleuvait des notes d’amour et des tempi émouvants dans l’air ; un public, jeunes et moins jeunes, sans distinction, attentionné, en accord avec les musiciens, soulevé par le mouvement ou assagi par les soli littéralement  envoûtants. Bref, un public idéal pour la musique instrumentale.

Taqsim nous a offert un voyage orientalisant; belles couleurs sur les bords du Bosphore, loin dans l’histoire ottomane, ponctué par des airs tziganes, du flamenco : le programme est homogène quand même; des sons typiques du baglama (variante du Saz), tenu de main de maître par Ismail Tunçbilek, de la clarinette de Hüsnü Selendirici et du Qanun par Aytaç Dogan. Une chanson de Saliha en cadeau, un deuxième morceau nuancé d’Oum Khalthoum comme cerise sur le gâteau et le tour est joué. Standing ovation. Le trio Joubrane entre en scène sous une tempête d’applaudissements, Adnan commence fort «Taisez-vous, les anges planent dans le ciel de Carthage» (imaginez la réaction).

Trois ûdistes (Wissem, Samir et Adnan) qui ont écumé les salles prestigieuses du monde et qui redoutent une seule chose «l’arrêt des frémissements du cœur», dira Samir, l’aîné des Joubrane; ils sont accompagnés par un percussionniste iranien et un Qanun. La terre est au centre du programme, plus précisément la poésie qui domine cette terre: le poète-messager Mahmoud Darwich.

L’expédition est passionnante, épique ; l’humeur est, malgré tout, à l’optimisme, parce qu’«il n’y a pas de terre au sens géographique, ni topographique, il y a une idée de la terre, une vision, une belle idée âgée mais attachante, une vision qui, pour nous, a un nom : Palestine», dira Adnan. L’hommage aux mots continue dans un recueillement divin, un jeu d’instruments brillant, des dialogues de ûds admirables, ici on ne démontre pas sa virtuosité, elle est naturelle, le public écoute, contemple, subjugué par la beauté et l’intelligence des instrumentistes. Tout d’un coup résonne un air connu (Wa hayati ândek) de Dhikra Mohamed, le public chante, les musiciens apprécient, suit (ahwak outmana laou ansak) de Abdelhalim Hafedh; le délire.

Une mélopée fabuleuse du percussionniste iranien, longue, pathétique, soutenue par les ûds avait de quoi réveiller les morts ; pourtant, le public était bien vivant, exalté, à l’affût des moindres détails de la musique et des mots. Le résumé est dans la musique et dans une phrase de Adnan «vous êtes le meilleur public du monde».

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