Exposition de Nabil Saouabi à la galerie Yosr Ben Ammar: Alter ego ou acolytes ?
La galerie Yosr Ben Ammar expose une série de gravures de l’artiste visuel tunisien Nabil Saouabi. On y découvre les personnages qui font la signature de l’artiste.
Qu’ils soient des métèques, des aborigènes, des chamans, des chasseurs, des guerriers, des colosses, les dessins de Nabil Saouabi « laissent entrevoir une âme humaine originelle brute et dénudée qui même si les étapes qui ont conduit à leur naissance se multiplient, ils sont de plus en plus à nu et solitaires», lit-on dans un texte introductif.
Autant d’estampes dévoilées à travers les épreuves de ce grand dessinateur et graveur qui accouche avec cet art intimiste qu’est la gravure de parties de lui-même. «La gravure, et plus spécifiquement l’aquatinte donne un univers de vie au dessin, lui donne son appartenance, son attache, sa terre et sa lumière et c’est ce qui fait muter le dessin vers l’estampe», lit-on encore.
La cuisine elle-même de la gravure (dégraisser, résiner, vernir, couvrir, mordre, laver, imprimer…) transforme l’habitat et l’habit du dessin. Autant d’étapes décisives qui amènent l’artiste comme son dessin vers des paysages atypiques des fois insoupçonnés, mais bien soignés, avant de satisfaire complètement l’artiste.
Chez Nabil Saouabi, cela donne lieu à une palette de personnages qui sortent de l’ombre de l’atelier, des plaques gravées, se nourrissant de l’encre de vie, et se dénudent sous l’effet des acides : «Ils s’arrêtent et se désintéressent de tout jugement, s’exhibent, triomphent de leur solitude, brandissant l’objet de leur perte ou de leur jubilation, entretenant le mystère de la vie, évoluant dans des paysages désertés entre la densité d’une matière rocheuse et la légèreté d’un ciel nuageux, ou encore des intérieurs surchargés se jouant de tous les codes».
Artiste visuel, Nabil Saouabi est né en 1972 à Jendouba. Après des études menées à l’école des Beaux-Arts de Tunis, il y obtient tour à tour son master en 2002, spécialisé dans la spécialité gravure qu’il enseignera à l’école des Beaux-Arts et son doctorat en 2013 en sciences et techniques des arts.
Pour lui, l’art est au premier chef un acte fort de résistance et d’engagement tous azimuts. C’est un artiste pluridisciplinaire exploitant toute une panoplie de médiums (peinture, gravure, vidéo, installation, etc.). Mais, c’est la peinture et la gravure qui demeurent de loin ses techniques de prédilection, celles qu’il privilégie à toutes les autres.
Son univers artistique, qui s’inspire de l’image médiatique, cinématographique ou picturale, oscille entre politique et poétique avec une dimension spirituelle. Ses personnages sont précipités dans des situations livrées à eux-mêmes ou piégés et suspendus dans une espèce de temps mort. Un univers d’ambiguïté et d’incertitude reflétant des soucis existentiels, entre deux rives : la mythologie collective et la mythologie personnelle.
Artiste passionné, il évolue avec agilité et grâce d’une technique à une autre et d’un procédé à un autre dans une dynamique de création toujours renouvelée. Il reconstitue un univers plastique qui met en scène le rapport de l’être humain entre l’actuel et l’éternel. Ces images qu’elles soient d’ordre politique, ethnique, social ou même cinématographique, fonctionnent comme une matrice dans son travail. Autant d’éléments qui permettent d’installer une action de libération des mémoires à travers une mise en scène ou scénographie dans une narration anachronique. Entre le ciel et la terre, entre l’ombre et la lumière, entre le tragique et le comique, entre l’éternité pesante et l’insoutenable légèreté de l’être se dessine l’acte de création comme ultime voyage. En 2000, il réalise sa première exposition personnelle et depuis, il participe à de nombreuses expositions en Tunisie et à l’étranger comme Dak’Art Beijing, et la VIe Biennale Internationale de la gravure de l’Île-de-France ainsi que des foires internationales 1-54 Contemporary African Art à New York, Art Dubaï, Investec Cape Town Art Fair, Parallel ViennA.
Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections privées en Tunisie, en Europe et au Moyen-Orient, et figurent également dans les collections du ministère de la Culture tunisien.
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