Étude : plus de 60 % des migrants subsahariens sont arrivés en Tunisie via l'Algérie

Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a réalisé une étude de terrain sur la question migratoire sous la direction d’une équipe de chercheurs.
Les migrants ayant participé à l’étude provenaient de 23 pays africains. Selon l’échantillon interrogé, le Soudan est en tête (14,2%), suivi de la Guinée Conakry, tandis que la Mauritanie, l’Éthiopie et l’Érythrée sont les derniers pays en nombre de migrants sur le sol tunisien.
Les migrants en situation irrégulière représentent 62,8 % des personnes interrogées, tandis que les demandeurs d’asile représentent 25 %.
Près de 30 % des participants poursuivaient leurs études dans leurs pays d’origine avant de partir, et 14 % d’entre eux étaient employés de manière permanente.
Les raisons de la migration sont complexes, en particulier politiques et économiques. A la tête de ces motivations sont les régimes oppressifs (66 %), suivis du changement climatique (54 %). Les migrants sont arrivés en Tunisie par la frontière terrestre avec l’Algérie pour plus de 60 % des cas et par voie terrestre via la Libye pour plus de 23 %, ce qui fait de la frontière terrestre le principal point de passage pour plus de 83 % des migrants.
Une fois arrivées en Tunisie, 45 % des personnes interrogées disent avoir poursuivi leur voyage migratoire à pied. 12 % des personnes interrogées sont accompagnées d’au moins un ou plusieurs enfants à leur charge. Actuellement, 52% des personnes interrogées sont sans emploi.
Par ailleurs, l’étude a révélé que 75 % des personnes interrogées ont été contraintes à changer de domicile à plusieurs reprises en Tunisie au cours de l’année passée, la principale raison étant d’éviter les contraintes de sécurité, suivie de la violence des habitants des régions où elles s’étaient installées auparavant et de la recherche de régions plus accueillantes pour les migrants. Actuellement, plus de la moitié des personnes interrogées vivent dans des conditions précaires et indignes (rues, parcs, tentes, en plein air, etc.).
Depuis leur arrivée en Tunisie, 77 % des migrants disent avoir été victimes d’une ou plusieurs formes de violence. La première forme de violence envers les migrants est la violence verbale (67% au moins une fois), suivie de la violence physique (56,7% au moins une fois). Selon eux, ces violences émanent principalement de « groupes de délinquants ». Lorsqu’ils sont victimes de violences en Tunisie, seulement 5 % des migrants disent avoir déposé une plainte, tandis que 40 % des victimes de violences s’abstiennent de le faire en raison de leur statut administratif et 12 % parce qu’ils ne connaissent pas les démarches à suivre.
Les migrants font face à divers problèmes dans leurs environnements actuels d’habitation, tels que la violence entre migrants, l’impossibilité de communiquer avec leurs familles dans leurs pays d’origine, ainsi que la violence exercée par des Tunisiens.
Il est à noter que 40,1 % des migrants ne disposent pas d’accès à l’eau potable et près de 70 % affirment connaître des migrants en manque de nourriture.
La situation financière (93%) et la crainte d’être arrêté (90%) sont les principales difficultés auxquelles les participants font face pour accéder aux soins de santé.
S.H
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