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Entreprises publiques : La bonne gouvernance en point de mire

Chaque fois qu’on parle de pression financière sur le budget de l’Etat, ou encore de besoin urgent de maîtrise des dépenses, les regards se tournent systématiquement vers les entreprises publiques (EP).

Il est vrai justement que la performance de cette catégorie enchante peu.  Elle n’arrive toujours pas à répondre aux exigences de l’économie tunisienne faute certainement d’une gouvernance saine et efficace.

C’est pour cette raison d’ailleurs que l’avenir de ces entreprises se retrouve souvent au cœur du débat national. Surtout que depuis quelques années, elles sont devenues malheureusement une lourde charge pour l’Etat et son budget.

Certaines statistiques, malheureusement en mal d’actualisation, retiennent des indicateurs qui donnent des frissons. On parle ainsi de dettes garanties par l’Etat représentant environ 15% du PIB, alors que les arriérés (envers l’Etat) constitueraient 5,6% du PIB. Ces indicateurs sont à prendre avec beaucoup de réserve, car certaines institutions retiennent des taux beaucoup plus élevés. Alarmants même.

La mauvaise performance de ces entreprises s’explique par le ralentissement significatif de leurs activités tout au long de ces dernières années.

Une contre-performance qui amène souvent l’Etat à intervenir rapidement, à travers d’importantes injections financières pour maintenir l’équilibre des EP et garantir ainsi leur pérennité. Les statistiques retiennent ainsi une valeur annuelle d’injection financière qui représenterait plus de 8% du PIB.

Reste qu’aujourd’hui, la situation financière de l’Etat ne lui permet certainement plus d’administrer régulièrement de telles perfusions.

L’enjeu d’une performance durable

Il est important donc d’agir vite et de trouver des solutions concrètes qui soient en mesure de relancer les EP, élargir leurs activités, améliorer leur niveau de rentabilité et plus important encore, leur garantir une performance durable.

La tâche semble réellement difficile, surtout que la privatisation n’est pas encore à l’ordre du jour, et elle ne le serait certainement pas. C’est une ligne rouge. Il faut donc chercher les bonnes réponses au niveau de la gouvernance.

Et à ce stade, le chantier serait assez grand, car, comme on l’a déjà soulevé dans ces mêmes colonnes, le système de gouvernance actuel appliqué est largement dépassé. Tout comme notre modèle de développement économique dans son ensemble.

C’est un système peu dynamique, et loin de répondre aux exigences de l’économie nationale. Il faut donc penser de toute urgence à un nouveau modèle qui repose sur des règles précises, notamment la planification, le suivi régulier de la gestion, la mesure périodique de la performance ou encore la projection d’objectifs à court, moyen et long terme.

Justement, le problème essentiel des entreprises publiques tunisiennes est, comme l’attestent certains analystes, le manque d’implication ou plutôt le manque de sérieux au niveau de la direction des affaires de l’entreprise. C’est une navigation à vue qui caractérise une grande partie de nos entreprises. Sans parler, bien entendu, du manque de qualification des ressources humaines y exerçant.

Il faut préciser à ce stade que la politique de recrutement a toujours constitué un point d’interrogation au niveau des EP. Et cela pourrait s’expliquer par le fait que certaines entreprises sont gérées comme on gère une ferme familiale, alors que d’autres, et comme le précise d’ailleurs le Chef de l’Etat lors de la réunion, le 4 novembre dernier, du Conseil de sécurité nationale, sont contrôlées par des groupes d’intérêts et des lobbies.

Deux facteurs graves, donc, qui n’ont cessé tout au long de ces dernières années d’affecter sérieusement la bonne gestion de ces unités et surtout de nuire à l’économie nationale et ses finances.

Aujourd’hui, un tel laisser-aller n’est plus permis, car la santé de notre économie dépend en bonne partie de la performance de nos entreprises publiques. Il leur faut donc et urgemment une nouvelle méthode de gouvernance.

Sur ce point précis, on espère que l’adoption, depuis presque un an, d’un décret modifiant la loi sur la gestion des entités publiques aidera, même progressivement, à redresser la barre. Un tel pari dépend toutefois du degré d’application et du respect des principales clauses retenues.

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