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En pleine incertitude : Le Néerlandais Mark Rutte prend la tête de l’Otan

 

Une éventuelle victoire de Donald Trump, le 5 novembre, hante les couloirs du siège de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord à Bruxelles, où les menaces d’un retrait américain lancées par l’ancien président des Etats-Unis résonnent toujours.

SYNTHÈSE — L’ancien Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a pris hier la tête de l’Otan, au moment où cette alliance de 32 pays occidentaux est en pleine incertitude, à un mois de l’élection présidentielle américaine.

Il a succédé vers 09H00 (heure tunisienne, NDLR), hier, au Norvégien Jens Stoltenberg, resté dix ans à la tête de l’Alliance atlantique. Cette passation de pouvoirs a lieu au siège de l’Otan à Bruxelles, dans le cadre d’une réunion du Conseil de l’Atlantique, l’instance politique de l’Otan qui rassemble les ambassadeurs des pays membres.

Jens Stoltenberg, 65 ans, a ouvert la réunion et Mark Rutte, 57 ans, l’a conclu.

Les deux hommes se connaissent bien. En tant que Premier ministre néerlandais, Mark Rutte a représenté son pays aux sommets de l’Otan ces 14 dernières années. Et il a également fréquenté l’ex-Premier ministre norvégien avant que ce dernier ne prenne ses fonctions à l’Otan.

«Il a les qualités, l’expérience pour vraiment faire son travail d’une excellente manière», a dit de lui M. Stoltenberg, lors de sa dernière conférence publique à Bruxelles le 19 septembre.

Après avoir rendu hommage au travail accompli par son prédécesseur Jens Stoltenberg, le nouveau Secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a déclaré avoir trois priorités : « Veiller à ce que nous disposions des capacités nécessaires pour nous protéger contre toute menace ; soutenir l’Ukraine dans sa riposte à l’agression russe ; et faire face aux défis mondiaux croissants qui pèsent sur la sécurité euro-atlantique. »

Le dossier ukrainien

La guerre fait toujours rage en Ukraine, aux portes de l’Alliance atlantique, deux ans et demi après l’invasion de ce pays par l’armée russe.

A quelques semaines des élections américaines, Mark Rutte s’est montré résolument optimiste, déclarant qu’il pourrait travailler avec Donald Trump comme avec Kamala Harris. Selon lui, les deux candidats à l’élection américaine comprennent les enjeux liés au maintien d’un soutien fort à l’Ukraine.

Les Etats-Unis, première puissance militaire et de loin au sein de l’Otan, jouent là un rôle essentiel. Or, l’Amérique est en pleine campagne électorale, et des deux côtés de l’Atlantique on attend avec anxiété de savoir qui de la candidate démocrate Kamala Harris ou de l’ex-président républicain Donald Trump entrera à la Maison-Blanche.

Et il s’est engagé à travailler dur s’il le faut pour les en persuader. A cet égard, il a rappelé que lui aussi avait été marqué dans sa chair par l’agression russe : « Une Ukraine indépendante et démocratique est vitale pour la paix et la stabilité en Europe, et le coût du soutien à l’Ukraine est très, très inférieur à celui que nous aurions à supporter si nous permettions à Poutine d’obtenir ce qu’il veut. Je sais par expérience personnelle, avec le crash du vol MH17, que le conflit en Ukraine ne se limite pas à la ligne de front. »

Une éventuelle victoire du milliardaire américain le 5 novembre hante les couloirs du siège de l’Otan à Bruxelles, où les menaces d’un retrait américain lancées par l’ancien président des Etats-Unis résonnent toujours.

Il a su tenir tête à Trump

Le Néerlandais a rencontré à plusieurs reprises Donald Trump, à qui il a su tenir tête, lors d’une rencontre en 2018 à Washington. Il a su également gagner sa confiance en reconnaissant qu’il avait raison de souligner combien était nécessaire un meilleur partage du fardeau au sein de l’Otan entre Américains et Européens.

L’ancien Premier ministre des Pays-Bas, qui connaît bien Donald Trump, s’est ainsi montré rassurant : « Chacun comprend que si la Russie gagne en Ukraine, cela affaiblira notre sécurité. »

Mark Rutte a toujours rappelé d’ailleurs à ce sujet qu’un ensemble de mesures de soutien à l’Ukraine ont été décidées l’été dernier lors du dernier Sommet de l’Otan à Washington – « un commandement de l’Otan, un engagement financier à long terme et une voie irréversible vers l’adhésion » – qu’il faut à présent dérouler. L’actuel président Joe Biden a déclaré hier avoir « pleine confiance dans la capacité de Mark Rutte à continuer notre travail pour une Otan plus forte, plus grande et plus résolue que jamais », en rappelant « l’engagement sacré de l’article 5 : attaquer l’un de nous, c’est nous attaquer tous ».

Mark Rutte devra donc veiller lors de son tout premier grand rendez-vous – une réunion des ministres de la Défense de l’Otan les 17 et 18 octobre -, à maintenir au plus haut niveau l’indispensable soutien militaire occidental à l’Ukraine en guerre, au moment où la pression monte pour mettre un terme à cette guerre et ouvrir des négociations.

Faire monter en cadence l’industrie de défense transatlantique

Au-delà du sujet ukrainien, le Secrétaire général a insisté sur deux dossiers, sur lesquels il pourrait donner une nouvelle inflexion. L’un concerne la reconstruction d’une industrie de défense solide, l’autre, la volonté d’approfondir le partenariat indo-pacifique. Mark Rutte sera comme son prédécesseur l’avocat de dépenses accrues dans la défense. Mais au-delà, il déclare vouloir « consacrer du temps au dossier de l’industrie de défense ». Il faut produire davantage, insiste-t-il : « Nous avons besoin de forces plus nombreuses et mieux équipées ; d’une industrie de défense transatlantique plus robuste ; d’une capacité de production de défense accrue, d’investissements accrus dans l’innovation et de chaînes d’approvisionnement sûres. »

Mark Rutte y travaillera en bonne intelligence avec la Commission européenne, qui vient pour la première fois de désigner un commissaire à la Défense. Dans un esprit de complémentarité et en évitant les duplicatas. « Je travaillerai avec les Alliés pour veiller à ce que nous investissions suffisamment dans les bons domaines et que nous assumions équitablement la charge de notre défense collective. » Clairement, il semble souhaiter garder la main sur la définition des besoins capacitaires de l’alliance.

Frugalité budgétaire

Mark Rutte, qui a toujours défendu la frugalité budgétaire, est très attendu sur ce sujet, y compris en cas de victoire de Mme Harris. Les demandes américaines sur un rééquilibrage au sein de l’Alliance ne datent pas de la présidence Trump.

Il devra aussi s’assurer que l’Otan est bien en ordre de bataille face à la menace russe, conformément à ses plans de défense adoptés en 2023. Ceux-ci ont révélé que les Alliés manquaient par exemple de défense anti-aérienne ou de capacités de production d’artillerie après des années de coupes budgétaires dans les budgets militaires.

Seuls 23 des 32 pays de l’Alliance ont atteint l’objectif fixé il y a dix ans de consacrer au moins 2% de leur Produit intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires. Et plusieurs d’entre eux assurent que face au Kremlin il faut désormais bien davantage.

Sur ces sujets, les Alliés sont très divisés et la tâche essentielle pour Mark Rutte tient en une seule phrase, selon Jens Stoltenberg: «garder les 32 Alliés ensemble. C’est une grande famille, mais quelquefois c’est un vrai défi de les garder heureux tous ensemble».

Pékin dans le collimateur

L’autre dossier sur lequel Mark Rutte semble plus proactif est la recherche de coopérations renforcées, notamment dans l’Indo-Pacifique. Il a ainsi annoncé que les ministres de la Défense du Japon, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de la Corée du Sud participeront pour la première fois à une réunion des ministres de la Défense de l’Otan .

« La Corée du Nord, la Chine et l’Iran aident directement ou indirectement la Russie. Et ce n’est pas gratuit. Cela se paie en services rendus sur les développements de leurs missiles. Il est clair qu’il faudra faire de nouveaux pas pour renforcer notre coopération dans l’Indo-Pacifique », a-t-il expliqué.

La Presse de Tunisie avec agences et médias

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