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Diplomatie tunisienne : Retour aux fondamentaux ? 

 

«La Tunisie se tient aux côtés du peuple syrien », assure le Président de la République, annonçant une hausse du niveau de la représentation diplomatique de la Tunisie dans ce pays, ajoutant que «l’accréditation d’un ambassadeur se fait auprès de l’Etat auquel il est affecté et non pas auprès de son régime».

«La diplomatie tunisienne n’est pas à son âge d’or», s’accordent les diplomates. Vacances dans de nombreuses représentations diplomatiques à l’étranger et faible rendement à différents niveaux, le limogeage de l’ancien chef de la diplomatie Othman Jerandi serait lié en effet à cette situation.

Fraîchement nommé, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar, a ouvert de nombreux dossiers, dont notamment les relations avec la Syrie sur fond de la crise humanitaire que connaît le pays suite à un séisme. Rompues depuis 2013 sous l’impulsion de l’ancien chef de l’Etat Moncef Marzouki, les relations entre les deux pays commencent à se rétablir petit à petit.

En effet, le Président de la République Kaïs Saïed a réagi à un appel populaire exigeant le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Il a annoncé lors de sa rencontre, jeudi, au Palais de Carthage, avec Nabil Ammar, le renforcement de l’effectif du personnel diplomatique de Tunisie à Damas, capitale de la Syrie.

«La Tunisie se tient aux côtés du peuple syrien», a-t-il assuré, annonçant une hausse du niveau de la représentation diplomatique de la Tunisie dans ce pays. Dans ce contexte, le Chef de l’Etat a fait savoir que «la crise du régime syrien est une affaire interne qui ne concerne que les Syriens», ajoutant que «l’accréditation d’un ambassadeur se fait auprès de l’Etat auquel il a été affecté et non pas auprès de son régime».

Cité dans un communiqué de la présidence de la République, le Président Saïed a réaffirmé le soutien de la Tunisie au peuple syrien frère. Il a évoqué, à cette occasion, les différentes étapes historiques connues par la Syrie depuis les années 1920 ainsi que l’expérience constitutionnelle de ce pays.

Au fait, Kaïs Saïed a critiqué implicitement la décision de Moncef Marzouki qui remonte à 2013, lorsque la Tunisie avait rompu unilatéralement ses relations avec la Syrie, pour fustiger ce que ce dernier appelait «les crimes du régime syrien de Bachar Al-Assad». Cette décision a fait fi des traditions de la diplomatie tunisienne ayant longtemps opté pour la neutralité.

Une décision controversée et populairement refusée. Elle trouve ses origines dans la Conférence internationale des amis du peuple syrien qui s’est tenue pour la première fois en 2012 en Tunisie. La réunion s’ouvrait en présence d’une soixantaine de délégations arabes et étrangères et sous la coprésidence de la Tunisie et du Qatar avec des revendications de chute du régime d’Al-Assad et de fermeture des consulats et ambassades en Syrie.

Une perte de boussole 

Si cette décision de rompre les relations avec un pays frère intervenait dans une situation également délicate pour la Tunisie, un pays qui était en pleine construction démocratique, elle marque surtout une perte de boussole de la diplomatie tunisienne.

Car il faut rappeler que les principes historiques de la diplomatie tunisienne ne sont autres que la neutralité et le respect des affaires internes, même des pays voisins. La Tunisie était d’ailleurs parmi les pays pionniers de la politique de non-alignement. Depuis les années 50, la Tunisie, avec d’autres pays tels que l’Inde, la Bulgarie et l’Egypte, avait exprimé le désir de ne pas appartenir à aucun des deux blocs: capitaliste ou socialiste. Aujourd’hui, la réalité est tout autre et la Tunisie se trouve impliquée dans des conflits internationaux qui nuisent considérablement à ses politiques étrangères.

Faible représentation diplomatique

Ces dernières années, le rendement de la diplomatie tunisienne a été considérablement affaibli par la situation politique du pays et l’instabilité au niveau de la prise de décision. D’ailleurs, jusqu’à présent, de nombreuses représentations diplomatiques, dont des ambassades, se trouvent vacantes alors que le pays a besoin de multiplier ses efforts diplomatiques, notamment à des fins économiques.

A cet effet, le Président Saïed a mis l’accent sur la nécessité de hâter l’élaboration, selon des critères de compétence, du projet de mouvement des chefs de missions diplomatiques et consulaires tunisiennes qui traîne depuis plusieurs mois.

Rappelons que le ministère des Affaires étrangères n’a, jusqu’à ce jour, pas encore publié les listes du mouvement annuel des mutations et des désignations des diplomates tunisiens en poste à l’étranger.

D’habitude, ce mouvement est annoncé avant le début du mois d’août, pour permettre aux diplomates nouvellement désignés et ceux qui rentrent en Tunisie ou sont mutés de prendre leurs dispositions.

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