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Diplomatie moderne : Quel mode opératoire dans un ordre mondial bouleversé ?

Avec chaque avancée technologique et la conviction de chaque génération qu’elle est meilleure que celles qui l’ont précédée et qu’elle est confrontée à un niveau de défis entièrement nouveau, la mort de la diplomatie a été proclamée ou prédite. Lorsque Woodrow Wilson a parlé de «pactes ouverts conclus ouvertement» en 1918, on a dit que la démocratie faisait désormais de la diplomatie, cette invention monarchique autocratique, un anachronisme inutile. Lorsque les technologies de l’information et de la communication ont rendu possibles et faciles les conversations à travers les continents à partir des années 80, on a dit que les diplomates étaient sur le point de perdre leur pertinence. Lorsque les réunions au sommet entre dirigeants, avec leurs séances de photos et de construction d’image (pour les dirigeants), sont devenues de plus en plus courantes dans les années 90, on nous a dit que les diplomates allaient courir à leur perte.

LA PRESSE — Et pourtant, nous voici avec davantage de diplomates et de diplomatie dans un monde globalisé, soudé par les mêmes technologies qui étaient censées tuer la diplomatie.

En diplomatie, en relations internationales, sait-on vraiment ce que l’on veut ? La question est à la fois simple et délicate. Elle est simple pour les gens méthodiques mais compliquée pour ceux qui navigueraient à vue.

Il n’y a pas longtemps, en recevant l’ancien ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar, au Palais de Carthage, le Président de la République, Kaïs Saïed, a alors abordé les futurs mouvements diplomatiques et les critères de sélection des représentants de la Tunisie à l’étranger. De ce point de vue, il a fait valoir l’importance qu’il y a à rendre compte régulièrement des réalisations de nos missions diplomatiques dans différentes régions du monde.

Par la même occasion, le Président s’est attardé sur le préambule de la Constitution du 25 juillet 2022, rappelant que «le peuple tunisien rejette toute alliance étrangère et toute ingérence dans les affaires intérieures du pays». Ces messages clairement énoncés par le Chef de l’État devaient inciter nos diplomates à rompre avec une diplomatie qui semble avoir bu l’eau des nouilles, dans un monde de plus en plus polarisé. D’ailleurs, cela fait plus d’une décennie que le silence de la diplomatie tunisienne interpelle et intrigue. On ne sait rien ou presque sur ce que font nos missions diplomatiques en Europe comme en Amérique ou encore en Afrique. La faute à qui ? À une erreur de casting ? À une autorité de tutelle à court de moyens ? Ou encore à une classe politique qui peine à fournir les efforts nécessaires pour comprendre le monde qui l’entoure et agir ?

Erreurs de casting

Plusieurs observateurs s’accordent sur le rendement modeste des représentations diplomatiques tunisiennes à l’étranger. Si certains analystes imputent cette faiblesse à la modestie des moyens financiers dont disposent les ambassades et consulats tunisiens à travers le monde, eu égard à une économie nationale en berne, d’autres mettent en cause des erreurs de casting qui ont considérablement marqué la décennie écoulée.

Un bon diplomate, éternel représentant de son pays, devrait être en perpétuelle quête d’apprentissage, outre les qualités dont il doit disposer comme la bonne connaissance de la nature humaine, une grande capacité de persuasion, la maîtrise de l’art de la négociation et une parfaite aisance communicationnelle.

Qu’en est-il donc de nos diplomates ?

Que font-ils ? Que rapportent-ils pour la patrie ?

La diplomatie est un art

Il est un fait accompli : l’on fait face à un nouvel ordre mondial. D’où la nécessité d’orienter notre diplomatie vers cette nouvelle réalité. À un moment donné, les Européens ont cru avoir tourné la page des guerres au sens propre du terme. Ils croyaient mener désormais d’autres guerres contre le «terrorisme», les inégalités, les injustices, le dérèglement du monde et le réchauffement climatique. Sauf que la guerre, la vraie, ils l’ont revue et revécue en Ukraine envahie par le voisin russe.

Pour revenir au cas tunisien, il est aisé de retenir que l’heure du réveil a sonné pour la diplomatie tunisienne pour ainsi mettre en place des stratégies de sortie de crise.

Cela étant, la diplomatie tunisienne a plus que jamais la délicate mission de contribuer au développement économique national, en collaborant avec plusieurs ministères, dont ceux du Tourisme, de l’Industrie, du Commerce et de l’Enseignement supérieur, entre autres.

Dans les négociations internationales, où la Tunisie doit reprendre sa place et avoir son mot à dire, ce sont, encore une fois, les diplomates qui sont chargés de défendre les intérêts suprêmes de la nation et seront minutieusement scrutés dans l’exercice de leur mission.

Mais ne dit-on pas que celui qui veut aller loin ménage sa monture ?

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