Economie tunisie

Développements macroéconomiques et financiers: Continuer sur la voie des réformes 

La Tunisie pourrait mettre en œuvre un certain nombre de mesures pour accélérer la transformation structurelle. Parmi ces mesures, le rétablissement de la viabilité des finances publiques afin d’améliorer la perception des risques par les investisseurs.

Selon des rapports des principaux partenaires économiques de la Tunisie, malgré une charge fiscale de 24,5 %, le déficit budgétaire est resté inchangé à 6,8 % du PIB en 2023. Le déficit des comptes courants s’est amélioré pour atteindre 2,8 % du PIB, en raison de la réduction des importations et de la résistance des exportations manufacturières, des recettes touristiques et des envois de fonds des travailleurs émigrés. L’amélioration du déficit des comptes courants a renforcé les réserves de change (7,3 milliards de dollars à la fin de 2023). Mais le taux de change dinar-dollar américain, qui reste volatil, s’est déprécié au cours de l’année 2023.

Par ailleurs, le taux de croissance du PIB est tombé à 0,4 % en 2023, en raison de la sécheresse qui a touché le secteur agricole et la baisse de la demande intérieure. L’inflation a, quant à elle, continué à augmenter, atteignant 9,3 % en 2023, alimentée par la hausse des prix des produits de base.

La dette publique, dont 60 % est externe, est passée de 77,6 % du PIB en 2022 à 80,2 % en 2023. Une loi de février 2024 a autorisé la Banque centrale à accorder un financement exceptionnel de 7 milliards de dinars (2,2 milliards de dollars) au Trésor à des conditions avantageuses, permettant au gouvernement de faire face à une partie des remboursements de sa dette extérieure. Le ratio de solvabilité bancaire s’est consolidé à 14% en 2022, contre 13,3% en 2021, et la part des prêts non performants a baissé de 13,1% des prêts bruts en 2021 à 12,6% à la fin de 2022, en raison des abandons de créances.

Un classement à méditer…

Selon l’indice de développement humain 2022, la Tunisie se classe 101e sur 193 pays dans le monde et 5e sur 54 pays africains. Le chômage s’élevait à 16,4 % au quatrième trimestre 2023, touchant particulièrement les jeunes de 15 à 24 ans (40,9 %), les diplômés du supérieur (23,2 %), les femmes (22,2 %) et les régions intérieures. Le taux de pauvreté, de 15,3 % au niveau national, est plus élevé dans les zones rurales (26 %) que dans les grands centres urbains (6,3 %). La croissance du PIB devrait rester modeste à moyen terme, à 2,1 % en 2024 et 2,9 % en 2025.

L’inflation devrait s’élever à 7,1 % en 2024 et tomber progressivement à 6,7 % en 2025, à mesure que les pressions inflationnistes mondiales s’atténueront. Le déficit budgétaire devrait s’améliorer pour atteindre environ 6 % en 2025, grâce au maintien de la discipline budgétaire. En revanche, le déficit de la balance courante devrait se creuser progressivement pour atteindre 4 % en 2025, en raison des importations de biens d’équipement nécessaires pour stimuler la croissance économique.

Les perspectives économiques à moyen terme pourraient se dégrader en raison du risque élevé de surendettement qui limite l’accès au financement extérieur, des tensions sociales causées par le coût élevé de la vie et des taux d’intérêt toujours élevés dans les économies développées.

Toutefois, l’accélération des réformes, en particulier celles visant à améliorer la gouvernance des entreprises publiques, le climat des affaires et le contrôle des dépenses courantes pourraient stimuler la croissance et inverser la trajectoire de la dette. La perspective de Moody’s sur la note souveraine du pays (Caa2) est passée de négative à stable en mars 2024, en raison de l’augmentation des réserves de change.

L’impératif d’une réforme structurelle de l’économie

La transformation structurelle de l’économie profite davantage au secteur des services, qui représente 65 % du PIB, qu’à l’industrie (25 % du PIB). De 1990 à 2020, la part de l’agriculture dans l’emploi est passée de 24 % à 14,5 %, au profit notamment des services, qui représentent 52 % de l’emploi. Environ 96 % des entreprises sont des micros, petites ou moyennes entreprises, et le secteur informel représente près des deux tiers de l’emploi.

La réforme de l’architecture financière mondiale faciliterait la mobilisation des ressources pour la transformation structurelle de l’économie. La réforme pourrait inclure l’adoption de garanties et d’instruments de partage des risques afin de mobiliser davantage de ressources privées pour l’industrialisation verte, ainsi que la création et la modernisation des marchés financiers régionaux afin de favoriser le déploiement d’obligations vertes et l’accès au financement en monnaie locale pour les petites et moyennes entreprises. D’autres mesures que la Tunisie pourrait mettre en œuvre pour accélérer la transformation structurelle comprennent le rétablissement de la viabilité des finances publiques afin d’obtenir le soutien des partenaires de développement et d’améliorer la perception des risques par les investisseurs ; l’accélération de la mise à niveau de l’industrie ; l’amélioration du climat des affaires ; le développement du capital humain ; la facilitation de l’accès au financement et à la formalisation pour les micros, petites et moyennes entreprises et la numérisation et le renforcement de la résilience de son économie. Telles sont les recommandations des économistes tunisiens les plus avérés.

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