Economie tunisie

Développement régional: L’heure de l’éveil a sonné

L’annonce récente de financements supplémentaires pour des projets de développement régional en Tunisie met en lumière les défis et les enjeux liés à l’inégalité économique. Alors que le pays tente de sortir d’une crise économique persistante, il devient urgent de revitaliser les régions défavorisées par des initiatives concrètes.

La Tunisie, pays aux multiples potentialités, fait face à des défis considérables en matière de développement régional. Malgré les efforts consentis, de nombreuses régions restent marquées par des inégalités économiques et sociales significatives. L’annonce récente faite par le Comité de pilotage du programme de développement intégré, au siège du ministère de l’Economie et de la Planification, qui a validé un financement supplémentaire de 10,1 millions de dinars pour 24 projets dans 21 délégations de 10 gouvernorats, soulève une fois de plus la question cruciale de l’importance du développement régional pour la transformation de l’économie tunisienne.

Les blocages au développement régional

En effet, le développement régional en Tunisie est entravé par plusieurs facteurs. D’une part, les inégalités régionales se sont intensifiées au fil des ans, avec des zones urbaines comme Tunis et Sousse qui bénéficient d’un dynamisme économique accru, tandis que les régions intérieures souffrent de stagnation. Ces disparités sont alimentées par une planification inadéquate et un manque de synergies entre les différents niveaux d’administration.

D’autre part, les projets de développement sont souvent confrontés à des blocages administratifs et bureaucratiques. Les financements, bien qu’existants, peinent à se traduire par des actions concrètes sur le terrain. Les délais d’approbation, les complexités administratives et la faible coordination entre les ministères constituent des freins importants. Ainsi, les 24 projets récemment financés, qui concernent des domaines vitaux, tels que l’agriculture irriguée, l’eau potable, et l’amélioration des infrastructures rurales, témoignent d’une volonté de changer la donne. Toutefois, leur mise en œuvre nécessite un suivi rigoureux et une volonté politique forte.

Face à cette situation, un développement régional équilibré est essentiel pour assurer une croissance inclusive et durable. En effet, la revitalisation des régions défavorisées peut créer des emplois, réduire la pauvreté et améliorer la qualité de vie des populations locales. Les projets mentionnés, qui incluent la construction de centres de santé de base, l’équipement de structures jeunesse et l’aménagement de marchés municipaux, s’inscrivent dans cette logique de dynamisation économique locale. Ils visent à répondre aux besoins immédiats des communautés tout en établissant les bases d’un développement à long terme.

Le Programme de développement intégré, qui couvre 190 délégations avec un coût global de 535 millions de dinars, représente une opportunité pour répondre aux urgences régionales. En mettant l’accent sur des projets qui favorisent l’autonomisation des territoires, le programme vise à renforcer l’autosuffisance économique. En intégrant les priorités de développement dans les stratégies globales, le gouvernement tunisien cherche à orienter les financements vers des actions à fort impact sur le terrain.

L’intégration des projets, un vrai casse-tête

Mais là, il est important de signaler que l’intégration des projets dans les politiques publiques est un élément clé pour garantir leur succès. En effet, il est crucial que les projets financés s’inscrivent dans une vision globale de développement régional, alignée avec les objectifs de l’Etat. Cela passe par une évaluation rigoureuse des besoins locaux et une concertation avec les acteurs régionaux. La mise en place de mécanismes de suivi et d’évaluation permettrait également d’ajuster les projets en fonction de l’évolution des contextes locaux.

En outre, les projets doivent être conçus non seulement comme des solutions à court terme, mais également comme des leviers de transformation structurelle.

Par exemple, le développement de l’agriculture irriguée et l’accès à l’eau potable peuvent stimuler l’économie locale en favorisant l’agriculture durable et la création d’emplois. De même, l’amélioration des infrastructures rurales facilite l’accès aux marchés et à des services de base, stimulant ainsi l’activité économique.

Et donc, pour que le développement régional en Tunisie soit véritablement transformateur, il est essentiel de surmonter plusieurs défis. La mise en place d’une gouvernance efficace est primordiale. Cela implique de renforcer les capacités des collectivités locales et de promouvoir la participation citoyenne dans la planification et l’exécution des projets. En favorisant une approche participative, les autorités peuvent mieux répondre aux attentes des populations et s’assurer que les projets reflètent les besoins locaux.

Par ailleurs, l’engagement du secteur privé est indispensable. Le développement régional ne peut se faire sans une collaboration étroite entre l’Etat et les acteurs économiques. Les incitations à l’investissement privé dans les régions intérieures doivent être renforcées, notamment à travers des politiques fiscales avantageuses et des partenariats public-privé.

Finalement et non moins important, l’amélioration de l’environnement des affaires est essentielle pour attirer les investisseurs.

Cela passe par la simplification des procédures administratives, la réduction de la bureaucratie et l’amélioration des infrastructures de transport et de communication.

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