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Des solutions biologiques contre la Cochenille : Les coccinelles appelées à la rescousse

 

La cochenille représente une menace immédiate pour les cultures de figues de Barbarie en Tunisie. Les conséquences économiques et sociales de cette infestation sont graves et nécessitent une intervention rapide et coordonnée. Pour les familles tunisiennes qui dépendent de cette culture, le soutien national est crucial pour surmonter la crise.

La cochenille du cactus, cet insecte nuisible, continue de faire des ravages en Tunisie, menaçant les figuiers de Barbarie, alors que la Tunisie se présente comme l’un des premiers producteurs et exportateurs mondiaux de ce fruit. Selon les dernières informations, la Tunisie s’est lancée dans une solution biologique pour lutter contre ce fléau. Cent coccinelles de l’espèce «Hyperaspis trifurcata», connues pour leur capacité à se nourrir de la cochenille du cactus, ont été introduites en Tunisie par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cette initiative fait suite à une demande formulée par le ministère de l’Agriculture afin de contrôler la propagation de ce nuisible.

La cochenille du cactus se distingue par des excroissances blanches sur les plantes, ce qui entraîne leur affaiblissement en drainant leur sève. Elle se propage rapidement grâce notamment au vent. Pour faire face à cette menace croissante, le ministère de l’Agriculture avait déjà mobilisé 11 millions de dinars pour des initiatives précédentes, mais dans certaines régions, la situation serait hors de contrôle selon les agriculteurs qui voient leurs cultures extrêmement endommagées. 

Selon des guides élaborés par la FAO, la lutte contre la cochenille du cactus par l’introduction des coccinelles, connue sous le nom de lutte biologique, se fait par un processus bien défini qui implique plusieurs étapes. Certaines espèces de coccinelles sont des prédateurs naturels des cochenilles. Les espèces les plus couramment utilisées pour ce type de lutte biologique incluent Cryptolaemus montrouzieri (la coccinelle australienne) et Chilocorus nigritus. Ces coccinelles sont choisies pour leur efficacité à prédater les cochenilles sans causer de dommages aux plantes hôtes.

Les coccinelles prédatrices sont élevées en masse dans des conditions contrôlées et sont ensuite relâchées dans les zones où les cactus sont infestés par les cochenilles. Après la libération, les populations de cochenilles et de coccinelles sont surveillées régulièrement pour évaluer l’efficacité de la lutte biologique. Des ajustements peuvent être faits, comme l’introduction supplémentaire de coccinelles si nécessaire. Des programmes de lutte biologique utilisant des coccinelles pour contrôler les cochenilles ont été couronnés de succès dans plusieurs régions du monde, comme en Afrique du Sud et au Mexique, où les populations de cactus ont été protégées efficacement.

Le Sahel, principal foyer

Selon l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), les principaux foyers de présence de la cochenille rouge sont situés actuellement dans le Sahel, ainsi qu’à Kairouan, à Sidi Bouzid et à Kasserine, alors que les efforts de lutte se poursuivent pour freiner sa propagation et limiter les zones touchées. Les différentes représentations régionales de l’Utap ne cessent d’alerter contre une nette augmentation du nombre de foyers découverts dans différents gouvernorats.

Mais pour comprendre l’ampleur de ces ravages, il faut se référer aux données fournies par les experts. Dans des déclarations, Adel Kraiem, chargé de l’agriculture biologique auprès de l’Utap tient un discours inquiétant. Il explique que cet insecte pourrait détruire cette année jusqu’à 70% de la récolte des figues de Barbarie. «12 gouvernorats sont concernés par la prolifération de ce ravageur. Il ne présente aucun danger sur la santé humaine, mais détruit malheureusement les figuiers de Barbarie», a-t-il expliqué, affirmant que la solution d’introduire des coccinelles n’est pas suffisante pour le moment et que leur élevage durera plusieurs mois.

Autant dire que cet insecte inquiète de plus en plus en Tunisie et notamment à l’échelle locale et régionale. Le député et membre de la commission de l’agriculture à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) Bilel Mechri confirme ces préoccupations. Il rappelle que cet insecte s’est introduit en Tunisie depuis plusieurs années, mais en 2023 nous avons assisté à sa prolifération, notamment dans le gouvernorat de Mahdia. «A cette époque, nous avons suggéré au ministère de l’Agriculture d’éradiquer cet insecte et de le tuer dans l’œuf tant que d’autres gouvernorats n’ont pas été touchés. Mais la mauvaise gestion de cette crise a fait qu’aujourd’hui, tous les gouvernorats sont pratiquement sous cette menace», a-t-il expliqué à La Presse.

Selon lui, cet insecte n’a pas seulement endommagé les figuiers de Barbarie, mais s’avère à l’origine d’une nuisance extrême pour les habitants locaux. «J’invite le ministre de l’Agriculture à faire une visite dans des localités comme Zelba, Melloulech ou Ghdhabna à Mahdia pour voir de près la souffrance des habitants. Cette crise témoigne d’une mauvaise gestion, les habitants ne peuvent plus dormir ou manger, c’est un cauchemar», s’est-il désolé, appelant les autorités à recourir à des solutions radicales indépendamment des expériences biologiques qui ont été lancées.

Le tissu socioéconomique concerné

Si la Tunisie est réputée pour ses figues de Barbarie de haute qualité et ses produits dérivés, ce fléau met en péril non seulement l’économie locale, mais aussi la subsistance de nombreuses familles tunisiennes qui dépendent de cette culture.

Dans certaines régions arides du pays, comme Kasserine et Sidi Bouzid, les figuiers de Barbarie représentent parfois l’unique source de revenu pour des milliers de familles. Avec l’apparition de la cochenille, les plantations sont gravement affectées, entraînant une baisse drastique des rendements et, par conséquent, des revenus. C’est ce que confirme Faouzi Zayani, expert en politiques agricoles. Pour lui, même s’il est encore prématuré de se prononcer sur des chiffres ou de mesurer l’impact réel de ce ravageur, il faut s’attendre à une baisse considérable de la production et de l’exportation des figues de Barbarie, mais aussi des produits dérivés au terme de la saison estivale. «La culture de figuiers de Barbarie constitue un moteur économique et social pour des milliers de familles à Kasserine ou à Sidi Bouzid, mais aussi dans d’autres gouvernorats. De même, des petites et moyennes entreprises qui produisent les produits dérivés, comme la confiture ou encore les produits cosmétiques sont hautement menacées», a-t-il expliqué.

Et de mettre en garde contre l’aggravation de la prolifération de cet insecte qui pourrait menacer d’autres cultures, comme les oliviers et les palmiers dattiers alors que le changement climatique est en train de contribuer au changement des comportements des différents insectes.

Il faut dire que la Tunisie est bien placée à l’échelle mondiale en termes de production et d’exportation de produits bio dérivés de figues de Barbarie. Elle est au cinquième rang mondial en termes de surfaces cultivées en figues de Barbarie à des fins commerciales avec 117.771 hectares, derrière le Brésil, le Mexique, l’Éthiopie et le Maroc, selon les données de 2021. Notre pays est parvenu à une production annuelle de 550.000 tonnes de fruits et mise essentiellement sur l’huile de pépins de figue de Barbarie. Près de 8.000 litres ont été exportés en 2021 pour un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros. Outre les produits cosmétiques, la Tunisie exporte d’autres dérivés du fruit, comme les écorces pour l’alimentation animale ou les graines pour la fabrication de farine alimentaire.

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