Des réformes pour renforcer le système financier, selon Mondher Bellalah: «La Tunisie peut devenir un hub de commerce international entre l’Afrique et le reste du monde»
Mondher Bellalah, expert international dans le domaine économique et financier, est spécialiste des risques. Il nous propose des solutions pour relancer l’économie tunisienne, qui souffre depuis des décennies des mêmes problèmes.
La Tunisie est confrontée depuis très longtemps aux mêmes problèmes économiques : une absence de diversification des activités économiques, des secteurs d’activité et des mécanismes financiers qui accompagnent le développement et la croissance. Pour relancer l’économie tunisienne, Mondher Bellalah, président de l’Organisation de Congrès international de finance, de IFC1 à IFC14, Affi, ROG et ancien directeur du Centres de recherches Grefi, Le Mans, Observatoire et Centre de recherches sur l’entrepreneuriat (Ocre), nous propose plusieurs mesures concrètes.
Inciter à la production agricole
«Tout d’abord, il faut inciter à la production agricole et mettre en place les dispositifs appropriés pour permettre aux agriculteurs actuels de doubler, voire tripler, la production en augmentant le nombre de salariés, en améliorant le montant des subventions également, en développant l’assurance pour l’agriculture, en utilisant de nouvelles pépinières ainsi qu’en développant l’industrie agroalimentaire et toute la chaîne de création de valeur autour de l’agriculture ». Dans ce sens, il a donné l’exemple des champs d’olivier, où il faut créer des huileries, faire des usines emballage, développer l’exportation d’huile d’olive vers de nouveaux marchés, a-t-il affirmé à La Presse.
Bellalah a ajouté une deuxième proposition qu’il est urgent d’adopter : orienter les gens vers l’agriculture dès leur plus jeune âge, à partir de l’école primaire, et favoriser la sédentarité et augmenter les avantages et les incitations accordées aux agriculteurs. «La subvention doit être liée à la production dans le stade définitif. Il faut lutter contre le fait de profiter des subventions sans création d’emploi», a-t-il déclaré.
Selon lui, il est nécessaire de faire aussi une campagne nationale pour faire «aimer l’agriculture» et inciter les gens à la pratiquer ainsi que développer le tourisme agricole en Tunisie et les projets agro-touristiques.
«Il est important d’améliorer aussi le secteur tertiaire en demandant aux entreprises existantes de se diversifier, de développer la chaîne de valeur et de pratiquer une intégration des moyens de production. On doit autoriser les investisseurs privés à investir dans tous les domaines, y compris le domaine médical et paramédical même dans l’enseignement. On peut ici produire pour exporter les infirmières… C’est un secteur très porteur et on peut développer le travail de proximité, d’assistance aux personnes âgées, les maisons de retraite et les maisons de repos pour attirer les étrangers retraités et malades… Actuellement, des centaines de millions de dinars et de milliards sont dépensés par les Tunisiens pour envoyer leurs enfants étudier à l’étranger», a mentionné Bellalah.
Aller de plus en plus vers la privatisation
Le spécialiste a aussi rappelé qu’il est urgent d’encourager, par ailleurs, les investisseurs tunisiens résidant à l’étranger apporter des capitaux en Tunisie en leur assurant la facilité d’investir et de placer de l’argent dans les différents secteurs de l’économie.
«L’exonération partielle ou totale des droits de douane est fondamentale pour apporter les équipements et les véhicules pour faire démarrer les projets. Il convient d’aller de plus en plus vers la privatisation et d’ouvrir davantage les différents secteurs de l’économie et de l’enseignement et de l’éducation en gardant le contrôle sur les entreprises publiques et faire de l’Afrique un marché pour exporter le savoir-faire et pour importer la matière première.
On peut instaurer le troc avec l’Afrique pour réduire les paiements en devises», a-t-il proposé.
Bellalah a informé que la Tunisie peut devenir une plaque tournante pour assurer le commerce international entre l’Afrique et le reste du monde. «Il est tout à fait possible pour la Tunisie de devenir, tout comme Dubaï, un Hub. Pour cela, nous devons ouvrir plus le pays aux investisseurs étrangers et multiplier le nombre de ‘‘free zone’’, a l’exemple de ce pays et exporter le savoir-faire tunisien vers l’Afrique : la Tunisie peut être une place universitaire africaine internationale».
Par ailleurs, et pour créer des emplois rentables en Tunisie, le spécialiste propose de demander à chaque entreprise existante d’augmenter le nombre de salariés et de cadres de 15 à 30 %. «Les entreprises qui acceptent de suivre les nouvelles créations d’emplois et d’augmenter leurs effectifs doivent bénéficier d’une exonération des charges patronales au titre de cette augmentation.
Elles obtiennent aussi, des réductions d’impôts équivalentes aux montants des charges supportées par l’entreprise pendant une période de 5 années, par exemple. Cette action permet d’augmenter de 30 % le nombre de travailleurs en Tunisie dans l’immédiat sans aucun investissement supplémentaire de la part de l’Etat. Ce dernier n’a qu’à inciter les dirigeants d’entreprise à le faire…».
Résoudre partiellement les problèmes de création d’emplois
Bellalah met l’accent sur l’importance de la mise en place d’un centre ou d’un observatoire de réflexion sur l’entrepreneuriat. Parmi ses missions, faire connaître dans un cadre national et international les avantages de la création d’emplois en Tunisie pour pousser à drainer des capitaux de l’étranger et à réduire le coût de financement des promoteurs tunisiens. Ce dernier pourra résoudre partiellement les problèmes de création d’emplois en Tunisie en exploitant la structure existante et rendre l’entrepreneuriat et la création d’entreprises une spécialisation au niveau du cursus scolaire secondaire et supérieur.
«Notre but est de développer un avantage comparatif par rapport aux autres pays en misant sur l’agriculture, les secteurs à forte employabilité et les secteurs des services et de collecter l’information sur l’entrepreneuriat et constituer une base de données par secteur d’activité. Notre mission est de faire des revues de presse et des revues littéraires sur le sujet et être ainsi pionnier et développer des avantages comparatifs par rapport aux autres au niveau de la pratique de la création d’entreprises. Nous pouvons développer des relations fondées sur le sens de la création d’entreprises avec les universités, les institutions, les centres de recherches, les organismes sociaux, aussi bien au niveau national qu’international », a conclu Bellalah.
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