Des civils bombardés sous silence : La Palestine, une ligne de fracture entre certaines puissances occidentales et le reste de l’humanité
Dans le monde arabe, le son de cloche est plus nuancé mais décevant pour beaucoup. D’ailleurs, la réaction tunisienne s’est démarquée en émettant des réserves quant au contenu de la déclaration des pays arabes. Ainsi, la Tunisie par la voix du Président de la République, Kaïs Saïed, a-t-elle multiplié les déclarations pour défendre, sans équivoque, la cause palestinienne, longtemps dominée par un récit israélien chargé de contre-vérités mais hautement médiatisé.
Sur la scène internationale, le dossier palestinien a toujours été au centre d’une immense controverse. Depuis des décennies, il a été à l’origine d’une tension inédite divisant le monde entier en deux camps : pour ou contre la cause palestinienne.
Cette nouvelle agression commise par l’entité sioniste contre Gaza suite aux attaques sans précédent du Hamas vient confirmer ce constat. Encore une fois, les pays sont divisés par une ligne de fracture. Et ce nouveau round de violence inédite contre le peuple palestinien prend une tournure autrement plus grave, compte tenu de la position des Etats-Unis qui ont donné leur feu vert aux forces de l’occupation, en mobilisant son porte-avion géant dans cette région sous tension.
Dans des discours au ton ferme, le président américain, Joe Biden, a endossé sans réserve le rôle de premier soutien d’Israël. En effet, le président américain soutient que l’État hébreu a le droit et le “devoir” de répondre à l’attaque perpétrée le week-end dernier par le Hamas, et qu’il l’aiderait à se défendre contre le « mal à l’état pur ». Le président américain a indiqué que les États-Unis, qui ont envoyé un groupe aéronaval aux abords d’Israël, étaient prêts à déployer “des ressources supplémentaires”.
Dans le monde arabe, le son de cloche est plus nuancé mais décevant pour beaucoup. D’ailleurs, la réaction tunisienne s’est démarquée en émettant des réserves quant au contenu de la déclaration des pays arabes. Ainsi, la Tunisie par la voix du Président de la République, Kaïs Saïed, a multiplié les déclarations pour défendre, sans équivoque, la cause palestinienne, longtemps dominée par un récit israélien chargé de contre-vérités mais hautement médiatisé.
A ce titre, Tunis a émis des réserves à l’endroit de la résolution issue du Conseil de la Ligue arabe réuni en session extraordinaire, mercredi 11 octobre 2023 au Caire. Ainsi, et à travers le ministre des Affaires étrangères : « La Tunisie reste ferme dans ses positions et soutient le droit du peuple palestinien à établir son Etat indépendant sur l’ensemble du territoire palestinien, avec pour capitale Al-Qods ».
Le Conseil de la Ligue arabe a condamné dans sa déclaration «de tuer et de viser les civils des deux côtés, ainsi que tous les actes contraires au droit international et au droit international humanitaire», affirmant «la nécessité de protéger les civils, en harmonie avec les valeurs humaines». La résolution appelle, également, à la remise en liberté de l’ensemble des otages et détenus.
Les aides divisent l’Europe !
Interrogé par La Presse sur cette question et notamment au sujet des divergences que génère la cause palestinienne à l’échelle mondiale, Ahmed Kahlaoui, président du Comité national de lutte contre le sionisme et la normalisation, affirme que la Palestine demeure un Etat opprimé devant le silence du monde entier, y compris des pays arabes. Selon lui, historiquement, les Palestiniens font face à un épisode interminable d’injustices, de fausses accusations et surtout de négligence de leurs droits humains et de la non-application du droit international. « Israël est un Etat colonial. Il occupe des territoires qu’il a conquis militairement en 1967 et dont il refuse de se retirer depuis. Cette occupation est condamnée par l’ONU et par la grande majorité des communautés nationales qui y sont représentées. Rien n’y fait. Des colons juifs peuplent de plus en plus le territoire occupé », se désole-t-il, dénonçant la politique des deux poids deux mesures encore exercée par les forces mondiales à l’égard du peuple palestinien, accentué par un traitement médiatique injuste.
Ainsi, et quelques jours après l’assaut du Hamas, les dirigeants occidentaux ont fait preuve d’un soutien inconditionnel à Israël, laissant craindre une escalade meurtrière dans la région. Sous la pression de quelques pays, l’Europe maintient cependant son aide à Gaza où les civils visés par un blocus illégal sont au cœur des préoccupations. En revanche, les grandes capitales européennes ont manifesté un soutien sans condition aux forces d’occupation qui se sont lancées dans des frappes hystériques ciblant notamment des civils de la bande de Gaza.
Ces positions démesurées sont allées jusqu’à annoncer le gel des aides européennes au peuple palestinien, une réaction qui a provoqué un tollé. Josep Borrell, vice-président de la Commission européenne, a dû rétropédaler face aux désaccords exprimés, notamment par l’Irlande, l’Espagne et le Portugal. Quant au président français, Emmanuel Macron, il n’a pas eu un mot pour les civils palestiniens, préférant condamner l’« insupportable chantage » du Hamas et les « propos publics tenus par les autorités iraniennes ».
Traitement médiatique partial et injuste
Les désaccords entre les États membres de l’UE et des institutions européennes ont été mis en évidence, encore une fois, à propos de l’aide à la Palestine : fallait-il la maintenir ou la suspendre ? A vrai dire, le désarroi de l’UE reflète des divisions de longue date en son sein sur le conflit israélo-palestinien, même si ses États membres ont condamné d’une seule voix l’attaque du Hamas.
Du reste, l’Union européenne n’est pas réputée pour ses prises de position politiques tranchées, quel que soit le dossier sur lequel elle s’exprime. Or, ce nouveau conflit marque un tournant dans le discours européen, et notamment celui des puissances de l’UE, la France et l’Allemagne en l’occurrence, qui prônent le droit absolu de l’entité sioniste de se défendre, peu importe le coût humain.
Autant rappeler la position de la Russie qui se situe en porte-à-faux de la position « occidentale ». En effet, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, Moscou n’a pas suivi la vague. Pour Vladimir Poutine, la seule solution consiste à mettre en place un État Palestinien, « dont les terres ont été occupées de force ». C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé l’ambassade de Russie en Tunisie, depuis le début du « Déluge d’Al Aqsa », appelant à un cessez-le-feu et à la reprise des négociations de paix.
La couverture médiatique du conflit israélo-palestinien, notamment celles des médias occidentaux, est constamment critiquée pour sa partialité privant les populations dans le monde d’accéder aux vérités historiques et du terrain autour du conflit israélo-palestinien, s’accordent les observateurs.
Depuis longtemps, cette couverture totalement acquise à Israël a pour fondement la reconnaissance de la légitimité et de l’existence de l’entité sioniste, de son droit à l’autodéfense, en omettant de reconnaître le moindre droit au peuple palestinien.
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