Culture

Démarrage du Mois du patrimoine 2023 à «Thuburbo Majus» (Henchir Kasbat) : «Un héritage de civilisations, une ressource économique»

 

C’est depuis les vestiges antiques de «Thuburbo Majus» appelé aussi «Henchir Kasbat», un site archéologique situé au nord de la Tunisie, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Tunis, près de la ville d’El Fahs (gouvernorat de Zaghouan) que démarre la célébration de la 32e édition du Mois du Patrimoine pour l’année 2023, placée par le ministère des Affaires culturelles sous le signe «Notre patrimoine, un héritage de civilisations, une ressource économique».

Identifié au milieu du XIXe siècle, le site classé comme étant le troisième grand parc archéologique de la région de Tunis, avec Carthage et Utique, s’étend sur une superficie totale de 120 ha environ, qui englobe un noyau urbain d’environ 40 ha, dont 7 ha seulement ont été fouillés, selon les dernières données (2021) présentées par l’Institut national du patrimoine (INP).

Prenant place dans les régions les plus fertiles de la Tunisie septentrionale, le site témoigne de la prospérité de la plaine de l’oued «Miliane el kebir» (deuxième plus long cours d’eau pérenne du pays après la Medjerda) durant l’Antiquité selon l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelles (Amvppc).

Habitée initialement par les autochtones berbères, puis par les phénico-puniques, la cité antique, par la suite romanisée, a, au début du principat, obtenu le statut de la cité (ciuitas) puis fut promue en 128, sous le règne d’Hadrien, au statut de municipe. Le statut le plus prestigieux de colonie honoraire lui fut octroyé par l’empereur Commode en 188, et la ville devient de son nom romain Colonia Julia Aurelia Commoda. C’est surtout au cours du  IIe et de la première moitié du IIIe siècle ap.J.-C., que la cité atteint son apogée et se dota de somptueux monuments, temples et villas décorés de mosaïques, où se dressent sur le podium du capitole quatre colonnes corinthiennes de marbre. Pendant la période chrétienne, la ville devient un évêché, dont on connaît au moins quatre évêques : Sedatus qui prit part au concile de Carthage (256), Faustus qui prit part au concile d’Arles (314), saint Cyprien qui participa au concile des Eglises de Carthage (412), au cours duquel il s’opposa au donatiste Rufinus.

Le siècle des Vandales est marqué à Thuburbo Maius par une ruralisation du centre urbain à travers l’installation d’un nombre considérable (environ une vingtaine) de pressoirs à huile dans des contextes privés et publics. Pendant la période byzantine, quelques monuments de culte païens se sont transformés en église ; tel est le cas du monument dit temple-église. Des maisons dites de basse époque sont aménagées au nord du capitole où dans l’une d’entre elles, située au nord-est du monument, a été exhumé un trésor daté du VIIe siècle. L’occupation arabe a été attestée, lors de la fouille en 1924, près de l’huilerie du capitole, par la mise au jour d’une dizaine de silos, qui ont délivré de la céramique à vernis noir et vert, ou jaune et vert datant du XIe siècle, ainsi qu’une boîte de «Khohl en os». La ville était immense : près de 40 ha. Mais seulement 1/6e de la surface a fait l’objet de fouilles méthodiques. En 1857, un archéologue français, Charles Tissot, la fera revivre. À partir de 1912, de nouvelles fouilles ont été entreprises à cette époque par Alfred Merlin (directeur des services des antiquités de Tunisie) et de l’archéologue français Louis Poinssot, fils de l’un des tout premiers explorateurs de la Tunisie Antique, Julien Poinssot. Partiellement fouillé, il est «capitonné» de nombreux édifices, monumentaux pour la plupart, tel le capitole, avec ses six colonnes en façade et deux en retour hautes de 8,50 m et de 0,85 cm de diamètre ; ou le temple de la Paix et celui de Mercure, le temple de Caelestis, prêtresse protectrice de la ville, celui de Cérès, transformé en basilique au IVe siècle, les Thermes d’été et ceux d’hiver, sans compter le marché, le quartier résidentiel.

L’huile avec le commerce du blé est la source principale de la fortune de la ville où venait la population pratiquer entre autres le sport de combat, la lutte, avant de s’abandonner aux plaisirs des Thermes d’été et d’hiver où les bains, chaud et froid, étaient un rituel d’hygiène et un acte de purification dans ce site, d’où de nombreuses et somptueuses mosaïques ont été exhumées et exposées actuellement au Musée National du Bardo, dont les fragments d’une statue colossale de Jupiter, sur sept mètres de hauteur.

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