Crise ouverte: Le syndicalisme versus l’action politique, l’Ugtt face à un dilemme existentiel
Au moment où la Tunisie se dirige vers une élection présidentielle, la scène nationale vient de vivre un événement marquant. En effet, en l’espace de quatre jours, du 5 au 8 septembre, et aujourd’hui encore, le milieu syndical est en ébullition, traversé par des tiraillements dont les échos ont franchi les murs et la place Mohamed-Ali. Le point de départ de ces remous, le Conseil national de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) organisé récemment à Monastir. Rappel des faits et analyse.
Passés maîtres, jusque-là, sauveurs des apparences, même dans les moments les plus difficiles, les dirigeants de l’Ugtt ont paru plus frêles que jamais, de l’aveu même des observateurs présents sur les lieux. Les chefs syndicaux n’ont pu, cette fois-ci, dissimuler leurs divergences.
D’ailleurs, les comptes-rendus publiés par le site officiel, “Echaâb News” n’ont pu s’empêcher de qualifier les débats, lors du Conseil, de houleux, chauds avec des échanges acerbes entre les membres des divers courants opposés.
Et encore une fois, l’aile dure a tenté de montrer qu’elle a encore la mainmise sur la centrale, en annonçant l’adoption du principe de la grève générale. En laissant, toutefois, les détails d’exécution, dans le flou. Ce sera pour “plus tard”, tout en exprimant la nécessité de procéder aux réformes profondes qui s’imposent comme cela a été mentionné dans la motion générale intérieure.
Béliers de combat
Contactés, des milieux au sein même de l’Union nous ont indiqué que l’aile dite “des faucons” essaie tant bien que mal d’imposer “sa loi”, alors que tout semble prouver que leur temps est révolu. “Nous ne voulons plus servir de “béliers de combat” dans des batailles qui ne nous concernent ni de près ni de loin… Nous avons déjà assez de problèmes à résoudre comme ça, sur le plan purement syndical…”, assure clairement, un des participants au Conseil sous couvert de l’anonymat, car, en vérité, on continue à craindre des “représailles”.
Les propos tenus dans les coulisses évoquent, carrément, des divisions entre deux courants, l’un partisan, comme indiqué, d’un fonctionnement purement syndical, profitant aux travailleurs, alors que l’autre camp continue à plaider pour un rôle politique.
Une nouvelle ère s’annonce ?
D’ailleurs, les “durs” sont en train de jouer leur va-tout, car un échec de l’appel à la grève générale qui constitue une nouvelle tentative d’escalade inutile, signifierait que leur fin effective et définitive est bien proche, tout en annonçant le début d’une nouvelle étape plus calme et positive en faveur des ouvriers et des employés.
De plus, si la décision pour la grève générale était acquise ou presque, le vrai clivage est apparu à propos de la question du mandat du Bureau exécutif actuel, à savoir s’il doit être maintenu ou écourté. Car comme tout le monde le sait, le fameux congrès extraordinaire, tenu à Sousse en pleine période de Covid, avait amendé l’article 20 du règlement intérieur de l’Union, permettant, de la sorte, à plusieurs membres du Bureau exécutif actuel d’entamer un troisième mandat.
Ainsi, plusieurs participants qui représentent un courant assez majoritaire, appuyés massivement par des corporations et des régions entières ont réclamé, sans équivoque, la révision de la décision d’amendement de l’article 20 du règlement intérieur de l’Ugtt et, par voie de conséquence, un abrègement du mandat en cours du Bureau exécutif de l’Ugtt de façon à ce qu’il ne dépasse pas fin 2025.
Aucune mesure concrète
D’ailleurs, confirmant le bon sens de cette revendication, le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi, ne pouvait que présenter des excuses aux Ugétistes, en reconnaissant que ledit amendement de l’article 20 était une erreur.
Il n’était pas le seul. D’autres membres du Bureau exécutif, réputés pour leur respectabilité et leur bon sens, dont Anouar Ben Kaddour, sont allés dans le même sens. Toutefois, aucune mesure concrète n’a été prise pour remédier à ce coup de force perpétré à Sousse.
Le porte-parole officiel et représentant du clan dit des «faucons» a continué toutefois à plonger dans la fuite en avant, mettant tout le monde devant le fait accompli, en réaffirmant, contre vents marées, que le “Bureau exécutif actuel de l’Ugtt poursuivra son mandat jusqu’en 2027, et aucune mesure n’a été prise pour l’écourter”.
En tout état de cause, l’impression qui prévaut et selon les déclarations dans les cercles proches de l’Union, rien ne sera plus comme avant au sein de la centrale syndicale, appelée de toutes les façons à connaître des changements notables aux plans syndical et national.
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