Crise de l’enseignement | Échec des négociations : Le temps qui passe et qui tue !
Soyons francs et admettons l’échec, sur toute la ligne, des tentatives pour résoudre la crise de l’enseignement. Les positions de chaque partie n’ont pas évolué et elles ne sont pas appelées à bouger. Notamment celles des syndicats. Donc, de nouvelles discussions et il est impératif et urgent de passer au plan B. Si plan B il y a.
Ce qui est vraiment déplorable, c’est cette inconscience extrême et ce sang-froid qui caractérisent les négociateurs qui ne semblent tenir aucun compte du temps qui passe et qui tue. Nos enfants sont utilisés comme un bouclier humain pour servir des intérêts qui ne sont pas nécessairement ceux de nos enseignants.
Osons une trêve !
Nous ne le répéterons jamais assez : le conflit qui existe n’est pas avec les enseignants et le ministère de l’Éducation, mais entre certains responsables syndicalistes et le ministère. La majorité silencieuse des enseignants, elle aussi, a l’impression d’être sous pression depuis plusieurs années. Malgré la lassitude d’être engagé à son corps défendant dans ce long bras de fer, l’enseignant est dans l’incapacité de faire front à la machine syndicale qui broie tout sur son passage.
Il est temps de reconnaître qu’il est vain de poursuivre un processus qui a montré ses limites. Le feuilleton des négociations dont on connaît à l’avance les issues ne peut plus continuer. Si on veut continuer ce cycle infini, il faut le reporter aux vacances d’été. Osons une trêve et laissons nos enfants terminer cette malheureuse année scolaire de la façon la plus ordinaire qui soit. Les trois mois de vacances permettront de discuter et de rediscuter si les dispositions sincères sont là.
Pour l’heure il n’y a d’autre solution que le recours au règlement et à l’ordre. L’État doit assumer son rôle pour faciliter le déroulement du reste de l’année scolaire. L’application du statut de la Fonction publique et du code du travail n’en sont que plus explicites.
La retenue des notes équivaut à une retenue des salaires
À chacun de savoir qu’il existe des lois et des règles qui doivent être respectées. Doit-on rappeler que la rémunération est versée en contrepartie d’un travail accompli. Or, la retenue des notes équivaudrait à une retenue des salaires. En effet, le fait de boycotter le travail administratif n’a pas permis de tenir les conseils de classes pour le premier et le deuxième trimestres. Or, ces réunions sont obligatoires et entrent dans le calcul du travail accompli. Leur boycott signifie refus de travail. Même si les enseignants sont entraînés dans ce cycle infernal, ils n’ont qu’à en assumer les conséquences et ne s’en prendre qu’à leurs syndicats.
Les Tunisiens ne croient plus à ces rencontres sans fin qui ne représentent pour eux qu’une perte supplémentaire de temps. Tout est clair: ou terminer l’année scolaire avec le moins de dégâts ou que chacun annonce de façon directe ses vraies intentions. Il faut trancher dans un sens ou dans l’autre. Pour les autorités la voie est toute tracée. A savoir assurer la fin de l’année scolaire par tous les moyens que la loi autorise.
Des menaces à peine voilées
Sur un autre plan, l’appel est lancé pour que toutes les organisations de la société civile s’élèvent contre ceux qui cherchent à tout bloquer sans tenir compte des conséquences désastreuses sur notre système éducatif. Où sont ces partis politiques qui ne cessent de se vanter de défendre les droits et les libertés ? Protéger les droits de nos enfants n’est-il pas une priorité à leurs yeux ? Craignent-ils de s’attirer les foudres de l’Ugtt ? Pourquoi y a-t-il constitution de comités de défense avec une armada d’avocats pour défendre des personnes arrêtées alors qu’il n’y a même pas l’ombre d’un seul avocat quand il s’agit de défendre des millions d’élèves pris en otage ?
Sommes-nous dans un pays qui respecte les droits des uns et bafoue les droits des autres ? Pourquoi cette politique de deux poids, deux mesures ?
L’État et toutes ses structures doivent jouer le rôle qui est le leur pour débloquer ce conflit qui ne doit plus se répéter. On pense, surtout, aux trois présidences (Chef d’État, du gouvernement et président de l’Arp) sans parler de la société civile qui s’est investie dans ce combat.
Quelle que soit la légitimité des demandes des syndicats (qui ne sont pas nécessairement celles des enseignants), l’intérêt suprême de nos enfants doit prévaloir. D’ailleurs, il serait bête de répéter, à chaque fois, que la conjoncture actuelle ne permettra jamais de satisfaire les exigences matérielles de la partie syndicale. Si les négociateurs s’accrochent à ces points, il n’y a qu’à déclarer l’arrêt des pourparlers et choisir d’autres voies. Le temps presse et il n’y a plus à s’offrir le luxe de perdre du temps. Il faut que la pression change de camp. Aux responsables syndicaux de mesurer les graves répercussions de leur entêtement aveugle.
Quant aux menaces voilées sur la poursuite de nouvelles mesures d’escalade, elles ne pourront que renforcer la conviction de l’opinion publique qu’il y a un agenda derrière. Le fait de réitérer l’idée de continuer à boycotter les notes et de faire allusion à un scénario similaire pour le troisième trimestre et même plus ne fait qu’aggraver la situation.
Si comme le soutiennent les responsables ministériels il n’y aura pas d’année blanche, les parents ne veulent pas et n’admettront pas qu’on chambarde le parcours scolaire de leurs enfants par un boycott des examens de fin d’année ou des examens nationaux (dont les contours se précisent avec la menace de s’en prendre aux notes des élèves de quatrième année secondaire).
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