Coopération Sino-africaine : Un partenariat renforcé pour un avenir partagé
Wan Li, ambassadeur de la République Populaire de Chine à Tunis: «Sans la modernisation de la Chine et de l’Afrique, il n’y aura pas de modernisation mondiale»
Hier, la salle de conférences de l’Académie diplomatique internationale de Tunis a vibré au rythme d’échanges très riches autour sur le thème des relations entre la Chine et l’Afrique. Coorganisé par l’Académie et l’ambassade de Chine en Tunisie, l’événement était une plateforme essentielle pour explorer les opportunités d’une coopération qui a déjà franchi des pas très importants.
La Chine, en offrant un soutien tangible au codéveloppement avec le continent africain, se positionne non seulement comme un investisseur, mais aussi comme un partenaire stratégique dans le cadre d’une coopération mutuellement bénéfique.
Dans ses propos liminaires à l’ouverture de cette rencontre, l’ambassadeur de la République Populaire de Chine, son excellence M. Wan Li, a donné un aperçu de ce partenariat en pleine effervescence.
«La coopération sino-africaine en matière d’infrastructures a été très fructueuse. Au cours des 24 dernières années, les entreprises chinoises ont construit et modernisé plus de 10.000 kilomètres de voie ferrée, près de 100.000 kilomètres de routes, près de mille ponts et près de cent ports en Afrique. Les entreprises chinoises avaient également créé plus de 1,1 million de postes d’emploi locaux au cours des trois dernières années. La Chine a aussi assuré la formation de plus de 220.000 personnes qualifiées dans les différents secteurs au profit des pays africains, en tenant compte de leurs besoins réels», a indiqué l’ambassadeur, qui insiste également sur la communauté de destin entre son pays et le continent africain, berceau de l’humanité et au potentiel très élevé.
La modernisation : clé d’un avenir commun
L’ambassadeur chinois revèle notamment des chiffres éloquents qui font de la Chine le plus grand investisseur en Afrique parmi les pays en développement. À la fin de 2023, le stock d’investissements directs de la Chine en Afrique dépassait 40 milliards de dollars. Et la Chine est restée le partenaire commercial le plus important de l’Afrique pendant quinze années consécutives avec les échanges commerciaux sino-africains de 282,1 milliards de dollars en 2023.
«La Chine et l’Afrique ont connu des souffrances historiques et mené des luttes ardues similaires. Elles poursuivent aujourd’hui des rêves de développement communs. Quelle que soit l’évolution de la situation internationale, la Chine et l’Afrique restent toujours de véritables amis, et de bons partenaires sur la voie du développement et du renouveau national», rassure l’ambassadeur, avant d’ajouter que «sans la modernisation de la Chine et de l’Afrique, il n’y aura pas de modernisation mondiale».
Par ailleurs, Son Excellence Wan Li n’a pas manqué de rappeler l’importance stratégique du partenariat avec la Tunisie, boosté par la récente visite historique du Président Kaïs Saïed en Chine, une preuve tangible que ces relations ne se résument pas à des mots. Il y avait là une feuille de route, des projets concrets. L’Académie diplomatique où se tenait la conférence est d’ailleurs le symbole de cette amitié.
«Aujourd’hui, s’offre à nous un nouveau point de départ historique de la coopération bilatérale, guidé par le consensus important des chefs d’État des deux pays. La Chine est prête à travailler avec la Tunisie pour mettre en œuvre les acquis du Sommet de Beijing du Focac, mais aussi pour promouvoir le développement du partenariat stratégique, élargir et approfondir la coopération pragmatique entre nos deux pays. Ensemble, œuvrons pour faire avancer la modernisation et construire un avenir encore plus radieux pour les relations sino-tunisiennes !», a martelé l’ambassadeur chinois.
De son côté, le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ben Ayed, a exprimé son appréciation des efforts de la Chine pour consolider les relations avec le continent africain, notamment le soutien de la Chine à l’entrée de l’Afrique dans le G20 pour rendre sa voix plus audible.
M. Mohamed Ben Ayed a passé en revue ce qui a été réalisé en matière de coopération, mais a noté, pragmatique, que malgré ces avancée indéniables, certains projets ont pris du retard, notamment en raison des crises internationales à l’instar de la crise sanitaire du Covid. Le secrétaire d’Etat s’est dit toutefois confiant après les annonces du président XI-Jinping lors du Focac (Forum sur la coopération sino-africaine), qui augurent une reprise rapide.
Outre les infrastructures, Mohamed Ben Ayed plaide pour des investissements à haute valeur ajoutée en Afrique pour favoriser le transfert technologique et contribuer au développement de l’Afrique, qui fait face à des défis multidimensionnels.
Parmi ces défis que liste le secrétaire d’Etat, figure en bonne place la lourdeur de l’endettement africain, si bien que les pays de ce continent paient plus en service de la dette qu’ils ne dépensent pour l’éducation. Raison pour laquelle Mohamed Ben Ayed appelle à privilégier les «reconversion de dettes» en projets de développement.
Invité à intervenir depuis la Chine, le professeur Ding Yifan, directeur adjoint du Centre de recherche du développement du conseil des affaires d’Etat de Chine, note que de plus en plus de pays veulent engager la coopération avec les initiatives Ceinture et Route (road and belt ).
L’intervenant a mis en exergue le fait que la Chine est devenue le premier partenaire commercial de ces pays, dépassant ainsi les pays occidentaux traditionnellement dominants dans les échanges commerciaux. De son côté, la Chine tire également son épingle du jeu, en réduisant sa dépendance vis-à-vis des marchés occidentaux, et en limitant son exposition aux risques financiers potentiels liés à l’économie américaine.
Prenant la parole par la suite, Abdelkader Dendenne, professeur à l’université de Baji-Moukhtar en Algérie, explique que sous le président chinois Xi Jinping, une rupture nette s’est opérée. L’ère de la discrétion sous Deng Xiaoping est terminée. La Chine ne cache plus ses ambitions. Elle les montre, les assume. Et au cœur de ces ambitions, il y a l’Afrique.
Défis et perspectives de la coopération sino-africaine
L’Afrique est un terrain fertile pour la stratégie chinoise: 20% de la population mondiale, 30% des réserves minérales de la planète, des ressources qui font briller les yeux de Pékin et des autres puissances. En retour, la Chine promet le développement, des infrastructures, et surtout une approche décomplexée : pas de conditions, pas d’ingérence dans les affaires intérieures. La formule est simple : un partenariat gagnant-gagnant. L’atout de la Chine actuellement est qu’elle n’a pas un passif colonial dont elle devrait s’excuser, ce qui n’est pas du tout le cas de l’Occident.
Pour Dendenne, la Chine ne fait que répondre aux appels de l’Afrique. Il cite les routes construites, les réseaux électriques modernisés, les équipes médicales envoyées en renfort lors de la pandémie de Covid-19. En 2023, les échanges commerciaux entre les deux continents ont atteint un sommet historique de 282,1 milliards de dollars.
Mais l’universitaire reste lucide, et appelle les deux partenaires, la Chine et l’Afrique, à discuter ouvertement et à dissiper les craintes quant au «piège de la dette», agité comme un épouvantail par l’Occident pour inquiéter les pays africains et plus largement les pays qui coopèrent avec la Chine.
Lors de leur rencontre à Pékin, le Président chinois Xi Jinping et le Président Kaïs Saïed ont décidé d’élever leurs relations au rang de «partenariat stratégique». Récemment plusieurs accords ont été scellés entre les deux parties.
L’article Coopération Sino-africaine : Un partenariat renforcé pour un avenir partagé est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.
lien sur site officiel