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Controverse à Sfax : La décision de retirer le phosphogypse de la liste des déchets dangereux suscite des réactions vives

La décision du Conseil ministériel, prise le 8 mars 2025, de retirer le phosphogypse de la liste des déchets dangereux et de le classer comme matériau réutilisable, a provoqué une vive polémique parmi les habitants de Sfax et les acteurs de la société civile de la région.

Le phosphogypse, un sous-produit de l’industrie des engrais phosphatés, est considéré comme potentiellement dangereux en raison de sa teneur en métaux lourds et en substances radioactives. Cette décision d’en faire un matériau valorisable et de l’utiliser dans divers secteurs, sous des conditions strictes, soulève des inquiétudes sur les risques environnementaux et sanitaires.

Des inquiétudes croissantes 

L’activiste civil Riyad Haj Tayeb a exprimé de vives préoccupations, estimant que le retrait du phosphogypse de la liste des déchets dangereux et sa revalorisation ouvre la porte à de nouvelles formes de pollution. Selon lui, l’État, qui a déjà rencontré des difficultés pour résoudre les problèmes liés au transport du phosphate, se retrouvera face à la gestion d’une montagne de phosphogypse de 80 mètres de hauteur, contenant des millions de tonnes de déchets dangereux et de matières radioactives non valorisables.

“La meilleure solution serait de mettre fin aux activités industrielles polluantes et de créer des espaces verts sur les sites où le phosphogypse est actuellement stocké, dans l’attente de solutions technologiques et financières pour la valorisation de ce matériau”, a-t-il encore souligné, dans une déclaration accordée à l’agence Tap.

En effet, le phosphogypse est produit lors de la transformation des roches phosphatées en acide phosphorique, une matière première pour les engrais. Toutefois, il présente des risques environnementaux et sanitaires importants en raison de sa composition, qui inclut des métaux lourds comme le plomb, le cadmium, l’arsenic, ainsi que des éléments radioactifs tels que le radium-226. Plusieurs experts s’accordent à dire qu’une évaluation rigoureuse des risques doit être effectuée avant toute valorisation de ce matériau.

Rawia Amira, ancienne conseillère municipale et militante pour l’environnement, a quant à elle critiqué cette décision, la qualifiant de menace pour les rêves des habitants de Sfax concernant le développement d’infrastructures comme la ville sportive, Taparura et le métro léger. Elle a aussi déploré le manque d’attention de certains élus locaux face aux catastrophes environnementales causées par la montagne de phosphogypse, qui continue de polluer les terres agricoles et de perturber les ressources en eau dans la région.

Cette montagne de phosphogypse, située près de la municipalité de Thyna, dans la région de “Ain Fallat”, aurait détruit des terres agricoles fertiles, contaminé la nappe phréatique et altéré la biodiversité de la réserve naturelle voisine. Elle a également nui à l’écosystème marin et perturbé les projets de réhabilitation des côtes sud de la ville, isolant ainsi Sfax de son littoral.

Le député de Sfax, Saber Masmoudi, a quant à lui insisté sur la nécessité de discuter de cette décision avec toutes les parties prenantes, en vue de trouver une solution aux problèmes environnementaux engendrés par le phosphogypse. Il a suggéré de s’inspirer des expériences d’autres pays, comme le Canada et l’Australie, pour mieux gérer la revalorisation de ce matériau.

Une proposition de valorisation soumise à des conditions strictes

Les experts et chercheurs, tels que Monem Kallel, professeur à l’École nationale d’ingénieurs de Sfax, estiment qu’une valorisation du phosphogypse est théoriquement possible, mais seulement si des protocoles stricts sont mis en place pour assurer la sécurité sanitaire et environnementale. “Le phosphogypse contient des éléments très dangereux qui nécessitent une gestion rigoureuse avant toute tentative de valorisation”, a expliqué Kallel. Il a recommandé de réaliser des études approfondies sur les effets de ces substances sur la santé humaine et l’environnement avant d’engager toute action.

Le ministère de l’Environnement est appelé à mener des études complètes et à consulter des experts afin d’établir un cadre réglementaire pour la gestion et la valorisation du phosphogypse, dans le respect des normes environnementales.

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