Economie tunisie

Conjoncture | 2024, année de tous les défis

 

MAC SA, leader en matière de conseil et de services financiers, vient de publier au mois de janvier dernier un rapport sur les perspectives économiques de 2024 en Tunisie, en dressant le bilan de 2023 qui a enregistré des développements positifs, tels que l’amélioration des termes des échanges  commerciaux et une reprise du secteur touristique, mais la croissance du PIB a été révisée à la baisse, pour se limiter à 0,9% contre une prévision initiale de 1,8%.

Selon la même source, «ce ralentissement prévu s’explique par une multitude de facteurs, en particulier la faiblesse de la pluviométrie pour la quatrième année consécutive affectant considérablement la production agricole, la poursuite de la contraction de la production extractive, outre la diminution de la demande émanant de la zone Euro touchant les industries manufacturières exportatrices, notamment le secteur du textile et de l’habillement».

Le rapport énumère certains indicateurs économiques qui demeurent en baisse dont le taux d’inflation qui a enregistré une légère baisse mais demeure élevé, notamment pour les produits alimentaires (12.3%) suite à la sécheresse et la compression des importations qui ont réduit l’offre sur les marchés alimentaires intérieurs. «L’inflation demeure également bien supérieure au taux d’intérêt, même si ce dernier a été maintenu constant en 2023».

Réduction du déficit commercial

Concernant le déficit commercial, il a diminué de 39% au cours des 11 premiers mois de 2023 pour atteindre 16.5 milliards de DT, grâce à des prix internationaux plus favorables de l’énergie et des produits alimentaires. Le déficit énergétique s’est creusé en raison d’une baisse de la production intérieure et malgré des prix internationaux plus favorables, continuant ainsi de représenter la majeure partie du déficit commercial. La réduction du déficit commercial conjuguée au rebond des recettes touristiques (+32% sur un an à fin novembre 2023 à 6.5 milliards de DT) et à la stabilité des envois de fonds (+3.1% à 6.9 milliards de DT), ont réduit le déficit des opérations courantes à fin novembre qui s’est établi à -4.234 MDT (ou – 2,7% du PIB), contre – 11.982 MDT (ou -8,3% du PIB) une année auparavant.

Par ailleurs, le rapport indique que le budget est établi sur la base d’une hypothèse de croissance de 2.1% et d’un prix de baril de pétrole Brent de 81 US$. Le cours de dollar retenu n’est pas divulgué. Environ 43% des dettes sont internes et 57% sont externes. Sur la base de la LF2024, l’endettement public totaliserait 137.8 milliards de dinars à fin 2024.

Perspectives pour 2024 à la Bourse de Tunis

Dans la continuité de la fin d’année 2023, la Bourse de Tunis a fait un mauvais démarrage en 2024. Sur la première semaine, l’indice a déjà perdu 2,25%. Les investisseurs sembleraient plus sceptiques en ce qui concerne cette nouvelle année qui porte plusieurs défis pour l’économie tunisienne, notamment en termes de remboursements importants de dettes extérieures, et de besoins importants de mobilisation de ressources extérieures.

A l’échelle mondiale, des inquiétudes planent toujours sur l’inflation malgré des signes de ralentissement.

Ainsi, le continent européen est en difficulté, principalement l’Allemagne, locomotive de la croissance européenne depuis belle lurette ainsi que la Chine touchée par une crise immobilière majeure. De surcroît, plus de la moitié de la population mondiale sera appelée aux urnes, avec des élections prévues dans 76 pays, parmi lesquels les États-Unis, l’Inde, le Mexique ou encore la Russie sans oublier la guerre entre la Russie et l’Ukraine et celle de Gaza.

Indépendamment du bilan économique, qu’il soit positif ou négatif, la Bourse a toujours offert des opportunités de placement. Les investisseurs sur la BVMT sont dans l’attente de la publication des indicateurs d’activité de fin de l’année 2023 et des états financiers pour pouvoir ajuster leurs positionnements.

Pour 2024, chaque secteur aura ses propres défis. Les banques et les sociétés de leasing seront confrontées au risque de la hausse du coût de risque clientèle, variable aussi déterminante pour la rentabilité. Ou autrement comment gérer l’équation complexe de la croissance de l’activité et la maîtrise de la qualité du portefeuille. Encore, une petite révision à la baisse des taux reste envisageable au vu de la tendance récente de l’inflation, ce qui impacterait légèrement leurs revenus. Sans oublier l’effet de la contribution conjoncturelle au budget de l’Etat au taux de 4% au titre des bénéfices des années 2023 et 2024.

Pour les sociétés non financières, la plupart ont réussi à répercuter la hausse des coûts des matières premières subies en 2022 sur leurs prix de vente mais jusqu’à quel niveau peuvent-elles encore le faire afin de maintenir de bonnes marges. Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêt devrait impacter négativement les sociétés déjà endettées et pénaliseraient également les coûts d’investissement vu que les montages reposent en grande partie sur le financement bancaire.

Pour les entités exportatrices, la consolidation des marchés à l’étranger figurera en tête des priorités d’autant plus que la zone euro connaît un fléchissement de la croissance en 2023 et 2024.

C’est dire qu’une stratégie de diversification sectorielle et de «Stock-picking» est toujours de mise dans un contexte d’incertitude pour profiter des potentialités haussières et de rebond des valeurs. Un suivi minutieux des réalisations trimestrielles et semestrielles s’impose pour moduler le portefeuille. Pour 2024, l’orientation vers les valeurs défensives moins sensibles aux soubresauts de l’économie, les valeurs exportatrices et enfin les valeurs à fort rendement dividende reste la ligne directrice.

Facteurs conjoncturels

Pour rappel, et en termes de performance, le Tunindex a résisté tant bien que mal durant 2023 pour évoluer de 7.9%. Le fait marquant cette année (2023) était surtout le faible niveau des échanges notamment lors du dernier trimestre, une faiblesse qui cache derrière elle un manque d’attrait pour le marché des actions de la part des investisseurs, tous types confondus. Les raisons sont multiples, à leur tête le taux d’intérêt élevé (8%) sur le marché monétaire créant un effet d’éviction pour des placements à risque.

Plusieurs autres facteurs conjoncturels ont également pesé sur le moral des investisseurs, à savoir la morosité économique nationale avec un PIB attendu en 2023 en progression de seulement 0.9%, des finances publiques mal en point, une loi de finances 2024 instaurant une nouvelle imposition de 4% pour les sociétés financières, des négociations quasiment à l’arrêt avec le FMI, un contexte international géopolitique instable et des prévisions de croissance faible dans la zone euro, notre principal marché export.

Idem pour les investisseurs étrangers pour qui notre pays est sorti de leur radar d’investissement ces dernières années au vu de la conjoncture économique difficile, à ceci il faut ajouter les baisses successives de la note souveraine de la Tunisie.

(Source : MAC SA/ conseils et services financiers)

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