Condamnée à ne jamais être mère…Amel, la martyre du système
Enceinte d’une fille, elle aurait pu vivre les joies de la matarnité. Elle aurait pu tenir son bébé dans ses bras et camper le rôle de toute sa vie à venir, celui de mère. Elle n’aurait jamais pensé que sa grossesse allait virer au drame.
Le hasard ? Le destin? Non et non! Ce sont la cupidité de certains et la faillite d’un système qui ont jeté dans les abysses de l’enfer cette jeune dame, dont la seule « faute » est d’être démunie.
Un mort-né et…jamais elle ne sera mère
Cela se passait le lundi 1er mai, la jour de la Fête du travail, justement… A Touiref, une localité du gouvernorat du Kef, Amel Bouzidi était transportée à l’hôpital de la place, pour y accoucher de son premier enfant. Faute de médecin spécialiste, on l’a transférée vers l’hôpital régional du Kef, mais là encore elle n’a pas pu être admise.
On n’avait plus qu’à se diriger vers une clinique privée pour la délivrer de sa souffrance. Cependant on l’a refoulée et jetée dehors parce que la somme nécessaire pour l’opération n’a pas été payée, d’avance.
Sa famille a été obligée de l’emmener de nouveau à l’hôpital du Kef. Et c’est sur ce trajet que son bébé meurt…
Après toutes ses heures d’attente et de va-et-vient, Amel met au monde un mort-né à cause de la négligence de tout un nombre de gens relevant du secteur de la santé, où le principe majeur est de ne jamais occulter le devoir et l’obligation d’assister, médicalement, une personne en danger, fût-il un ennemi de guerre.
Des personnes qui devraient, normalement, avoir le sens de la responsabilité parce qu’elles ont prêté serment et juré de préserver la santé d’autrui.
Si seulement on l’avait admise.. Si l’administration de la clinique avait écouté ses souffrances..tout cela aurait pu être évité.
En revanche, au moment où la jeune femme de 21 ans souffrait et n’espérait que mettre au monde son enfant, qu’elle a attendu durant neuf mois, les responsables ne voyaient rien d’autre que la rétribution.
Le drame n’était pas fini pour la jeune femme, car elle a dû, de surcroît, subir une hystérectomie (un acte chirurgical qui consiste à enlever l’utérus).
Résultat : A 21 ans elle perd son bébé et perd tout espoir d’en avoir un autre.
Une enquête est ouverte
Ce drame a fait couler beaucoup d’encre, durant cette semaine et le président de la République, Kais Saïed, a réagi après que les députés du gouvernorat du Kef à l’Assemblée des représentants du peuple l’ont appelé à intervenir.
Une enquête a, par ailleurs, été ouverte pour déterminer les responsabilités.
A cet effet, le parquet a ordonné la mise à la disposition de l’enquête d’un responsable d’une clinique privée, de deux sages femmes, de deux infirmières et d’un médecin.
Un système de santé souffrant
Le drame de Amel Bouzidi n’est pas un cas isolé. En effet, la situation de la plupart des hôpitaux en Tunisie est lamentable.
Malgré l’importance de ce secteur, les services de santé publics sont « modestes » et ce, non parce qu’on manque de compétences, mais parce que le système de la santé n’a pas suivi les développements, faisant que l’exode des médecins ne cesse de croître.
Cela pousse les citoyens à se diriger vers les cliniques privées, mais là, il faut avoir les moyens, sinon ils seront, comme Amel Bouzidi, refoulés avec tout ce que cela peut avoir comme conséquences.
Amel qui ne sera jamais mère, en a fait les frais. Elle ne sera, hélas, pas la dernière…
Lâameri Dorsaf
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