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Commerce parallèle: Le phénomène des étals anarchiques a-t-il baissé pavillon ?

La plupart des municipalités ont marqué des points précieux dans leur lutte de longue date contre ce fléau. Pari gagné ou ce n’est que partie remise ?

Dans deux municipalités sur trois, l’heure est à la jubilation : le phénomène du commerce parallèle y est déclaré vaincu, comme en atteste la disparition de ses innombrables et envahissants étals anarchiques. Une victoire aux points pour certaines mairies, mais par ko pour d’autres. Les premières doivent se garder de céder au triomphalisme, car ledit phénomène, s’il a beaucoup perdu de son acuité, n’en demeure pas moins menaçant par ses poches de résistance restantes qui pourraient refaire surface à la première aubaine, au moindre relâchement de vigilance. Et c’est là que le bât blesse, d’autant plus que les communes concernées ne sont pas suffisamment outillées, ni en effectifs administratifs et policiers ni en ressources financières pour espérer relever le défi. « La fin de la traditionnelle partie du chat et de la souris n’est pas pour demain», estime Mahmoud Akkari, habitant de Raoued ( gouvernorat de l’Ariana) qui rappelle que « Cela fait bien longtemps que nous y sommes habitués : chaque fois qu’on chassait les étals, ils revenaient le lendemain au galop, tirant profit de plusieurs facteurs, dont le laxisme des autorités locales, les sit-in à répétition des exposants et le non- aménagement d’un site spécialement conçu pour ces activités commerciales. C’est pourquoi, à mon sens, et sans alarmisme aucun, il ne faut pas trop rêver ».

A propos de ces sit-in qu’on voit, moins souvent heureusement, devant les sièges des gouvernorats, des délégations et des mairies, une question lancinante s’impose : au nom de quel droit manifeste-t-on ? La question mérite vraiment d’être posée quand on sait que quasiment 80% des propriétaires d’étals anarchiques exercent illégalement, c’est-à-dire sans autorisation en bonne et due forme, sans  paiement de la taxe municipale et, par-dessus le marché, sans respect des conditions d’hygiène. « Le plus grave, rapportent des sources sécuritaires concordantes, est que certains (beaucoup ?) de ces marchands sont des repris de justice qui vendent également des stupéfiants. Et ce n’est pas un hasard si des dizaines d’entre eux ont été arrêtés en flagrant délit de trafic de drogue, notamment le cannabis ».

Un k.o. imparable 

En revanche, on constate que des municipalités, sans doute plus chanceuses, ont pu dernièrement infliger une dure correction à ce phénomène qu’elles considèrent désormais comme abattu et déraciné. A jamais ? «On l’espère vivement», répond Hedi Bargaoui, gérant d’une boutique de prêt-à-porter située au cœur de la capitale. «Apparemment, dit-il, tout sourire, ça promet, puisque des rues très animées qui faisaient le lit des étals anarchiques ont été récemment entièrement assainies, d’autres sont, paraît-il, en passe de l’être. Et c’est tant mieux pour nous, commerçants exerçant dans la légalité et honorant taxes, impôts et crédits bancaires pour survivre». La municipalité de Tunis est passée par là. Elle qui, non contente d’avoir épuré ses artères, vient de construire de nouveaux sites au profit des marchands ambulants désireux de s’y installer conformément aux lois en vigueur. Dans ces nouveaux sites dont le plus vaste est situé près du souk Moncef-Bey, on est dans les règles de l’art, puisque tout y est : éclairage public, blocs sanitaire et administratif, parking et espaces respectables entre les étals. 

Tache d’huile 

Cependant, bien avant la mairie de la capitale, il faut remarquer que celle de l’Ariana a été, en la matière, la première à avoir donné l’exemple et… l’appétit aux autres, en parvenant à réaliser l’exploit d’endiguer ce phénomène. Exploit ? C’en est vraiment un, ladite municipalité s’étant, depuis les années 90, montrée, jusqu’ici, tout a fait impuissante et incapable de gagner ce bras de fer. Cette fois-ci, par on ne sait quel miracle, elle a non seulement enlevé tous les étals anarchiques qui la faisaient rougir de honte, mais aussi procédé, par véhicules de police interposés et aux aguets 24 heures sur 24, à la fermeture de tous les passages donnant sur les périmètres occupés par ces étals. Plus d’âme qui vive ! Face à cette offensive ravageuse, les plus sages des contrevenants, résignés, ont dû déménager dans le nouveau marché qui leur a été aménagé pour un coût de 200 mille dinars, tandis que les plus récalcitrants ont fini par aller tenter leur chance dans d’autres régions. 

Reste maintenant à espérer que la même réussite sourira aux municipalités restantes qui n’arrivent pas, pour le moment, pour une raison ou une autre, à en finir avec le phénomène du commerce parallèle qu’alimentent, en grande partie, les circuits de distribution irréguliers utilisés par les réseaux de contrebande, tous trafics confondus. 

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