Commentaire: Un mécanisme ambitieux face à une réalité tragique
L’annonce de la création de l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté sous l’égide du président brésilien, Lula da Silva, lundi 18 novembre, marque une étape importante dans la lutte contre deux des plus grands fléaux de l’humanité. La Tunisie vient acter officiellement son adhésion à cette initiative mondiale, réaffirmant son engagement à lutter contre toutes les formes de pauvreté et d’inégalité. Cette décision reflète également la vision du Président Kaïs Saïed, qui appelle à construire une nouvelle histoire de l’humanité fondée sur la justice, la solidarité et l’égalité. L’adhésion de la Tunisie met ainsi en lumière une volonté nationale de s’aligner sur des initiatives internationales ambitieuses.
Avec des ambitions claires, comme toucher 500 millions de personnes d’ici 2030 ou offrir des repas scolaires à 150 millions d’enfants, cette initiative veut transcender les habituelles déclarations d’intention et se structurer en actions concrètes. Pourtant, la gravité de la situation actuelle nous pousse à poser une question essentielle ; sera-t-elle à la hauteur des urgences immédiates ? En effet, comment parler de justice et de solidarité sans évoquer Gaza ? Depuis plus d’un an, ce territoire est l’un des théâtres les plus accablants de la faim dans le monde. La situation dépasse les simples chiffres. C’est une tragédie humaine qui se déploie tous les jours sous le regard du monde entier, et qui révèle les limites de la solidarité internationale face aux rapports de force géopolitiques. Si cette Alliance veut avoir une légitimité morale et pratique, elle doit donc oser briser les silences. D’où la question suivante ; quels mécanismes seront mis en place pour soutenir les populations sous embargo ou en conflit, où la famine est utilisée comme arme de guerre ?
En Afrique, l’autre continent touché de plein fouet par la faim, les besoins sont titanesques. Le continent fait face à des défis multiples, tels que l’instabilité politique, les inégalités structurelles et les effets du changement climatique. Pour que cette Alliance ne soit pas une énième coquille vide, elle devra donc transformer ses belles promesses en une action pragmatique et adaptée aux contextes locaux. Cela passe par un partenariat véritablement inclusif avec les gouvernements africains, mais aussi avec les communautés locales, souvent ignorées dans les grandes manœuvres internationales.
L’argument de Lula est glaçant, 733 millions de personnes sous-alimentées dans un monde produisant 6 milliards de tonnes de nourriture par an. Plus alarmant encore, les dépenses militaires qui atteignent 2.400 milliards de dollars. Ces priorités budgétaires adoptées, notamment par les Etats riches et puissants montrent à quel point l’humanité a choisi de détourner le regard de ses propres plaies. De ce fait, il ne s’agit pas seulement d’agir, mais de repenser notre modèle global. La faim ne disparaîtra pas par magie, elle exige une redistribution massive des richesses et des ressources.
C’est pourquoi l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté ne doit pas être une structure bureaucratique supplémentaire, mais une plateforme en faveur d’un changement radical. Elle a le potentiel de devenir un instrument clé si elle privilégie les actions directes, la transparence et un réel engagement politique. Lula a appelé au « courage d’agir ».
Ce courage devra transcender les intérêts nationaux et défier les logiques économiques qui perpétuent la faim. Dans un monde où des enfants meurent chaque jour le ventre vide, nous n’avons pas le luxe de l’inaction. Ce nouveau mécanisme sera jugé non sur ses mots, mais sur ses actes. Et pour que ces actes aient un sens, ils devront répondre, dès maintenant, aux cris étouffés des populations affamées de Gaza, d’Afrique et d’ailleurs.
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