COMMENTAIRE – L’huile d’olive tunisienne, une fierté nationale à protéger
L’huile d’olive n’est pas qu’un simple ingrédient pour les Tunisiens, elle incarne une part de leur âme. Symbole culturel et trésor patrimonial, elle traverse les âges, lie les générations et unit les classes sociales. Alors, quand certains responsables osent minimiser son rôle dans nos habitudes culinaires, il est naturel que cela suscite une vague d’indignation. Car toucher à l’huile d’olive, c’est ébranler une part de notre identité.
Mais le vrai choc ne réside pas seulement dans les discours, il est dans le prix. Comment ce trésor, cultivé sur nos terres, peut-il devenir un luxe inaccessible pour tant de familles ? Comment expliquer qu’un pays parmi les plus grands producteurs mondiaux prive ses propres citoyens de cet or vert ? La frustration est palpable, et elle est légitime.
La saison 2024-2025 débute dans un contexte contrasté. Si les prévisions de production sont prometteuses, les cours mondiaux de l’huile d’olive connaissent une chute, menaçant la rentabilité des producteurs et exportateurs tunisiens. À cela s’ajoutent les aléas climatiques, avec une sécheresse persistante et des pluies irrégulières qui affectent les rendements. Ces défis soulignent l’urgence d’une gestion plus durable des ressources naturelles et agricoles.
L’huile d’olive est un pilier de l’économie tunisienne, souvent le garant de l’équilibre de la balance commerciale alimentaire. Pourtant, la filière souffre d’un problème chronique : une grande partie de l’huile est exportée en vrac, sans valorisation. Résultat ? Elle disparaît derrière des étiquettes étrangères, privant la Tunisie d’une reconnaissance internationale méritée et des gains économiques liés à la montée en gamme. Ce manque de stratégie est un gâchis. Une huile d’olive estampillée « Made in Tunisia », portée par des labels de qualité, pourrait devenir un symbole d’excellence et un atout économique majeur. Mais ce n’est pas tout. La fragmentation des terres agricoles freine également le développement. Avec des parcelles trop petites, les producteurs peinent à moderniser leurs pratiques ou à investir dans des technologies innovantes, malgré leur savoir-faire et leur potentiel.
Face à ces défis, des réformes audacieuses et ciblées sont indispensables, en misant sur la qualité et les labels. Promouvoir des appellations d’origine contrôlée et certifiées, telles que l’AOP, pourrait renforcer la compétitivité sur les marchés internationaux. Et diversifier ces marchés. Si l’Europe reste un partenaire clé, l’Asie, l’Afrique et l’Amérique offrent des opportunités considérables pour une huile d’olive tunisienne positionnée en haut de gamme. Moderniser les exploitations agricoles, en encourageant le regroupement des petites parcelles. Faciliter l’accès au financement et former les agriculteurs aux pratiques modernes doivent devenir des priorités. Et enfin, faire face aux défis climatiques. L’adoption de systèmes d’irrigation durables et innovants est essentielle pour sécuriser les récoltes face aux aléas de plus en plus fréquents.
L’huile d’olive tunisienne est bien plus qu’un produit d’exportation, c’est une fierté nationale, un lien identitaire, un héritage précieux. En misant sur une vision ambitieuse et des efforts concertés entre l’État, les producteurs et les exportateurs, la Tunisie a tous les atouts pour briller parmi les leaders mondiaux du secteur. Le potentiel est là, les solutions sont à portée de main. Et si nous agissons avec audace et détermination, l’huile d’olive tunisienne continuera de raconter une histoire d’excellence, tout en restant accessible à chaque foyer. Car il est impensable que cet or liquide, reflet de notre terroir et de notre âme, devienne un souvenir lointain pour ceux qui en sont les premiers héritiers.
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