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Commentaire | La décennie noire entre gestion sans règles et dépenses sans limites : Coup d’œil dans le rétroviseur

 

Aux yeux des Tunisiens, la décennie noire incarnait une gestion sans règles et des dépenses sans limites et finalement sans but. Dans un tel contexte, le dérapage était considéré comme un fait ordinaire, tandis que le caractère prétendument exemplaire était ouvertement contredit.

L’économie tunisienne est toujours malade. Elle est de plus en plus exposée à la déflagration, à l’explosion. La réalité est déroutante, car depuis 2011, et tout le long de la décennie noire, les pertes sont plus que jamais cumulées. La persistance des déficits observés impose une restructuration, comme l’impératif de valoriser la notion de travail, d’ajuster les capitaux et de trouver des fonds propres.

La question qui s’invite aujourd’hui d’elle-même nous renvoie à plus de dix ans en arrière quand l’économie tunisienne, qui avait auparavant des certitudes et qui avait tellement montré de belles choses, avait subi une déformation qui tenait son nom et sa raison d’être de l’absence de continuité, de dynamisme et surtout de réactivité. Les gouvernants de l’époque étaient dans l’incapacité de s’inscrire dans une économie de marché, d’attirer les investisseurs, de  maximaliser le profit. Ils avaient investi dans des politiques sans grand intérêt et sans fondement. Même pas une quelconque raison d’être. La logique peu inspirée et rarement ouverte au diapason d’un nouvel ordre à la fois national et mondial a fait que la majorité écrasante des Tunisiens n’en avait aucunement profité.

Une spirale inflationniste

Ils étaient aussi dans l’inaptitude de gérer l’apparition et le développement des enjeux financiers devenus déterminants, de favoriser une meilleure place à l’économique et toutes les spécificités que cela exigeait. De nouvelles pratiques avaient vu le jour et avaient contribué à entretenir une spirale inflationniste. La santé économique et financière de la Tunisie s’était fortement dégradée. Pareille situation s’expliquait surtout par une gestion des ressources le plus souvent mal orientée.

Aux yeux des Tunisiens, la décennie noire incarnait une gestion sans règles et des dépenses sans limites et finalement sans but. Dans un tel contexte, le dérapage était  considéré comme un fait ordinaire, tandis que le caractère prétendument exemplaire était ouvertement contredit.

Et dire qu’il y en avait toujours en ce temps-là les ressources et les moyens les plus significatifs pour la confiance, pour la crédibilité, pour la construction. En un mot, tout ce qu’il fallait pour préserver les acquis et les vertus d’un temps et d’un modèle révolus.

En économie, toute performance découle forcément d’une certaine logique. Les décisions et les mesures prises au lendemain de la révolution s’étaient avérées non rentables. L’on ne doit pas oublier que certains acteurs financiers, présents d’une manière ou d’une autre, s’étaient investis avec une vision hautaine, au point même d’avoir agi, mais surtout compromis, toute la stratégie économique et financière. Leur intervention était certes synonyme d’apport en capitaux, mais aussi souvent d’une grande instabilité, à l’image des entreprises endettées en dépit de bons états  financiers ! Plus encore, certains responsables, notamment ceux qui n’avaient ni les qualités, ni les profils requis, avaient mis en difficulté des entreprises qui ne l’étaient pas auparavant. Cela s’est produit particulièrement dans les établissements publics.

Les Tunisiens ne cesseront jamais de s’interroger sur les raisons et les conséquences de cette déformation qui a touché l’économie tunisienne et sa rentabilité. Il s’agit au fait de définir les causes et les limites qui avaient conduit à cette transposition ratée. Loin des coulisses, apparaît désormais un contexte fragile et en pleine dérive. Et ce n’est donc ni plus ni moins que la déstabilisation qui menace l’économie tunisienne, où les résultats, aussi exceptionnels soient-ils aujourd’hui, ne suffisent pas à combler le cumul des années et des années d’errance et d’égarement. Un cumul qui fait peser un risque de crise systémique sur la Tunisie…

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