Clôture du Programme de recherche international Tuniso-germano-africain Access: Le chômage et l’employabilité en Afrique au cœur du débat
Le consortium d’universités «African Centre for Career Enhancement & Skills Support» (Access) organisera, du 1er au 5 octobre à Hammamet, une conférence académique internationale suivie d’une université d’été sur le thème : «Le chômage des diplômés en Afrique : pour un changement de paradigme». La conférence, qui clôturera le programme de recherche d’Access (2020-2024), portera sur la nécessité de revenir aux fondements théoriques économiques, et autres, afin d’actualiser le lien entre l’amélioration des niveaux d’éducation, notamment universitaire, des ressources humaines d’un pays, et la croissance économique et le développement dans les pays africains.
L’événement analysera, en effet, les problèmes liés à la formation universitaire dans les Établissements d’enseignement supérieur (EES) africains, au mauvais choix des filières, et à la qualité de l’enseignement supérieur, autant de facteurs qui contribuent au chômage massif des diplômés. En outre, la conférence s’interrogera sur la manière de redéfinir et contextualiser le concept d’employabilité en Afrique.
Ces événements s’inscrivent dans le cadre des programmes implémentés par Access qui est un consortium de six universités africaines du Bénin, du Ghana, du Kenya, du Nigeria, du Rwanda et de la Tunisie, travaillant avec l’université de Leipzig, en Allemagne, pour étudier la stagnation du marché du travail en Afrique, malgré l’augmentation du niveau d’éducation de la population active occupée et des salariés. Dans un premier temps, le programme a mis en place une recherche sur le chômage des diplômés dans ces pays. Ce programme doctoral a permis à quinze étudiants africains, dont trois Tunisiens, de préparer des thèses, en Allemagne, en anglais, sur des problématiques dudit programme. Access développe également de nouveaux modèles d’enseignement pour renforcer l’employabilité des étudiants africains, tout en augmentant leurs opportunités sur le marché mondial et en les connectant avec des entreprises internationales.
Le consortium vise à créer une plateforme pratique pour les établissements d’enseignement supérieur (EES) africains, en collaboration avec les entreprises et les agences de coopération au développement.
Université d’été : un programme riche
Quant à l’université d’été, elle se concentrera sur le renforcement des capacités des enseignants et des doctorants, en intégrant des pratiques pédagogiques et de recherches adaptées aux réalités socioéconomiques. Le réseautage universitaire et la coopération entre universités et entreprises seront également encouragés. Les ateliers offriront l’occasion de promouvoir des techniques innovantes en matière de recherche, d’enseignement et de gestion universitaire. Les ateliers de l’école d’été seraient, en outre, l’occasion pour promouvoir des techniques innovantes de recherche, d’enseignement (e-learning), mais également de coaching de ToT (e-coaching) et de gestion des universités et des EES. Les participants auront également l’occasion pour interagir et participer, via des ateliers divers, à la construction de méthodologies innovantes, entre autres celles de la planification stratégique dans les universités et EES tunisiens, du Service Learning (apprentissage à vie et extracurriculaire) et son implémentation. Parallèlement, des chefs d’entreprise et des responsables politiques tunisiens partageront leurs perspectives sur la coopération entre l’université et son environnement économique, social, culturel et technologique. Les participants, venus de divers pays africains, du Maghreb et de l’Europe, échangeront leurs expériences afin de tisser des réseaux africains et européens.
Un chômage persistant
Cet événement d’envergure intervient dans un contexte économique régional marqué par la hausse du taux de chômage sur le continent africain. Selon le géographe économiste de la Faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis (Université de Tunis) et organisateur de l’événement, Prof. Dr Hamadi Tizaoui, le chômage des diplômés, qui touche une part croissante de la population dans de nombreux pays africains, est devenu un problème majeur. Exacerbé par la dévalorisation des diplômes dans un contexte de faible création d’emplois, ce phénomène est particulièrement sévère pour les femmes diplômées.
Ce paradoxe se traduit par un taux de chômage plus élevé chez les diplômés que chez les non-diplômés, atteignant parfois des niveaux quatre fois supérieurs. En Tunisie, à la fin de 2019, les diplômés du supérieur représentaient 41 % des chômeurs, avec un taux de chômage de 38,1 % pour les femmes et 15,7 % pour les hommes. Le chômage des diplômés est particulièrement aigu dans les régions intérieures défavorisées, où il dépasse 50 % dans certains gouvernorats comme Kébili et Gafsa. Ces disparités régionales exacerbent les tensions sociopolitiques, provoquant des mouvements sociaux, comme ceux observés en Tunisie en 2011. Ce problème est devenu un enjeu central dans plusieurs pays africains, tels que le Maroc, l’Algérie et le Sénégal. Il nécessite une analyse approfondie de la part des chercheurs en sciences sociales pour comprendre les dynamiques économiques et politiques sous-jacentes. La conférence et l’école d’été d’Access seraient une occasion pour partager les résultats de recherche du programme dans les écosystèmes universitaires africains et surtout chez les décideurs institutionnels et les chefs d’entreprise pour une meilleure compréhension des enjeux et défis des marchés de travail en Afrique, au Maghreb et en Tunisie.
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