Clap de fin des «Nocturnes d’El Jem» avec «Les mélodies Méditerranéennes» de l’Orchestre symphonique de Sousse : Entre symphonies et folklore
La 37e édition du Festival international de musique symphonique d’El Jem a été clôturée le 17 août par un concert qui mêle musique symphonique, opéra et… folklore tunisien !
En effet, pour la dernière soirée des «Nocturnes d’El Jem» de cette année, l’Institut supérieur de musique et le conservatoire public de musique et de danse de Sousse ont présenté une création spéciale, en collaboration avec l’Institut français de Sousse, intitulée «Mélodies méditerranéennes».
Dès les premières notes, le public nombreux est tombé sous le charme d’une musique particulièrement vivante et séduisante, aux nuances variées et pleines de relief.
Après l’hymne national, le chef d’orchestre français, Frédéric Isoletta, a entamé la première partie du spectacle avec une valse de «Masquerade» composée par le célèbre musicien russe Aram Khatchatourian.
Sous sa direction, plus de 70 artistes ont poursuivi une exploration de l’héritage classique avec «Danse macabre» de Camille Saint-Saens, un Concerto de Violon de Jean-Baptiste Accolay, «Boléro» de Ravel, «Chaconne» de Raphael Imbert et même un extrait de la musique du film «Rocky» de Bill Conti. Veillant aux équilibres entre les différents pupitres avec une attention croissante au fil du concert, ce sont surtout les cordes qui se font remarquer. Deux solistes ont prouvé une finesse particulière avec leur jeu au violon, dont Abderrahman Amri, un enfant de 9 ans.
Si les talents requis pour ce concert dont exempts de reproches, la sonorisation a pourtant marqué quelques défaillances légères qui n’ont pas entravé le déroulement du spectacle.
Le chef d’orchestre Frédéric Isoletta a, par la suite, enchaîné avec sa propre composition «Mediterraneo» qui a pris naissance aux Journées créatives de l’Institut de musique de Sousse. Pour cet extrait, il a été rejoint par deux oudistes, marquant le passage aux tonalités orientales, avant de céder sa baguette au musicien tunisien Naceur Afrit pour un morceau en hommage à son père feu Azzem Afrit, compositeur et enseignant universitaire de musique.
Frédéric Isoletta est remonté sur scène, aux commandes du chœur et orchestre, pour un medley du folklore tunisien.
La chanteuse Lobna Abidi a surfé de sa voix gracieuse sur des trésors sonores de notre patrimoine musical avec un medley de Hedi Jouini, Fathia Khayri et Saliha. Le public a longuement applaudi ces airs rythmés vu la qualité somptueuse du jeu musical et de l’interprétation.
La troisième partie de la soirée a été consacrée à «Salem», un opéra tunisien écrit par la poétesse et universitaire Emna Rmili et qui a été joué pour la première fois en 2017. Cette œuvre mise en musique par le compositeur Samir Ferjani, et orchestrée par Aymen Ben Salah, remet en scène l’assassinat du héros éponyme, en puisant son inspiration dans la chanson de Saliha «Khil Salem».
Elle propose une action en musique, tout en offrant un théâtre vocal en dialecte tunisien, une initiative originale en tout point louable, à promouvoir et réitérer.
Lobna Abidi, Narimene Bouchalghouma, Amir Massoud et Yosri Boussaid ont emprunté les voix de la sœur de Salem, sa veuve, son meilleur ami et son assassin. Les jeunes chanteurs ont offert un quatuor lyrique des plus solides et ont apporté davantage de consistance dramatique aux personnages. Une superbe prestation qui aura rendu tout son lustre à un ouvrage magnifique, mais qui a été malheureusement rarement programmé. Emna Rmili a été appelée à la fin du concert pour être honorée par les organisateurs de l’événement sous un tonnerre d’applaudissements.
Ainsi, le Festival international d’El Jem, qui s’est tenu depuis le 13 juillet, a pris fin. Le public et les critiques ont loué le succès de cette édition qui n’est tout de même pas exempte de quelques reproches, notamment concernant les moyens techniques déployés. Les organisateurs nous ont confié toute la difficulté de tenir cet événement à un niveau aussi haut en dépit du budget serré. En effet, les troupes de musique classique ont la particularité de dépasser souvent la centaine, entre musiciens et choristes, ce qui impose de grandes dépenses de déplacement, de restauration et d’hébergement. Ils souhaitent que le ministère du Tourisme soit plus impliqué dans le financement de cet événement culturel qui valorise le site archéologique et met l’ancienne cité antique de Thysdrus sous les projecteurs en attirant des milliers de mélomanes chaque été.
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