Chroniques de la Byrsa: Le verre des riches et celui des pauvres
Je ne suis pas un fanatique du petit écran. Bien loin de là. Mais, de temps à autre, j’aime bien m’installer confortablement devant un verre et la boîte magique pour feuilleter le menu offert de nos jours par les très nombreuses de chaînes qui se bousculent au portillon afin de grappiller des bribes d’audimat. Quand je pense que dans ma jeunesse nous n’avions droit qu’à une seule chaîne sur les rares postes détenus par des privilégiés de l’oligarchie… Et encore : cet unique canal n’était même pas tunisien. Ni français, du reste, mais italien, la Rai nous ayant offert une antenne au sommet du Boukornine pour relayer ses émissions chez nous et «arroser» seulement le Grand Tunis. Et, comme aujourd’hui lors de la transmission de grands événements sportifs pour appâter la clientèle, des cafés (à l’époque des bars du centre-ville et plus précisément le Florence) s’étaient dotés de téléviseurs installés sur une petite étagère qui dominait l’assistance. Et je me rappelle que, le dimanche, de petites vieilles Italiennes prenaient place face au poste pour capter le moment de la retransmission de l’apparition du Pape, à l’époque Pie XII, au balcon de ses appartements pour bénir la foule des fidèles qui se pressaient place Saint Pierre, au Vatican. Alors, le regard transporté vers la Ville éternelle, les petites vieilles faisaient le signe de la croix…
Un élément constitutif de notre être
Mais revenons à nos écrans. Hormis le journal télévisé sur certaines chaînes, je n’ai pas de rendez-vous fixes parmi la débauche de propositions qui inondent mon appareil. Alors, je zappe jusqu’à trouver quelque sujet auquel m’accrocher. Au passage, je suis ahuri par le nombre de séries qui comportent dans leur intitulé les mots «crime», «meurtre», «assassins», etc. Inouï ! Après, on se pose des questions sur le pourquoi de la violence qui gangrène nos sociétés, plus particulièrement dans les rangs de la jeunesse. Mais mon propos demeure loin de toutes ces considérations puisqu’il s’agit de verre. Oui, vous avez bien lu : le verre, ce matériau, généralement transparent, dont la découverte par les Egyptiens remonte à plus de 5.000 ans et qui, depuis, ne cesse de s’insinuer dans tous les domaines de notre existence au point de devenir pour ainsi dire un élément constitutif de notre être (mes lunettes en attesteront sans la moindre réserve).
Oui, ce sujet a immédiatement retenu mon attention dans la mesure où, tombant au beau milieu d’un dossier qui traitait de cette matière, j’espérais y trouver une réponse à une question qui me taraudait depuis des décennies. En fait, depuis le jour où nos gouvernants ont décidé que le verre d’emballage (bouteilles jusque-là consignées, bocaux, etc.) ne devaient plus servir qu’à un usage unique avant d’être mis au rebut ! A la faveur de cette émission, j’ai appris que depuis le premier choc pétrolier de 1973 qui a porté le prix des combustibles à des hauteurs vertigineuses, des pays autrement plus riches que nous (Allemagne, France, etc.) ont engagé une politique de récupération des verres d’emballage pour les broyer et les réutiliser dans la fabrication de nouveaux contenants, réalisant au passage une économie de plusieurs millions d’euros !
Pendant ce temps, nous continuons, nous les pauvres, à gaspiller allègrement une ressource qui devient encombrante et polluante quand elle n’est pas recyclée…
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