Chroniques de la Byrsa: L’ami iranien (III)
Après une virée qui nous a conduits à Zaghouan, Béjaoua, Carthage et même en France et en Italie, nous retrouvons cette semaine notre ami iranien que nous avons fait attendre pendant deux semaines pour lui révéler un secret relatif à notre histoire qu’il n’est pas près d’oublier, sachant que, dans le meilleur des cas, la plupart de nos compatriotes n’en connaissent que des bribes.
J’ai donc eu, à la fin du mois d’octobre, l’opportunité de conduire un jeune Iranien venu en Tunisie pour découvrir les citernes romaines de la Maâlaga, à Carthage, lui qui est passionné par la question de l’alimentation en eau des métropoles de l’Antiquité.
L’occasion m’a ainsi été offerte de l’impressionner en attirant son attention sur la singularité de ce monument qui fait partie d’un complexe architectural unique dans l’empire romain et qui comprend les captages du précieux liquide, l’aqueduc qui l’a acheminé sur une longueur totale de 132 km de ses multiples sources au terminal et la taille de cet ensemble de 18 citernes où l’eau était stockée dans des citernes d’une contenance de 44.000 m3.
Lors d’un précédent voyage, le visiteur iranien avait fait la connaissance du Temple des Eaux, à Zaghouan, point de départ du majestueux monument, ainsi que des tronçons de l’aqueduc subsistant le long de la RN3. Là, à la Maâlaga, j’ai lu sur son visage l’effort de reconstitution de l’ensemble, aujourd’hui épars, et la mesure de son émerveillement. J’ai voulu pousser plus loin mon avantage dans la promotion de l’image de la Tunisie en en rappelant ce qui fait sa singularité. Je procède ainsi à chaque fois que je rencontre des étrangers en mal de (re)connaissance de la grandeur de ce petit territoire.
Comment n’ai-je pas évoqué
le berceau du premier Etat chiite ?
J’ai parlé du rôle crucial des femmes dans l’architecture du passé de ce pays –et de son présent !—, du plus vieil Etat dans le bassin occidental de la Méditerranée, de la première République au monde, de la permanence de l’Etat sur près de trois mille ans, de Kairouan, capitale du Maghreb jusqu’en Andalousie, de la dynastie husseinite et de ses deux siècles et demi de règne, de la première Constitution en Afrique et dans le monde arabo-islamique, du plus vieux drapeau dans la même aire, de la première loi au monde sur l’abolition de l’esclavage, du premier syndicat ouvrier dans le Tiers-Monde, de l’émancipation de la femme. Bref, de quoi impressionner les plus blasés.
Et puis, l’illumination : comment n’ai-je pas évoqué devant ce fervent chiite le berceau du premier Etat chiite au monde ? Bien sûr, les manuels d’histoire consacrent bien quelques paragraphes à l’épisode de Obéid Allah al-Mahdi, à la naissance d’une nouvelle capitale, Mahdia, ainsi qu’à la conquête de l’Egypte par les troupes d’al-Moïz li-Din Allah ? Mais quid de la genèse de cette parenthèse dans l’histoire de notre pays ?
(A suivre)
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