Culture

Chroniques de la Byrsa: La Poste, comme elle va (II)

Dans notre dernière livraison, nous vous avons promis le meilleur concernant les prestations de notre Poste pour cette semaine. Il s’agit, encore une fois, d’acheminement du courrier. C’est l’histoire d’un voisin dont l’état de santé de l’épouse a requis une « IRM ». C’est donc une affaire on ne peut plus sérieuse. Seulement voilà : avec les dépenses liées à l’état de la patiente, les finances du couple ne sont pas au vert fluorescent et, étant donné l’urgence de l’opération, le prestataire a accepté de fournir ses services en attendant une prise en charge par la Cnam, mais contre un chèque de garantie.

Je sais que la loi, la précédente et l’actuelle, interdit une telle transaction et punit également l’émetteur du chèque si celui-ci s’avère sans provisions et le bénéficiaire de cette opération. Mais comme, jusqu’ici, on n’a puni que le premier, fermant les yeux sur la responsabilité de l’autre, cette pratique semble devoir se perpétuer. Donc, tout juste après l’acte médical, l’époux s’est précipité vers l’agence Cnam au Kram (ça rime !) pour déposer une demande de prise en charge.

Au guichet, on lui a signifié qu’il devait attendre pour la recevoir par voie postale, après avoir été averti par SMS du départ du courrier, car, lui a-t-on expliqué, la remise en main propre du document est interdite. Comprenne qui pourra. De surcroît, c’est seulement après quinze jours qu’un duplicata pourrait lui être fourni. Or, quinze jours, c’est le délai de grâce qu’a consenti le prestataire avant, menace-t-il, de présenter le chèque pour paiement. Le facteur passe son chemin en lui faisant un signe de la main dont il ne sait s’il veut dire « bonjour », « désolé » ou « à demain » Douze jours après avoir reçu le SMS de la Cnam, le pauvre affilié attend toujours l’arrivée du courrier. Chaque jour, il guette le facteur en tournée. Mais celui-ci passe son chemin en lui faisant un signe de la main dont il ne sait toujours pas s’il veut dire « bonjour », « désolé » ou « à demain ».

Pour ce fait, authentique et vérifiable, je me suis amusé à me livrer au même exercice que la semaine dernière, c’est-à-dire à calculer la vitesse à laquelle ce courrier devait voyager pour arriver à destination dans des délais raisonnables. Pour ce faire, j’ai encore une fois recouru au service de mon petit-fils (toujours le même depuis la semaine dernière, un as en mathématiques et expert en maniement de Google earth malgré son très jeune âge).

Youssef (un prénom très à la mode chez nous depuis plus d’une décennie et qui n’a rien à voir avec un feuilleton très populaire à l’époque et qui met en scène une figure prophétique homonyme) Youssef, donc, calcula scientifiquement la distance qui sépare l’agence de la Cnam du domicile de l’affilié. Elle s’est avérée de 2,8 kilomètres. Il a même réussi à calculer qu’à pied, cette distance peut être couverte en 38 minutes ; à vélo, cela prendrait 9 minutes et en voiture 10 minutes. Le tout, sans excès de vitesse. Tout juste comme la Poste (pour l’excès de vitesse).

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