Culture

Chroniques de la Byrsa: Histoires de sables

La semaine qui s’achève ce dimanche aura été marquée, dans mon esprit, par la tempête de sable qui a balayé le pays jusque dans la capitale. Certains penseront que le phénomène n’est pas nouveau et que, parfois, ce visiteur du désert peut pousser une pointe jusqu’en Europe, revêtant même une ville comme Paris d’un fin manteau de poussière ocre. C’est vrai, mais le contexte climatique est fondamentalement différent cette fois-ci et la manifestation naturelle cache derrière elle une très mauvaise annonce : cet été n’est pas seulement plus chaud que celui de l’an dernier ; la température s’y est élevée à un niveau jamais atteint dans l’histoire de la planète Terre telle que la science permet de l’établir de nos jours !

Nous y voici donc à ce scénario de cauchemar que prédisaient les projections des climatologues pour une échéance qui nous paraissait, au moment de leur révélation, au milieu du siècle dernier,  presque inatteignable, tellement elle semblait lointaine. Et cela suscite en moi — mais sûrement aussi chez bon nombre de ceux de ma génération — une angoisse insondable. Nous l’avons donc fait : nous sommes en train de transmettre à nos cadets un monde à la limite de la viabilité.

On opposait aux pessimistes l’ambition de faire reverdir le désert, citant comme exemple le miracle «Rjim Maâtoug»

Cette évolution était-elle inexorable ? Non. A l’époque, au «pessimisme» des prévisionnistes qui promettaient l’arrivée des dunes de sable saharien aux abords de notre capitale avant de faire un bond du côté de Marseille, on opposait l’ambition de faire reverdir le désert, citant comme exemple le miracle «Rjim Maâtoug», jurant de reproduire l’exploit en d’autres endroits du sud du pays de sorte à repousser ce désert d’où il était venu. En attendant, l’Armée nationale, artisane du miracle Rjim Maâtoug, s’employait sans relâche à multiplier les «barrages» pour stopper l’avancée des sables sous forme de haies de nervures de palmes sèches qui «fixaient» les dunes. Et nous avons tous partagé cette espérance avec d’autant plus de ferveur que, jusque dans les années 80 du siècle dernier, la fête de l’arbre avait encore de la consistance. C’était encore un événement significatif toujours pris en charge par une partie de la population. Les statistiques faisaient état de l’extension constante des périmètres boisés.

Que s’est-il donc passé depuis pour qu’on aboutisse à la situation présente qui se caractérise par un sévère rétrécissement des espaces verts et leurs corollaires en termes climatiques et de qualité de vie ? Certains facteurs de dégradation sont d’origine exogène ; d’autres sont bel et bien de notre fait. De nos méfaits.

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