Christian Levesque, Président de Global Ethix, à La Presse : «La banque tunisienne de demain devrait se réinventer pour répondre aux besoins changeants de l’ère du XXIe siècle»…
Intégrer la transformation numérique dans le secteur bancaire tunisien est essentiel pour améliorer l’efficacité des services financiers, accroître l’accessibilité et rester compétitif. Plus d’amples informations dans cet entretien avec Christian Levesque, président de Global Ethix et président au nom du gouvernement canadien pour la création des normes ISO 37001 anti-corruption ISO 37000 Gouvernance et pour plusieurs partenaires européens de la norme certifiante ESG-1000.
Les nouvelles technologies ouvrent-elles des optiques aux banques ?
Absolument, les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle (IA) et l’analyse de données volumineuses (Big Data) ouvrent des perspectives considérables aux banques avec l’amélioration de la prise de décision qui permet aux banques d’analyser rapidement d’énormes volumes de données pour prendre des décisions plus éclairées. Il y a aussi la personnalisation des services afin de mieux comprendre les besoins de leurs clients et leur offrir des produits et services financiers plus personnalisés et ainsi renforcer la fidélité à la banque. D’un autre côté, l’automatisation des tâches répétitives grâce à l’IA permettra aux banques de réduire les coûts opérationnels et d’améliorer l’efficacité. Par exemple, les chatbots basés sur l’IA peuvent répondre aux questions des clients 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Les algorithmes d’IA peuvent aussi analyser en temps réel les transactions financières pour détecter les activités frauduleuses et aider les banques à évaluer les risques de manière plus précise en analysant des données complexes. De plus, en utilisant l’analyse de Big Data et l’IA, les banques peuvent anticiper les tendances du marché financier, ce qui peut les aider à prendre des décisions d’investissement plus éclairées.
Les nouvelles technologies offrent aux banques des opportunités importantes pour améliorer leurs services, réduire les coûts et mieux servir leurs clients. Cependant, elles doivent également relever des défis tels que la protection de la vie privée des données et la gestion des risques liés à l’IA.
Comment faire pour diluer le changement numérique dans le secteur bancaire tunisien ?
Je conseille aux banques tunisiennes d’élaborer, si ce n’est déjà fait, une stratégie numérique claire qui définit leurs objectifs, leurs priorités et leurs investissements en technologie alignée sur les besoins des clients et les tendances du marché. Il faut investir dans les technologies de base comme les systèmes de gestion des données, la cybersécurité, les infrastructures cloud et les systèmes de paiement en ligne pour soutenir la transformation numérique et surtout développer des applications mobiles conviviales, pratiques et accessibles. Ils doivent aussi investir dans la formation de leur personnel pour qu’il puisse comprendre et utiliser efficacement les nouvelles technologies. Il sera aussi important de suivre les tendances internationales et collaborer avec des startup fintech pour développer de nouvelles solutions technologiques et explorer des partenariats locaux et internationaux qui favorisent l’innovation. Cette innovation devra se faire tout en continuant de se conformer aux réglementations locales et internationales.
Je prône toujours, comme dans le monde de la normalisation, l’amélioration continue. Les banques devront mesurer les résultats, recueillir les commentaires des clients et ajuster leur stratégie en conséquence pour rester compétitives sur le marché. La transformation numérique du secteur bancaire tunisien peut apporter de nombreux avantages, mais elle nécessite un engagement continu et des investissements appropriés pour réussir.
La relation client est-elle une primauté de la politique de transformation numérique ?
La relation client est au cœur de la stratégie de transformation numérique, car elle vise à améliorer l’interaction, la personnalisation, l’accessibilité et la satisfaction client. Cela renforce la compétitivité des banques et permet d’interagir avec leurs clients en temps réel. Que ce soit par le biais de chat en ligne, de messagerie instantanée ou de réseaux sociaux. Mieux comprendre les besoins individuels de leurs clients et personnaliser les offres et proposer des produits et services adaptés à chaque client. Les tâches routinières et administratives peuvent être automatisées grâce à la technologie. Cela libère du temps pour les employés de la banque, qui peuvent se consacrer davantage aux interactions avec les clients et à la résolution de problèmes complexes. Cela permet aussi de rendre les services bancaires accessibles à un public plus large, y compris ceux qui vivent dans des régions éloignées ou qui ont des besoins spécifiques.
La transformation numérique permet aux banques d’acquérir de nouveaux clients et de fidéliser les clients existants grâce à une meilleure expérience client et à des offres innovantes. Les tendances et les besoins des clients évoluent rapidement. Les banques qui mettent en œuvre une stratégie de transformation numérique sont mieux équipées pour suivre ces évolutions et s’adapter en conséquence.
Avec cette nouvelle technologie, la gestion des risques progresse-t-elle avec la digitalisation. Le numérique raccourcit-il la lutte contre le blanchiment de l’argent ?
La numérisation et la digitalisation ont un impact significatif sur la gestion des risques dans le secteur bancaire, mais ils n’éliminent pas complètement la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cependant, cela permet de diminuer beaucoup les risques et de faciliter l’identification de schémas suspects et la détection des transactions potentiellement liées au blanchiment d’argent ou au financement du terrorisme. Les technologies numériques telles que l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique et l’analyse des données volumineuses permettent aux banques de traiter de grandes quantités de données rapidement et avec précision. Les réglementations visant à prévenir le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme sont de plus en plus strictes. Les banques doivent mettre en place des systèmes numériques robustes pour se conformer à ces réglementations, ce qui renforce la gestion des risques. Les solutions numériques permettent aussi de suivre en temps réel des transactions, ce qui permet une réaction rapide en cas d’activité suspecte et améliore la capacité à détecter et à empêcher les activités illicites. Les criminels s’adaptent également aux nouvelles technologies et développent des techniques pour contourner les systèmes de détection.
Par conséquent, les banques doivent continuer à investir dans la formation de leur personnel, à améliorer leurs processus de conformité et à rester vigilantes dans la lutte contre ces activités illicites. La numérisation offre des outils puissants, mais la gestion des risques reste un défi constant dans un environnement en évolution rapide.
Quel avenir pour nos agences bancaires suite à l’apparition du numérique ?
L’avenir des agences bancaires dépendra de leur capacité à s’adapter à l’ère numérique en proposant des services différenciés, axés sur la relation client et en utilisant les technologies numériques pour améliorer l’expérience globale des clients. Bien que le paysage bancaire évolue, les agences continueront probablement d’exister, mais leur rôle évoluera pour répondre aux besoins changeants des clients. Avec l’essor des services bancaires en ligne et des applications mobiles, de nombreuses banques dans le monde réduisent actuellement leur réseau d’agences physiques. Les clients préfèrent de plus en plus effectuer leurs opérations bancaires en ligne, ce qui peut entraîner la fermeture ou la consolidation d’agences. Les agences bancaires restantes se concentrent souvent sur la fourniture de services haut de gamme et de conseils financiers personnalisés. Les transactions courantes, telles que les retraits d’espèces ou les dépôts, sont de plus en plus automatisées à l’aide de guichets automatiques intelligents ou de bornes libre-service. Les agences bancaires pourront se positionner en tant que lieux de conseil financier et de renforcement de la relation client. Les conseillers financiers jouent un rôle clé dans l’aide aux clients pour la planification financière, les investissements et d’autres besoins financiers complexes.
L’innovation technologique contribue-t-elle à l’intégration des startup Fintechs sur le secteur bancaire et financier ?
Oui, l’accélération de l’innovation technologique est disruptive et favorise la pénétration des startup Fintechs dans le secteur bancaire et financier. Dernièrement, j’ai eu le privilège d’accompagner une start-up fintech canadienne appelée EZO, abréviation d’Easy Operations, lors de sa tournée en Tunisie et sa présentation devant le Conseil bancaire et financier. Lors de cette présentation, EZO a illustré de manière convaincante la manière dont le monde bancaire est en train d’évoluer et a souligné l’importance de collaborer avec les institutions bancaires traditionnelles pour guider cette transformation.
Le président de EZO a mis en lumière le fait que, malgré les réglementations en place dans chaque pays, il existe une possibilité que des solutions financières émergent en parallèle, menaçant ainsi les modèles bancaires traditionnels. Cette évolution rapide est motivée par l’émergence de technologies innovantes, telles que la blockchain, l’intelligence artificielle et l’analyse de données, qui permettent de repenser la manière dont les services financiers sont fournis.
La start-up a souligné que la collaboration entre les fintechs et les institutions bancaires existantes est essentielle pour garantir une transition en douceur vers cette nouvelle ère bancaire. Cela permettra d’intégrer efficacement les avancées technologiques tout en maintenant la stabilité du système financier. En travaillant ensemble, les institutions financières traditionnelles et les entreprises fintech peuvent créer des solutions innovantes qui profitent aux clients, tout en garantissant la conformité réglementaire.
Il est clair que le paysage bancaire est en pleine mutation, et la collaboration entre les acteurs traditionnels et les fintechs est la clé pour façonner l’avenir des services financiers de manière efficace et éthique. Les entreprises fintech comme EZO ouvrent la voie à une transformation positive du secteur financier et offrent des opportunités passionnantes pour l’avenir.
Les startup Fintech introduisent de nouveaux modèles commerciaux axés sur la technologie. Elles offrent des solutions innovantes pour les services financiers, tels que les paiements, les prêts, la gestion de patrimoine, les transferts d’argent, etc. Ces modèles perturbent les modèles traditionnels des banques en offrant souvent plus d’efficacité et de commodité. Les Fintechs peuvent souvent offrir des services financiers à moindre coût que les banques traditionnelles en éliminant les infrastructures coûteuses et en automatisant les processus. Cela attire les clients qui cherchent des solutions financières plus abordables.
Les startup Fintech mettent un fort accent sur l’expérience client. Leurs applications conviviales et leurs services en ligne facilitent les transactions financières, ce qui attire une clientèle plus jeune et technophile.
Les Fintechs sont agiles et rapides en matière d’innovation. Elles sont souvent à la pointe de la technologie, intégrant des avancées telles que l’intelligence artificielle, la blockchain et les mégadonnées pour améliorer leurs services.
La présence de Fintechs stimule la concurrence dans le secteur financier, ce qui pousse les banques traditionnelles à innover à leur tour. Cela profite finalement aux consommateurs, car ils ont accès à une gamme plus large d’options financières.
Certaines banques traditionnelles choisissent de collaborer avec des startup Fintech plutôt que de les concurrencer. Ces partenariats permettent aux banques de moderniser leurs services tout en tirant parti de l’expertise technologique des Fintechs.
Les Fintechs ont contribué à la révision des réglementations financières, incitant les organismes de réglementation à créer un cadre propice à l’innovation. Cependant, ils doivent également respecter les normes de sécurité et de conformité, ce qui est crucial pour gagner la confiance des clients. Dans l’ensemble, l’innovation technologique est en train de transformer le secteur bancaire et financier, créant un environnement plus compétitif et offrant de nouvelles possibilités pour les startup Fintech. Ce changement est généralement perçu comme positif, car il apporte des avantages aux consommateurs et aux entreprises, tout en encourageant l’innovation continue.
Le marché bancaire est-il très avantageux en Tunisie ?
Le marché bancaire en Tunisie continuera très probablement d’être hautement compétitif face aux défis actuels et futurs. Plusieurs facteurs pourraient contribuer à cette compétitivité dont l’émergence des startup fintech en Tunisie et dans le monde qui crée de nouvelles opportunités et des alternatives aux services bancaires traditionnels. Ces start-up apportent des innovations technologiques et des solutions plus efficaces, incitant les banques à rester compétitives en adaptant leurs offres.
La Tunisie compte plusieurs banques, locales et internationales, qui rivalisent pour attirer des clients. Cette concurrence stimule l’innovation et pousse les banques à améliorer leurs services et à proposer des offres plus attractives.
Les réglementations bancaires évoluent pour encourager la concurrence et la transparence. Cela favorise l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché tout en garantissant la stabilité financière. De plus, avec le Startup Act, voté par le gouvernement, il y a une forme d’arrangement avec la création d’un sandbox qui pourrait permettre un arrimage entre les nouvelles technologies et l’évolution de la réglementation du pays. Les clients sont de plus en plus exigeants. Ils recherchent des services financiers pratiques, accessibles et transparents.
La transformation numérique est inévitable, et les banques tunisiennes doivent s’adapter en offrant des services en ligne, des applications mobiles conviviales et des solutions de paiement électronique pour rester pertinentes. Bien que les défis soient nombreux, le marché bancaire tunisien a le potentiel de rester compétitif en s’adaptant aux nouvelles tendances et en répondant aux besoins changeants des consommateurs. La concurrence stimulera probablement l’innovation, ce qui bénéficiera finalement aux clients en leur offrant un plus large éventail d’options et de services financiers.
Quel aspect aura la banque tunisienne demain ?
Le système bancaire actuel, conçu au XIXe siècle, et basé sur les technologies du XXe siècle, devra répondre avec de nouvelles technologies aux besoins des entreprises et des citoyens du XXIe siècle. La technologie et les réglementations évoluent, et, aujourd’hui plus que jamais, des valeurs telles que la transparence, l’efficacité, l’accessibilité, la confiance, la normalisation et des processus favorisant un accès élargi au monde bancaire sont essentielles pour démonétiser nos économies et rendre nos systèmes plus équitables. De nombreux citoyens du monde entier n’ont toujours pas accès à un compte bancaire, et de nombreux facteurs contribuent à cette réalité. Il est temps de repenser notre système financier pour qu’il réponde aux défis et aux besoins du XXIe siècle. La banque tunisienne de demain devrait se réinventer pour répondre aux besoins changeants de l’ère du XXIe siècle. Voici quelques éléments clés qui pourraient caractériser ce visage bancaire futur : les banques auront adopté et intégré les dernières technologies, telles que la blockchain, l’intelligence artificielle, l’analyse de données, et la cybersécurité avancée. Ces avancées technologiques contribueront à améliorer l’efficacité opérationnelle, la sécurité et la rapidité des transactions.
La transparence deviendra un impératif. Les clients souhaitent savoir comment leurs données sont utilisées en temps réel et s’attendent à ce que leurs transactions financières soient sécurisées. Les réglementations renforcent également la confiance des consommateurs dans le secteur. La digitalisation des services bancaires permettra d’atteindre un plus large éventail de clients, y compris ceux qui n’ont pas encore accès à un compte bancaire. Des solutions plus accessibles et abordables contribueront à l’inclusion financière. Les banques favorisent l’interopérabilité, permettant aux clients d’effectuer des transactions entre différentes banques et plateformes de manière transparente. Les banques pourront offrir des services financiers personnalisés en utilisant l’analyse de données avancée pour comprendre les besoins individuels de chaque client. Les avancées technologiques permettent aux banques de réduire les coûts opérationnels et d’offrir des services financiers plus économiques. Les modèles économiques bancaires traditionnels seront revisités. Les banques devront trouver de nouvelles sources de revenus, par exemple grâce à des services de conseil, de gestion de patrimoine, ou en proposant des produits financiers plus spécialisés. Les partenariats entre les banques et les fintechs deviendront plus courants pour combiner l’expertise technologique des startup avec l’infrastructure et l’expérience bancaire établies. Les banques jouent un rôle clé dans l’éducation financière des clients, en les aidant à mieux comprendre comment gérer et investir leur argent. Les banques vont être encore plus attentives à leurs responsabilités sociales, en s’engageant dans des initiatives de responsabilité sociétale et de développement durable. La banque tunisienne de demain sera sûrement plus efficace, transparente, inclusive, accessible et flexible. La collaboration entre les acteurs du secteur bancaire, les régulateurs et les entreprises technologiques sera essentielle pour façonner ce futur financier, répondant ainsi aux besoins changeants de la société.
Quel est l’avenir du contact humain dans le secteur bancaire ?
Le contact humain dans le secteur bancaire continuera à jouer un rôle vital, mais son caractère évoluera pour s’adapter aux avancées technologiques et aux besoins changeants des clients. Les interactions humaines resteront essentielles pour établir des relations de confiance et pour traiter des questions financières complexes.
Les interactions humaines deviendront plus axées sur la personnalisation. Les conseillers auront accès à des données clients plus détaillées et utiliseront cette information pour offrir des conseils et des services spécifiquement adaptés aux besoins de chaque client. Les services de conseil financier et de gestion de patrimoine resteront largement humains, car ces domaines impliquent une compréhension approfondie des besoins individuels des clients et une prise de décision informée. Les conseillers jouent un rôle clé dans l’éducation financière des clients, les aidant à comprendre les produits et services financiers, à prendre des décisions éclairées et à planifier leurs finances.
Les événements importants de la vie, tels que l’achat d’une maison, la planification de la retraite et l’investissement nécessitent des consultations humaines pour offrir une expérience rassurante et de qualité. Les interactions humaines contribueront à créer et à renforcer la confiance. Les clients auront toujours besoin de parler à des conseillers en chair et en os pour résoudre des problèmes complexes, prendre des décisions importantes et surmonter leurs inquiétudes.
L’article Christian Levesque, Président de Global Ethix, à La Presse : «La banque tunisienne de demain devrait se réinventer pour répondre aux besoins changeants de l’ère du XXIe siècle»… est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.
lien sur site officiel