Economie tunisie

Ccitf – Loi de finances 2025 : Des mesures contestées, mais nécessaires

Entre ralentissement de la croissance, pression fiscale accrue et besoins urgents d’investissements, la Tunisie cherche à concilier équité sociale et développement économique. Mohamed Louzir, secrétaire général de la Ccitf, a abordé ces enjeux avec précision, en soulignant que, bien que des efforts aient été consentis, des réformes profondes restent indispensables pour assurer un avenir prospère au pays.

La Presse — Lors de la journée d’information relative aux « Nouvelles dispositions de la loi de finances 2025 », organisée par la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-française, Mohamed Louzir, secrétaire général de la Ccitf, a partagé une analyse détaillée sur la situation économique actuelle de la Tunisie et les perspectives offertes par la nouvelle législation fiscale. Dans une déclaration accordée aux médias, Louzir n’a pas manqué de souligner les défis persistants liés à la croissance économique, à la pression fiscale et à l’investissement étranger dans un contexte de budget contraint.

Une loi de finances 2024 décevante…

Mohamed Louzir a d’abord évoqué les difficultés rencontrées par la Tunisie dans l’application de la loi de finances 2024. « En 2024, la croissance économique a ralenti, avec une prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) qui est passée de 2,1 % à seulement 1,2 %. Ce n’est pas par manque de création de richesse, mais plutôt par un manque d’investissement et une gestion des finances publiques qui n’a pas permis de soutenir cette croissance », a-t-il déclaré. Selon lui, cette situation a entraîné un déficit budgétaire préoccupant, accentué par des subventions croissantes destinées à soutenir les familles les plus vulnérables. Louzir a aussi précisé que le gouvernement tunisien avait alloué une aide significative de 15 milliards de dinars sur un budget global de 70 milliards. « Cela représente une aide de 6.800 dinars par an par famille, en tenant compte du modèle démographique de la Tunisie, soit 5 personnes par foyer. Cependant, ces aides ont pu se montrer insuffisantes face à la situation économique difficile, notamment en raison de la faible capacité d’investissement dans des secteurs clés», a-t-il souligné. Louzir a ensuite pointé du doigt l’insuffisance des investissements dans l’économie tunisienne, en particulier ceux qui pourraient soutenir un développement durable. « En 2010, les investissements étaient de l’ordre de 4,5 milliards de dinars. Aujourd’hui, ils ne dépassent pas les 5 milliards de dinars, une somme qui reste largement insuffisante pour assurer la rénovation des infrastructures, l’entretien des équipements existant ou encore pour développer de nouveaux secteurs comme l’énergie ou les technologies de l’information», a-t-il affirmé. Dans le même sillage, il a ajouté que les investissements dans le secteur du pétrole, bien que toujours nécessaires, n’ont pas été à la hauteur des enjeux. « Le secteur énergétique est essentiel pour l’avenir de la Tunisie, mais il est aujourd’hui en sous-investissement. Il est crucial de réallouer les fonds nécessaires pour permettre à la Tunisie de poursuivre sa transition énergétique tout en préservant la compétitivité de ses industries », a précisé Mohamed Louzir.

Certaines mesures demeurent discutables

Mohamed Louzir a abordé les contours de la loi de finances 2025 en soulignant que, bien que des améliorations soient attendues, certaines mesures demeurent discutables. « La loi de finances 2025 n’a pas apporté de réelles améliorations par rapport à la loi précédente. Les impôts devraient augmenter, et c’est un risque pour les entreprises, notamment pour celles qui sont déjà soumises à une pression fiscale élevée », a-t-il déclaré.

En effet, la pression fiscale en Tunisie est l’une des plus importantes d’Afrique, dépassant les 35 % du PIB. « Cette pression est comparable à celle observée dans les pays membres de l’Ocde, ce qui place la Tunisie dans une position délicate, particulièrement face aux entreprises internationales», a-t-il ajouté.  Louzir a, par ailleurs, mis en évidence le fait que, bien que des efforts aient été faits pour alléger les charges fiscales pour les petites et moyennes entreprises (PME), la majorité des entreprises, qui dégagent un revenu de 3.000 à 4.000 dinars par mois, risquent d’être touchées par l’augmentation des impôts sur les sociétés et les taxes professionnelles. Malgré ces difficultés, Mohamed Louzir a rappelé que la Tunisie bénéficie d’un atout majeur : la qualité de ses ressources humaines. « Les entreprises étrangères, notamment françaises, investissent en Tunisie en raison de la compétence de la main-d’œuvre locale. Nous avons des ingénieurs, des techniciens et des ressources humaines de haute qualité, ce qui constitue un facteur déterminant dans l’attractivité du pays », a-t-il précisé.

Louzir a, par ailleurs, mentionné que de nombreuses entreprises multinationales, telles que Safran, Sagem, ou Total, continuent de renforcer leurs investissements en Tunisie. «Ces entreprises ont vu le potentiel de la Tunisie et ont décidé de pérenniser leurs activités dans le pays. C’est un signe positif, même si nous devons rester vigilants face à la concurrence croissante, notamment avec des pays voisins comme le Maroc », a-t-il déclaré.

Déficit budgétaire : le besoin d’une réforme structurelle

L’un des enjeux majeurs soulignés par Louzir concerne la gestion du déficit budgétaire. « La Tunisie a une dette qui représente environ 15 % de son PIB, ce qui est significatif et nécessite des ajustements urgents. Cependant, ces ajustements ne doivent pas être uniquement fiscaux. Nous avons besoin d’une stratégie de croissance économique basée sur l’investissement et l’innovation », a-t-il insisté. Louzir a proposé que l’on cherche à encourager l’investissement dans des secteurs à fort potentiel comme les nouvelles technologies, l’agriculture et la santé. « Ces secteurs offrent des opportunités réelles, non seulement pour le développement de l’économie tunisienne, mais aussi pour son intégration dans les chaînes de valeur internationales», a-t-il ajouté. Finalement et non moins important, Mohamed Louzir a évoqué les réformes nécessaires pour améliorer le climat des affaires en Tunisie. « Nous devons réformer notre système fiscal de manière à encourager les investissements tout en veillant à ce que les entreprises respectent leurs obligations fiscales. Il est impératif de soutenir l’entrepreneuriat local et d’aider les petites entreprises à se développer », a-t-il encore précisé.

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